Livre du mois

Le livre du mois: La nuit de feu, d’Éric-Emmanuel Schmitt

L’écrivain Éric-Emmanuel Schmitt signe La nuit de feu, un récit autobiographique qui raconte une vraie épiphanie spirituelle. Qu’en ont pensé les membres du club de lecture Châtelaine? Leurs critiques ici.

Couv-Schmitt-Web2L’histoire

Engagé comme scénariste, Éric-Emmanuel Schmitt accompagne un cinéaste à Tamanrasset au cours de repérages dans le désert algérien. L’expédition est exigeante et le jeune homme, désorienté. Lors de l’escalade du mont Tahat, sommet le plus haut du massif rocheux Hoggar, il s’éloigne et s’égare. Perdu, il doit se résigner à affronter, seul, la nuit glaciale. Au lieu de la peur, il découvre l’éternité…

Les personnages

L’auteur, 28 ans, qui enseigne la philosophie tout en se demandant si tel est bien son destin. Gérard V., réalisateur, qui lui offre l’occasion de se confronter à lui-même. Ségolène, médecin française, la tête forte du groupe. Abayghur, guide touareg, l’âme de la randonnée.

À lire : le premier chapitre de La nuit de feu, d’Éric-Emmanuel Schmitt

Pourquoi on a aimé

C’est le voyage intérieur d’un homme en quête d’absolu, rythmé par ses pas dans l’immensité du désert, une réflexion sur le sens de « cette vie limitée ». Ni sermon ni certitude, c’est un simple aveu : « J’avais connu Dieu au pied du mont Taha. »

L’auteur EM-Schmitt-Web

Naissance en 1960, à Lyon. Naturalisé belge en 2008, Eric-Emmanuel Schmitt vit désormais à Bruxelles. Agrégé de philo, professeur jusqu’à sa « nuit de feu », expérience mystique qu’il relate fiévreusement dans ce livre et qui lui a permis de devenir « un scribe des histoires qui le traversent ». Les œuvres du dramaturge, nouvelliste, romancier et réalisateur ont été traduites en 40 langues et jouées dans plus de 50 pays. Elles lui ont valu d’innombrables récompenses. Dès ses premières pièces, le succès a été au rendez-vous. Même enthousiasme du public pour ses romans (L’Évangile selon Pilate, Les perroquets de la place d’Arezzo), autofictions (Ma vie avec Mozart) et nouvelles (Odette Toulemonde et
autres histoires, Les deux messieurs de Bruxelles
).

La nuit de feu, Albin Michel, 192 pages

Éric-Emmanuel Schmitt sera présent au Salon du livre de Montréal, du 18 au 23 novembre.

 

 

Les critiques

1. Yannick Ollassa

yannickollassaJ’ai aimé : L’écriture poétique d’Éric-Emmanuel Schmitt, sa capacité à nous faire voir les paysages, ressentir l’ambiance. L’aspect philosophique de la première moitié, les questionnements qu’il soulève.

J’ai moins aimé : Je n’ai pas compris pourquoi il nous racontait cette histoire gardée si longtemps secrète. Bien qu’il ébauche une réponse dans son épilogue, je ne suis pas convaincue. Le passage de la fameuse nuit de feu m’a ennuyée. J’ai trouvé ça trop long. Il faut dire que je ne suis pas friande des histoires de rencontres mystiques.

Commentaires : Un récit qui m’a énervée autant que charmée. J’ai trouvé la deuxième moitié plutôt convenue. De plus, il nous fait part de son expérience sans nous démontrer réellement en quoi cela a modifié sa vie. En ce sens, l’exercice semble futile.

Ma note sur 10 : 6,5

 

2. Gabrielle Paquette

gabriellepaquetteJ’ai aimé : Éric-Emmanuel Schmitt a une habileté certaine avec les mots, et le récit de ce voyage dans le Sahara est écrit avec justesse, sensibilité et humour. J’ai particulièrement aimé le compagnon de voyage, Gérard, malheureusement pas au centre de l’histoire, ainsi que le guide touareg, un personnage fascinant tout comme le désert qu’on découvre à travers lui.

J’ai moins aimé : Je ne suis pas une inconditionnelle du travail d’Éric-Emmanuel Schmitt, mais au-delà de mon ambivalence devant ses ouvrages, c’est le contenu de La nuit de feu qui m’a irritée. Je ne juge pas l’expérience de l’auteur ni son besoin de raconter cet épisode fondateur dans sa vie, mais immanquablement, ce genre de récit m’indispose. Est-ce le ton de celui qui « a vu » ou « a compris » qui m’agace ? Chose certaine, j’ai préféré la première partie du récit alors que la révélation n’est pas encore arrivée, tout comme je préfère le Schmitt de La part de l’autre ou de Lorsque j’étais une œuvre d’art.

Ma note sur 10 : 7

 

3. Nathalie Thibault

Nathalie-ThibaultJ’ai aimé : Les images qu’on retient de ce récit, qui n’aurait pu se dérouler ailleurs que dans le désert sous un « soleil dur comme du silex », sont magiques. Éric-Emmanuel Schmitt nous convie à la rencontre de l’infini, que d’aucuns ont besoin d’inventorier, de dénombrer et de nommer. Seul le Touareg y est en paix. Toujours en finesse et en humour, avec passion et intelligence, l’auteur nous emmène dans quelques débats philosophiques et nous mène vers un questionnement existentiel nécessaire.

J’ai moins aimé : Trop court ! Si le récit de sa nuit de feu nous a fait sourciller, l’épilogue nous réconcilie et nous convainc de l’authenticité du témoignage livré avec humilité, simplicité et humanité. À savourer avec du thé et des loukoums !

Ma note sur 10 : 9,5

 

4. France Giguère

francegiguereJ’ai aimé : L’écriture. C’est magnifiquement écrit ! Il sait décrire aussi bien son réveil matinal, « j’émerge de chaque nuit comme un cadavre échoué au bord d’une plage à marée basse », que le ciel étoilé du désert, « la nuit, le Sahara (…) offrant une débauche de bijoux fournis par le plus fou des joailliers (…) ». Le sujet, la quête de sens, est abordé avec finesse et argumenté de façon intelligente. L’atmosphère de la randonnée dans le désert, tellement bien exprimée qu’on a l’impression d’y être, en compagnie d’un groupe de Français et d’un Touareg, rend la quête juste assez mystique et envoûtante. La relation de l’auteur avec le personnage du Touareg bouscule sa vision du monde et la nôtre en même temps, ce qui ajoute une autre dimension aux questionnements abordés. Bref, c’est un livre qui aborde les grands thèmes universels de façon simple, intelligente et magique.

J’ai moins aimé : La fin, sa révélation mystique. J’ai senti tout au long du livre qu’il voulait nous amener là, mais il ne s’en cache pas, c’est écrit sur la quatrième de couverture.

Commentaire : J’ai écorné de nombreuses pages, c’est signe que je vais relire des passages !

Ma note sur 10 : 8

 

5. Marielle Gamache

mariellegamacheJ’ai aimé : L’histoire d’aventure hors du commun basée sur un fait vécu par Éric-Emmanuel Schmitt même, cet auteur prolifique à la plume poétique dont l’écriture magnifique séduit à tout coup. Ses réflexions philosophiques profondes et la crédibilité qu’il confère à son œuvre de par son propre questionnement sont venues me chercher.

J’ai moins aimé : Difficile pour moi d’émettre un commentaire négatif, sinon une certaine réticence à accorder une croyance absolue à cette expérience mystique qu’a vécue l’auteur. Tout est dans la perception de chacun.

Commentaires : Éric-Emmanuel Schmitt n’impose pas ici sa foi, il nous convie à une épreuve personnelle qui lui a procuré une grande paix intérieure, une béatitude qui l’a fait renaître. C’est une œuvre lumineuse qui saura rejoindre tous les êtres humains, croyants ou non.

Ma note sur 10 : 9,5

 

6. Isabelle Goupil-Sormany

isabellegoupilsormanyJ’ai aimé : La description du désert, l’amour des gens rencontrés, en particulier son amitié pour le guide touareg, l’honnêteté réflexive du roman. J’ai aussi particulièrement apprécié l’immensité du récit dans si peu de pages. Le goût de l’ailleurs se partage aisément. Certaines pensées à l’égard de ses compagnons sont aussi d’une lucidité pénétrante.

J’ai moins aimé : Nous assistons à un voyage astral dans sa forme et sa grandeur. Les mots lui manquent pour décrire l’expérience. Personnellement, je n’ai pas réussi à en saisir toute la mesure malgré l’intention de l’auteur. Alors que tout ce qui précède est amour du désert du Hoggar, après cette nuit folle tout va trop vite ; le roman ne fait qu’effleurer le dilemme qui se présente désormais à lui quant à sa foi. L’épilogue est assurément trop court face à une telle intensité émotive.

Commentaires : Je ressens un plaisir coupable à l’égard d’Éric-Emmanuel Schmitt : souvent ses livres ne font qu’effleurer le propos qu’il cherche à partager avec nous. Ce n’est jamais assez pour moi. J’ai toujours une impression de superficialité frustrante. Pourtant, j’y retourne toujours et je suis obligée de dire que ses romans me touchent et me plaisent plus que mon intellect ne le voudrait.

Ma note sur 10 : 9

 

7. Marie-Claude Rioux

marie-claude_n_bJ’ai aimé: L’environnement dans lequel l’histoire baigne. Ces 10 jours de marche dans le Sahara, je les ai vécus par procuration. J’ai transpiré, j’ai grelotté, j’ai eu peur des serpents et des scorpions. J’ai aimé découvrir les compagnons de voyage de l’auteur, dont il décrit bien les travers avec une bonne pincée d’humour. Son amitié avec Abayghur, le guide touareg dont il ne partage pourtant pas la langue, m’a beaucoup touchée.

J’ai moins aimé : La dimension mystique du roman et les longues discussions sur le mystère du divin qui animent certains des voyageurs. Si j’ai grandement apprécié l’aventure humaine, je suis restée de marbre devant l’expérience spirituelle, cette fameuse nuit de feu où, seul, perdu, aux frontières de la mort, l’auteur vit le plus grand des mystères : sa rencontre avec Dieu. Parti athée dans le désert, il en revient croyant au bout d’une dizaine de jours ! C’est un peu too much pour moi, pauvre athée que je suis !

Commentaire : Une lecture mi-figue, mi-raisin. À mon sens, La nuit de feu n’arrive pas à la cheville de La part de l’autre ou d’Oscar et la dame rose.

Ma note sur 10 : 6

 

8. Sonia Gratton

SoniagrattonJ’ai aimé : Être confrontée à mes propres préjugés sur la religion et la spiritualité, et avoir à y réfléchir un petit peu. Le voyage dans le désert par procuration. L’humilité dans l’épilogue.

J’ai moins aimé : Le discours fleuri et maniéré, comme si l’auteur se regardait écrire et s’admirait au lieu de nous parler. La crédulité que ça prend pour accepter les conversations profondes entre deux hommes qui n’ont aucune langue commune… un peu gros ! Le jugement simpliste qu’il porte autant sur les athées que sur les croyants : « un souffle de mort figeait leur esprit » !

Ma note sur 10 : 6

 

9. Raphaëlle Lambert

Raphaelle-LambertJ’ai aimé : Le lieu, ce voyage dans le désert, vécu dans le regard de l’Occidental qui marche, où l’on se sent si petit, si loin, où l’infini absorbe les marcheurs, s’impose. J’ai aimé la complicité que le narrateur développe avec l’homme du désert, chacun dans sa langue, communiquant avec le langage universel des gens de cœur. On nous transporte aussi, à travers ces paysages arides, dans les méandres des relations de convenance imposées par les voyages organisés, où il faut à la fois apprivoiser la nature et les humains qui nous entourent. Mais chaque pas est un dépassement et une invitation à la contemplation : intérieure, extérieure, spirituelle, géologique et même cosmologique !

J’ai moins aimé : L’écriture parfois un peu maniérée de Schmitt, mais autrement, un livre qui se lit bien.

Commentaires : Par son approche philosophique et son expérience mystique, l’auteur propose une réflexion intéressante sur la foi, sa place dans la vie des gens et dans le monde en général.

Ma note : 8,5

 

10. Sandrine Desbiens

SandrineDesbiensJ’ai aimé : Le caractère personnel et spirituel d’un voyage qui nous pousse à l’extérieur de notre zone de confort. La description des sentiments et des pensées qui assaillent l’auteur à mesure de l’avancée de la caravane. La philosophie prônée dans ce voyage au cœur d’une terre où seul le temps agit sur le regard qu’on y porte. Le décor géologique décrit avec habileté, qui témoigne d’une subjugation sans pareille lors du trajet.

J’ai moins aimé : Je comprends et j’apprécie que ce soit un livre à caractère philosophique et intime. Cependant, le but ou bien l’envie de lire ce livre me dépasse. C’est comme lire le souvenir de quelqu’un, il ne permet pas de créer sa propre histoire, seulement d’être un spectre au-dessus du personnage principal.

Commentaires : Ce n’est ni le livre que j’achèterais en premier ni celui que je lirais en dernier non plus. Plutôt un livre de détente.

Ma note sur 10 : 5

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