Culture

Des hommes sans femmes: le nouveau roman d’Haruki Murakami

L’immense auteur japonais Murakami saisit le moment où le destin d’un homme bascule quand la femme aimée le quitte dans son nouveau roman, Des hommes sans femmes. Voici aussi les critiques des membres du Club de lecture Châtelaine.

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Les histoires

Sept nouvelles ayant en commun la mélancolie d’instants à jamais enfuis. Des airs de jazz, une chanson des Beatles, un film de Woody Allen, une vieille Saab décapotable, une pluie d’été, un chat disparu – autant de rappels d’une époque où des hommes furent heureux, ou du moins croyaient l’être.

Les personnages

Pour découvrir, peut-être, ses secrets, un acteur se rapproche d’un amant de sa femme décédée. Un trio d’étudiants : un garçon farfelu, l’autre sage, une jeune fille trop belle. La vie « étonnamment artificielle » d’un chirurgien plasticien déraille lorsqu’il rencontre l’amour fou. Un homme attend avec impatience la visite d’une femme qui lui raconte une histoire sans jamais la
terminer… et si elle ne revenait pas ? Un appel dans la nuit annonçant le suicide d’une ancienne amoureuse et réveillant les souvenirs endormis.

On aime

Le climat envoûtant. L’économie de mots pour traduire des émotions intenses. La beauté poignante des histoires. Un soupçon de réalisme magique, une pointe d’ironie, la perfection de la prose.

 

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L’auteur

Haruki Murakami est né à Tokyo en 1949. Auteur prolifique de romans, de nouvelles et d’essais, il a reçu d’innombrables prix et est pressenti par plusieurs pour le Nobel de littérature… depuis 2006. Traduit en une cinquantaine de langues, il est l’écrivain japonais contemporain le plus lu du monde. Passionné de musique (il a travaillé huit ans dans un bar de jazz), il adore les chats et la course à pied, dont il est question dans Autoportrait de l’auteur en coureur de fond. En février dernier, la sortie de son roman Killing Commendatore a créé l’événement au Japon. La traduction française de cet imposant ouvrage est attendue dans deux ans. D’ici là, on ne manque pas de lire Des hommes sans femmes…

Des hommes sans femmes, Belfond, traduit du japonais par Hélène Morita, 321 pp.

POUR LIRE UN EXTRAIT DES HOMMES SANS FEMMES

Les critiques du Club de lecture Châtelaine

Anja_DjogoAnja Djogo

J’ai aimé : Voilà un parfait condensé de l’univers de Murakami. On y retrouve tous les éléments classiques de cet excellent auteur japonais : des hommes taciturnes et solitaires amoureux de femmes étranges et imprévisibles, d’innombrables non-dits et toujours cette touche de surréalisme qui lui est vraiment propre. Il faut certainement un talent particulier pour être capable de créer des histoires d’une telle richesse en une trentaine de pages. Une autre grande réussite!

J’ai moins aimé : Je suis une fan finie de Murakami, mais c’est un auteur à éviter si vous ne pouvez supporter les histoires laissées en suspens, sans dénouement clair.

Autres commentaires : Le parfait livre pour découvrir cet écrivain sans toutefois nécessiter le niveau d’engagement requis pour d’autres de ses œuvres, comme l’immense (mais excellent) 1Q84. Une mention spéciale pour la nouvelle « Le bar de Kino », qui représente selon moi ce que Murakami fait de mieux.

Ma note sur 10 : 9

 

NathalieThibaultNathalie Thibault

J’ai aimé : Des hommes sans femmes et sans amis? Nostalgie sur fond des Drive my car et Yesterday des Beatles [titres des deux premières nouvelles], où l’auteur exploite les thèmes de l’amitié. Des amitiés profondes, de celles qui donnent un sens à notre vie, un sens à nos aspirations, un sens à notre personnalité. Ces deux premières histoires font l’éloge des confidences amicales, des ruptures inévitables, des solitudes existentielles. Les lieux de partage de ces confidences sont confortables, le cuir du siège de l’auto, le bain chaud. Envoûtants, ces textes portent sur l’amitié et la résilience de la vie imprévisible, qui mène vers les ruptures inéluctables pour échapper aux pièges du banal! Je n’aime pas les nouvelles, mais j’aime l’écriture de Murakami, qui a le don de nous transporter tout entier dans un autre espace-temps, irréel mais authentique, provoquant par la bande un débat intérieur fort des évidences que l’on ne conteste pas souvent. Lecture assurément divertissante et troublante selon le niveau de lecture.

Ma note sur 10 : 9

 

isabellegoupilsormanyIsabelle Goupil-Sormany

J’ai aimé : Ce roman explore les non-dits, les questions sans réponses, du moins celles que se posent certains hommes. Les nouvelles que nous offre Murakami sont contemplatives. Ce sont des récits-virgules, une respiration, un temps d’arrêt sur la fin ou l’absence d’amour. Je me suis invitée dans une écriture descriptive simple, facile à lire, où la pudeur de la société nippone semble être la cause de tous ces deuils racontés. Ce sont des impressions qui me restent au cœur, intéressantes à découvrir.

J’ai moins aimé : J’aime les romans et les nouvelles qui ne visent pas la résolution d’un conflit ou une action finale. Mais je les aime quand je réussis à m’attacher aux personnages. Ici, aucun des personnages ne m’a réellement plu. J’appréciais leurs angoisses. J’ai aimé les questions existentielles soulevées sur l’amour, le désir (ou l’absence de désir). Mais tout est resté cérébral. Plus que je ne le souhaitais.

Ma note sur 10 : 8

 

karine martelKarine Martel

J’ai aimé : Chacune des sept nouvelles présente un homme qui aime profondément une femme alors que celle-ci disparaît de sa vie. La solitude de ces hommes sans femmes est continuellement présente et tisse une trame à travers les sept histoires. La dernière vient d’ailleurs conclure le livre en beauté avec une réflexion sur cette solitude : « Voici le seul monde qui sera le vôtre désormais. Un monde que l’on appellera celui des “hommes sans femmes”. Un pluriel froid et sans fin. » La retenue des hommes est également omniprésente. Combien de questions, d’accusations, de confidences auraient pu être formulées et auraient permis de les libérer de leurs incertitudes et de leurs souffrances, mais sont restées dans le silence?

J’ai moins aimé : Je ne suis pas une passionnée de Haruki Murakami. Encore dans ce livre, les personnages sont trop naïfs, trop légers, pour susciter un réel intérêt. Ceux-ci semblent manquer de vécu et pourraient être interchangeables d’une histoire à l’autre, les personnalités de chacun n’étant pas suffisamment définies.

 

Ma note sur 10 : 7

 

Raphaelle-LambertRaphaëlle Lambert

J’ai aimé : Il y a une grande douceur dans l’écriture d’Haruki Murakami. Ses portraits d’hommes qui se racontent sont calmes, pudiques, très japonais peut-être, tout en ne manquant pas d’aplomb. Beaucoup d’humour et de tendresse dans sa façon de dire les drames de ces hommes. J’ai trouvé la lecture apaisante, les récits variés, les personnages attachants.

J’ai moins aimé : Ce sont vraiment des tranches de vie, des extraits d’existences racontés qui se terminent souvent abruptement, nous laissant avec plein de questions sans réponses. J’aurais aimé en savoir plus sur ces êtres, ceux qui racontent et ceux qu’ils racontent… Évidemment, on n’est pas obligé de tout savoir, mais les histoires sont intrigantes!

Autres commentaires : C’est, pour moi, un auteur à découvrir. Sa plume m’a vraiment plu.

Ma note sur 10 : 8,5

 

SandrineDesbiensSandrine Desbiens

J’ai aimé : Le côté exotique, l’écriture magnifique. L’auteur laisse planer un certain mystère quant au contexte ou à ses personnages, qui demeurent nébuleux. Les histoires racontent comment la présence d’une femme (superficielle ou très importante) peut influencer la vie d’un homme (autant dans le fantastique que dans la réalité). Comment, sans le vouloir, elle peut compromettre ou changer leur existence (et leur fin). Bref, les conséquences de la place de la femme sous différents aspects et dans différents rôles.

J’ai moins aimé : Parfois, le brouillard autour des personnages et du contexte était trop dense. Il faut se creuser la tête pour les imaginer. On semble passer du réel au fantastique ou encore à la vérité à demi avouée.

Ma note sur 10 : 8,5

 

Pour découvrir le dernier livre du mois. 

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