Culture

10 livres pour voyager autour du monde

Ces dix livres d’ici et d’ailleurs nous transportent dans les rues et les paysages du Portugal, de l’Italie, du Japon et de la Thaïlande. Évadons-nous à peu de frais.

Partir au loin ou pas ? Qu’importe ses projets de vacances, on a toujours des œuvres littéraires à portée pour se dépayser. De l’Afrique aux Caraïbes, en passant par l’Asie, l’Europe et le Grand Nord, ces dix bouquins permettent de voyager sans quitter son canapé ou son hamac.

Livre Robert Lalonde

Pas un jour sans train

Existe-t-il manière de voyager plus romantique qu’un voyage en train ? Accompagné par d’autres voyageurs dont il ne peut que fantasmer l’existence, bercé par la lenteur de paysages qui se métamorphosent sous ses yeux, le passager échappe, l’espace de quelques heures ou de quelques jours, aux plans, aux distractions, aux courses, laissant toute la place à la pensée vagabonde. Robert Lalonde propose un hymne à la lenteur dans ce carnet entremêlant ses propres voyages à ceux de ses héros littéraires. À ses côtés, on monte à bord de l’Al Andalus, qui va de Saint-Jacques-de-Compostelle à Séville, et on traverse les douces collines et les teintes ocre reliant Salerne et Bologne, en Italie. On y accompagne aussi Virginia Woolf dans la banlieue grise de Londres, Gabrielle Roy dans l’express Paris-Nice et Nabokov, cueillant sur le quai d’une gare les premiers vers d’un poème. Un livre poétique qui capture, de texte en texte, la promesse fébrile d’un départ.

Pas un jour sans train, par Robert Lalonde, Boréal, 2021, 208 pages.

Livre La plage

La plage

Avec ses contrastes vertigineux, ses trottoirs bondés, ses marchés aux odeurs enivrantes et ses tuk-tuk bruyants, Bangkok déstabilise souvent même le plus féru des voyageurs occidentaux. C’est le cas du routard Richard, protagoniste du roman La plage, qui ne s’y plaît guère. Lorsqu’il entend parler d’une île idyllique, habitée par une communauté de hippies qui vit de riz, de poisson et de marijuana, il met tout en œuvre pour s’y rendre. Dès les premiers jours, Richard se vautre avec satisfaction dans le mode de vie du groupe, fait de farniente, d’amour et d’eau fraîche. Le tout tourne sans surprise au cauchemar – la violence, l’appât du gain et la soif de pouvoir trouvant toujours leur chemin. Le portrait saisissant que dresse Alex Garland de la génération X n’a d’égale que sa plume immersive, qui permet aux lecteurs de se catapulter parmi les insulaires pour sentir la chaleur du soleil sur leur peau, pour goûter la fraîcheur du maquereau et pour entendre le doux clapotement des vagues. « Voyager, comme évasion, ça marche », dit justement Richard.

La plage, par Alex Garland, Livre de poche, 1999, 474 pages.

livre

Highlands

Plonger dans un roman de Fanie Demeule, c’est emprunter des détours inattendus, explorer la porosité des frontières entre fiction et réalité, voguer dans l’ambiance inquiétante et spectrale des songes et des pensées. Ici, l’écrivaine nous entraîne dans les Highlands d’Écosse, territoires inhabités et montagneux où la brume cache bien des secrets. Trois femmes – une doctorante, une mère en deuil et une survivante fuyant une relation toxique – devront, en parcourant ces paysages hostiles et trompeurs, apprendre à affronter les maux qui les rongent de l’intérieur. Tel un Petit Poucet soucieux de retrouver son chemin, Fanie Demeule sème derrière chaque pas de ses protagonistes les indices menant à un dénouement aussi étonnant qu’intelligent. À lire tant pour l’histoire passionnante que pour le décor mystérieux et dépaysant.

Highlands, par Fanie Demeule, Québec Amérique, 2021, 185 pages.

livre Le grand marin

Le Grand marin

Dans la pittoresque ville de Manosque, en France, une femme sent l’appel du large. Déterminée à renouer avec le vertige de l’inconnu et du danger, elle met le cap vers l’Alaska, vers le « bout du monde, sur la Grande Bleue, vers le cristal et le péril ». À Kodiak, dans cet état américain, elle monte à bord d’un bateau où, chaque jour, elle traverse l’aube glacée, des vents trompeurs et des vagues déchaînées pour ramener à bord morues noires, crabes et flétans. Au creux de la fatigue, de la peur et des doigts transis, elle forge une précieuse camaraderie avec un équipage d’hommes dont les âmes et les cœurs sont aussi affligés que les siens. Avec sa plume ciselée, Catherine Poulain capte avec brio les sensations de froid, d’épuisement et d’infinitude des sublimes horizons qu’elle met en scène. Un livre qui rappelle que voyager, c’est avant tout partir à la découverte de soi.

Le Grand marin, par Catherine Poulain, Éditions de l’Olivier, 2016, 375 pages.

Livre Paradis

Paradis

Au-delà de l’évasion et de la déconnexion, le voyage nous permet aussi de mieux comprendre le monde qui nous entoure, et de saisir l’ampleur des inégalités, des injustices et des rapports de pouvoir qui le sillonnent. L’écrivain d’origine tanzanienne Abdulrazak Gurnah – lauréat du Prix Nobel de littérature en 2021 – explore dans ce roman coup de poing les ravages du colonialisme et de l’esclavage dans la Tanzanie du début du XXe siècle. Yusuf, 12 ans, est vendu par son père, qui lui faire croire qu’il va séjourner chez son oncle Aziz. Quittant son petit village pour les promesses de la grande ville, l’adolescent se retrouve captif d’un riche marchand qui le contraint à effectuer mille et une tâches pour rembourser la dette de son père. Entraîné dans de riches – mais éprouvantes – aventures à travers une Afrique de l’Est à l’orée de l’impérialisme, le jeune homme devra apprivoiser sa liberté, et faire de difficiles sacrifices pour choisir entre traditions et progrès. Puissant.

Paradis, par Abdulrazak Gurnah, Denoël, 2021, 282 pages.

Livre DC 408

Vol DC-408

D’Antonio Tabucchi à Fernando Pessoa, en passant par Voltaire, nombreux sont les romanciers qui ont été inspirés par Lisbonne, ses bâtiments historiques en ruine, ses bouis-bouis effervescents, sa vie nocturne bouillonnante et la douce révolte qui y gronde en permanence. Dans Vol DC-408, Nicolas Chalifour met en scène Antoine, un écrivain en exil qui transforme un séjour au Portugal en véritable parcours romanesque. Dans le sillage d’un groupe de guérilleros en lutte contre le tourisme de masse et l’embourgeoisement, Antoine sera entraîné dans une multitude de missions aussi catastrophiques qu’éclatantes qui lui feront découvrir ce que la reine du Tage a de meilleur. À ses côtés, le lecteur quittera les sentiers touristiques pour entrer dans une Lisbonne résiliente, chaotique et presque magique.

Vol DC-408, par Nicolas Chalifour, Héliotrope, 2019, 294 pages.

 

livre Francine Ruel

Petite mort à Venise

Dans ce charmant roman de Francine Ruel, trois femmes se trouvent à la croisée des chemins : Mathilde, en deuil de sa mère, Anne, qui se relève avec peine d’un cancer du sein et Poppy, une vieille dame pleine de vie qui cherche à échapper à la morosité de sa résidence pour personnes âgées. Debout face au vide, elles prennent la décision de sauter et de réaliser l’un de leurs plus grands rêves. Ce fantasme, c’est Venise, son canal, ses gondoles, ses arômes. Déambulant à leur guise dans les petites rues de la ville flottante, les trois amies se laissent imprégner de l’histoire, de la culture et des parfums, s’arrêtent ici pour observer une somptueuse mosaïque, là pour déguster une gelato au son d’une musique baroque. Ensemble, elles savourent le doux et précieux goût de la liberté et s’engagent main dans la main sur le chemin du bonheur. Du bonbon pour tous les sens !

Petite mort à Venise, par Francine Ruel, Libre Expression, 2018, 304 pages.

Livre Gourmet solitaire

Le gourmet solitaire

Titiller ses papilles gustatives est l’un des meilleurs moyens de voyager sans prendre l’avion. Dans cette bande dessinée illustrée par le regretté Jirô Taniguchi, on parcourt les moindres recoins de Tokyo pour savourer – en mots et en images – les joyaux de la gastronomie japonaise. Pour le gourmet solitaire, chaque mets et chaque restaurant sont une occasion de replonger dans des souvenirs ou de réfléchir au monde qui l’entoure. Ainsi, un porc sauté sur du riz dans un quartier ouvrier lui rappelle les déjeuners qu’il partageait avec sa famille, enfant. Un match de baseball devient sitôt un prétexte pour réfléchir aux vertus tonifiantes du curry. À ses côtés, on découvre le « unagi-don », un bol d’anguilles grillées sur du riz, on goûte au « mamekan », des haricots noirs sucrés en gelée et on savoure la douce chaire des « takoyaki », des beignets de poulpe frits. Un livre qui invite à ralentir, et à prendre conscience de l’importance de nos choix quotidiens.

Le gourmet solitaire, par Jirô Taniguchi et Masayuki Kusumi, Casterman, 2005, 200 pages.

Livre Dany Laferriere

Pays sans chapeau 

« Je ne suis jamais allé à Port-au-Prince, mais je suis allé plusieurs fois au Pays sans chapeau », écrivait le chroniqueur Pierre Foglia dans les pages de La Presse, dans les jours suivant le tremblement de terre ayant dévasté Haïti en 2010. Car, par la pureté, la transparence, l’acuité sensible de ses mots, Dany Laferrière a permis à plusieurs Québécois de saisir la résilience, la souffrance, la violence d’une terre révoltée et brisée où les morts ne se comptent plus. C’est une enquête sur ces nombreux disparus que mène le protagoniste de Pays sans chapeau, un homme qui retourne chez lui après vingt années d’absence, pour y renouer avec l’odeur du café, la pauvreté, les liens qui s’entêtent à se préserver. Un roman émouvant sur le poids des mots et des souvenirs, et sur la compassion, qui ne s’effrite que dans le confort.

Pays sans chapeau, par Dany Laferrière, Boréal compact, 2006 (d’abord paru en 1996), 276 pages.

Livre Mange, Prie, Aime

Mange, prie, aime

Qui n’a pas déjà rêvé de tout plaquer pour aller vivre la dolce vita en Italie, méditer au fin fond de l’Inde ou tomber amoureuse sur un scouteur en Indonésie ? Des millions de personnes, si on en juge le nombre de lecteurs – sans cesse grandissant – du succès littéraire Mange, prie, aime. Dans ce roman d’émancipation, Elizabeth, 31 ans, quitte mari, maison et carrière pour partir seule sillonner le monde. Entre délices italiens, rigueur ascétique et recherche d’équilibre, elle reprend peu à peu goût à la vie. Sur le ton de la confidence, avec simplicité et autodérision, ce récit est un véritable baume de fraîcheur, qui donne envie de prendre les rênes de son destin, et d’aller voir ailleurs si on y est.

Mange, prie aime, par Elizabeth Gilbert, Le livre de poche, 2009 (d’abord paru en version française en 2008), 506 pages.

 

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