Culture

Suggestions de lecture de grandes écrivaines d’ici

À la recherche d’un livre dans lequel plonger pendant les vacances ? Les auteurs et autrices les plus en vogue dévoilent les œuvres qui les ont fait vibrer ces derniers mois.

Photo : Julie Artacho

Mali Navia

La recherchiste et journaliste Mali Navia est née à Montréal d’un père colombien et d’une mère canadienne. Son premier roman, La banalité d’un tir (Leméac, 2022), s’est hissé parmi les f inalistes du Prix des libraires. Elle y raconte l’histoire d’une jeune femme à cheval sur deux cultures qui doit composer avec la disparition de son père.

Quel est le rôle de la littérature ?

La littérature nous ouvre une fenêtre sur la vie intérieure des autres. Elle nous fait vivre les multiples facettes de la nature et de l’expérience humaines.

Le livre que j’aurais aimé écrire

Le roman jeunesse Ta voix dans la nuit, de Dominique Demers (Québec Amérique, 2001), met en scène une adolescente de 16 ans qui tente de s’adapter à sa nouvelle école. C’est un livre qui marque et qui donne beaucoup d’espoir à un âge où les émotions extrêmes prennent toute la place. Ce livre m’a donné la force d’être qui je suis dans le regard des autres. Je me suis reconnue dans le personnage de Fanny et je me suis aimée un peu plus grâce à elle. Ça me paraît immense d’écrire quelque chose qui fait cet effet-là à quelqu’un. On utilise beaucoup la littérature pour éliminer les traumas, mais elle est aussi là pour mettre du beau dans la vie.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres

Tohu-bohu, de Marie-Hélène Racine, De la maison en feu, 2022

J’ai beaucoup aimé la plume lucide et tranchante de Marie-Hélène Racine. C’est un recueil de poésie coup de poing qui ne laisse pas indifférent. De plus, la forme du livre est une œuvre d’art en soi.

À la maison, de Myriam Vincent, Poètes de brousse, 2022

L’originalité de l’histoire m’a vraiment plu. On y suit une jeune mère qui, en raison d’une grossesse difficile, est en arrêt de travail et reste seule toute la journée dans sa nouvelle maison. Peu à peu, elle se sent oppressée dans cette demeure qui devient de plus en plus inquiétante à mesure que son ventre grossit. J’ai tout de suite accroché et je n’ai pas pu déposer le livre avant la fin.

Les insoumises, de Fanny Rainville, Libre Expression, 2022

Fanny Rainville offre un roman rythmé qui envoûte dès la première page. Elle nous ouvre les portes d’un univers trop peu connu : celui des sages-femmes. J’ai adoré les personnages et les dialogues.

 

Anais Barbeau-Lavalette

Photo : Justine Latour

Anaïs Barbeau-Lavalette

Écrivaine et cinéaste engagée, Anaïs Barbeau-Lavalette témoigne par sa création de l’universalité des luttes sociales. Elle a réalisé de nombreux documentaires et films de fiction, et signé quatre romans. Son plus récent, Femme fleuve (Marchand de feuilles, 2022), fait le récit d’une passion amoureuse entre une femme de lettres réfugiée sur une île et un peintre qui cherche à reproduire le bleu du fleuve.

Pourquoi écrire ?

J’écris autant pour survivre que par plaisir, deux raisons qui peuvent paraître paradoxales. Si je n’étais pas en mesure d’écrire ce que je ressens le besoin de nommer, il faudrait que je le sue, en criant ou en tapant. Je suis souvent menée par l’urgence. Je trouve important de le dire, car c’est très facile d’écrire et d’être lue aujourd’hui, avec tous les médias qui existent. Je pense que si tout le monde se requestionnait sur la valeur de la parole, il y aurait probablement moins de mots, et plus de choses importantes qui seraient écrites.

J’écris aussi par plaisir. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est pour moi un joyeux devoir de cueillir les bons mots, de me promener dans la langue, de trouver la façon la plus juste et la plus simple de nommer la vie, les émotions, les gens. Le français me surprend continuellement.

Le livre que j’aurais aimé écrire

Je suis toujours habitée par un vertige à l’idée que je ne saurai jamais tout. J’ai beaucoup de respect pour les gens qui se penchent sur une matière et la connaissent en profondeur. C’est pourquoi j’aurais aimé écrire le livre Forêt, de Gérard Le Gal et Ariane Paré-Le Gal (Cardinal, 2019). Dans cette expérience père-fille, les deux complices se sont promenés dans les forêts du Québec pour apprendre à nommer, cueillir et goûter. Le résultat, entre littérature et documentation, nous permet d’identifier plein de choses qui font partie de notre quotidien et d’en faire bon usage.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres

Mouron des champs, de Marie-Hélène Voyer, La Peuplade, 2022

Je ne peux m’empêcher de recommander l’ensemble de l’œuvre de Marie-Hélène Voyer. Ses trois recueils de poésie sont d’une beauté foudroyante, portés par une plume accessible et vraiment percutante. Son essai, L’habitude des ruines (LUX éditeur, 2021) est un texte magnifique et pertinent sur la préservation de notre patrimoine et le rapport trouble du Québec au temps et à l’espace. Elle mérite vraiment d’être connue.

Désobéir, de Frédéric Gros, Flammarion, 2019

J’ai lu et relu cette réflexion accessible et brillante sur la désobéissance civile qu’on devrait mettre entre les mains de tous. Je pense que la tragédie actuelle, notre manque de responsabilité vis-à-vis de la crise climatique, nécessite que l’on renoue avec la résistance civile, qui nous a permis par le passé de mettre fin à la ségrégation raciale et de légaliser le droit à l’avortement.

Trash anxieuse, de Sarah Lalonde, Leméac, 2021

Puisqu’on cherche souvent des suggestions de lecture pour les ados, voici un livre destiné aux jeunes, jamais infantilisant et hyper percutant, qui aborde des sujets qui interpellent beaucoup d’entre eux, dont l’écoanxiété. Il est tout simplement parfait.

Maya Cousineau Mollen

Innue originaire d’Ekuanitshit (Mingan), Maya Cousineau Mollen a écrit deux recueils de poésie et un album jeunesse. Très engagée dans son milieu, elle a participé à la fondation de l’Association étudiante autochtone de l’Université Laval, en plus d’avoir travaillé pour l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Enfants du Lichen (Hannenorak, 2022), une élégie bouleversante sur l’histoire et la réalité autochtones, a remporté le Prix du Gouverneur général.

Pourquoi choisir la poésie ?

Je reviens d’un séjour en France, où j’ai remarqué cette phrase clé, inscrite à de nombreux endroits : « La poésie a le pouvoir de changer le monde .» La poésie nous permet de rêver, seul rempart contre la décrépitude du monde. Elle nous reconnecte aussi à nos émotions, et nous rappelle des choses essentielles que l’on a collectivement oubliées.

Le livre que j’aurais aimé écrire

L’impératrice, de Nicole Avril (Grasset, 1993), une biographie romancée de Sissi, l’impératrice tourmentée. Cette femme, « entrée dans le 19e siècle comme on se trompe de porte », me fascine, et aurait été parfaite aujourd’hui, avec son narcissisme, son anorexie et ses névroses. Le style de l’autrice est mémorable, puisqu’il épouse à la perfection son sujet. On dirait qu’elle bouille au rythme de l’impératrice. On entre dans ce livre sans ne jamais avoir envie d’en sortir.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

Le peuple rieur : hommage à mes amis Innus, de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, Lux éditeur, 2017

Dans ce livre, les auteurs, complices dans la vie comme dans le travail, qui se sont éteints en 2021 et 2020, racontent la grande histoire du peuple innu. Ils y décrivent ma communauté d’une manière qui m’a profondément touchée. J’admirais leur authenticité, leur vérité, leur volonté de créer des ponts.

L’art du présent : entretiens avec Fabienne Pascaud, d’Ariane Mnouchkine et Fabienne Pascaud, Plon, 2005

Ce livre n’est pas récent, mais je l’ai découvert il y a peu, et il n’a rien perdu de sa pertinence. Après l’affaire Kanata, alors que faisaient rage les débats sur l’appropriation culturelle, j’ai eu envie de mieux comprendre les points de vue de tous les partis impliqués dans cette affaire. Ce livre essentiel m’a beaucoup aidée à comprendre le théâtre, ses origines et ses missions, et m’a permis de nuancer ma pensée.

Treize conversations, de Lee Maracle, Varia, 2022
Cette grande écrivaine de la nation stó:lō, en Colombie-Britannique, nous a quittés en 2021. Elle offre un point de vue autochtone à des questions qui lui ont souvent été posées par des membres de la communauté dominante. Elle raconte la ségrégation, les pensionnats, le colonialisme, la dépossession et la réconciliation. Ce livre est un appui et un allié pour mieux comprendre le vécu des Premières Nations.

Boum autrice BD

Photo : Prune Paycha

Boum

Bédéiste montréalaise, Boum est l’autrice de trois bandes dessinées et de Boumeries, une série à saveur autobiographique qu’elle a autoéditée pendant près d’une décennie. Sa dernière œuvre, La méduse (Pow Pow, 2022), qui met en scène une libraire dont la vision est peu à peu altérée par un animal marin, est finaliste aux prestigieux prix Bédélys et Bédéis Causa.

Pourquoi choisir la bande dessinée ?

La BD est souvent considérée comme de la sous-littérature, mais ça ne pourrait pas être plus faux. Une bonne bande dessinée présente une complexité, une profondeur et une prose qui peut concurrencer les meilleurs romans. On ajoute à ça un côté visuel qui permet de véhiculer des émotions et du mouvement, et qui exige des choix similaires à ceux que doit faire un réalisateur de films. C’est un média très complet qui s’apparente beaucoup au cinéma.

Le livre que j’aurais aimé écrire

La bande dessinée Les petits garçons, de Sophie Bédard (Pow Pow, 2019), m’a marquée par sa simplicité et sa prémisse à laquelle tout le monde peut s’identifier. C’est l’histoire de Nana, une jeune femme qui frappe à la porte de ses anciennes colocs un an après s’être volatilisée avec leur argent. Sophie Bédard réussit à rendre crédibles les relations entre les personnages et la complexité des émotions. Ce grand livre n’a pas eu toute la couverture qu’il mérite.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

Bandes dessinées

Utown, de Cab, Nouvelle adresse, 2022

Cab est mon amie depuis l’adolescence. Pendant que je travaillais sur La méduse, elle réalisait cette bande dessinée, et on s’est beaucoup aidées et influencées mutuellement pendant l’écriture. Utown met en scène une bande de jeunes marginaux qui évoluent dans un quartier victime d’embourgeoisement. Ses dessins puissants, ses décors merveilleux et ses personnages entiers et attachants témoignent de l’amour fou de l’autrice pour les quartiers industriels et les gens moins fortunés qui y vivent. À lire !

Football-Fantaisie, de Zviane, Pow Pow, 2021

Cette brique de 520 pages, complètement éclatée, est l’équivalent bédéesque d’un film d’action à gros budget. On y suit deux fillettes qui se sauvent du laboratoire d’un scientifique fou et qui sont poursuivies par un robot tueur. Elles se réfugient à Football-Fantaisie, petite ville d’un archipel où les gens parlent une langue incompréhensible. Zviane y aborde les grandes crises et les tensions culturelles de la politique québécoise à travers un récit haletant, bien ficelé et complètement flyé.

Parfois les lacs brûlent, de Geneviève Bigué, Front froid, 2022

Rarement une première œuvre aura été aussi maîtrisée que cette BD de Geneviève Bigué. Cette jeune autrice a une maîtrise de la couleur absolument incroyable, qui lui permet de mettre en scène des atmosphères de manière unique. Le résultat est inventif et magnifique.

brigitte haentjens

Photo : Mathieu Rivard

Brigitte Haentjens

Metteure en scène réputée, Brigitte Haentjens est la première femme à assumer la direction artistique du Théâtre français du Centre national des arts, à Ottawa. Écrivaine, elle a signé un essai, un recueil de poésie et trois romans dans lesquels elle explore les thèmes de l’identité féminine, de la sexualité et du pouvoir. Son roman le plus récent, Sombre est la nuit (Boréal, 2022), raconte le désenchantement amoureux et la longue désillusion d’une femme sous l’emprise du pouvoir et de la séduction.

Pourquoi lire ?

La lecture ouvre un espace imaginaire, loin des excitations et de la frénésie habituelles, un monde vaste qui s’apparente davantage au paysage qu’à l’instantané. Quand on lit, on entre dans une large bulle qui nous permet de penser et de rêver. Dernièrement, j’ai relu Guerre et Paix, de Tolstoï, un livre que je n’avais pas touché depuis mes 15 ans. Pourtant, je me rappelais certains passages avec précision. La littérature nous habite, transcende le temps et l’espace.

Le livre que j’aurais aimé écrire

Le ravissement de Lol V. Stein, de Marguerite Duras (Gallimard, 1964), est un livre absolument sublime. L’ensemble de son œuvre, de son écriture et de son monde est magistral. J’adore la précision, l’épure de l’écriture, le rythme de la langue. Élevée en Indochine, où sa mère la force à apprendre le français en plus du vietnamien, elle écrit avec une forme de sonorité unique. Dans ce récit, elle touche à des zones psychanalytiques et psychiques qui ne sont pas souvent abordées en littérature. Elle décrit quelque chose de très complexe, le ravissement d’un homme envers la femme qu’il aime, sans intellectualisation excessive, en le mettant en scène, tout simplement. C’est grandiose.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres

V13, d’Emmanuel Carrère, POL éditeur, 2022

Je connais bien l’œuvre d’Emmanuel Carrère, et ce dernier roman, dans lequel il retrace le procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, est un chef-d’œuvre. À travers son livre et son compte rendu, il y a une véritable humanité qui se met en marche et se construit.

Le jeune homme, d’Annie Ernaux, Gallimard, 2022

Le plus récent livre de la lauréate du prix Nobel de littérature est trop court, mais d’une grande pertinence. Annie Ernaux y décrit une brève aventure qu’elle a vécue avec un jeune homme de 30 ans son cadet. Elle y jette un regard acide et lucide sur le jugement des autres, et décortique à travers cette relation l’acte et la passion de l’écriture.

Le feu de mon père, de Michael Delisle, Boréal, 2016

Michael Delisle est un grand écrivain qui livre ici un roman magistral. Il s’y remémore son père, un homme absent, violent, doublé d’un redoutable bandit, et revient sur le précipice qu’il a représenté dans sa vie. C’est un récit rempli d’images, de chaleur, de manque, raconté sans mélodrame. Un superbe exercice d’écriture.

 

Mélodie Joseph

Photo : Julia Marois

Mélodie Joseph

Montréalaise d’origine martiniquaise, Mélodie Joseph est titulaire d’une maîtrise en communication, et rédactrice d’un mémoire sur l’afrofuturisme. Son premier roman, La respiration du ciel (VLB, 2023), est considéré comme le premier livre d’afrofantasy publié au Québec.

Pourquoi choisir l’afrofantasy ?

La fantasy telle qu’on la connaît est très centrée sur l’histoire et les cultures européennes. Les romans ont donc tous des racines et des codes similaires. L’afrofantasy, davantage inspirée des cultures africaines et caribéennes, offre un point de vue différent sur le monde, une perspective plus diverse, plus complexe, plus représentative. Elle fait grandir notre imaginaire.

Le livre que j’aurais aimé écrire

Je suis une grande admiratrice de l’écrivaine Robin Hobb et de sa série Le royaume des anciens. Le premier tome, L’apprenti assassin (1995), se concentre sur l’enfance du héros, Fitz, sur son entraînement et sur sa première mission. La narration est exceptionnelle, puisque l’autrice parvient vraiment à développer un univers unique à travers les yeux de ce seul enfant. C’est passionnant.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

Livres

L’oiseau de pluie, de Robbie Arnott, Alto, 2023

Ce sublime roman raconte l’histoire d’une femme qui trouve refuge dans une forêt où habite aussi un oiseau mythique que le gouvernement rêve de capturer. Plusieurs histoires s’entrecroisent pour refléter notre relation avec la nature et les conséquences de nos gestes sur l’environnement. Robbie Arnott, originaire de Tasmanie, crée un univers particulier, à la croisée du fantastique et de la mythologie, qui m’a transportée.

Mon cœur bat vite, de Nadia Chonville, Mémoire d’encrier, 2023

Je suis née en Martinique, et je me suis rarement autant reconnue que dans ce roman qui brosse un portrait saisissant et juste de cette région du monde. On y fait la rencontre de Kim, un jeune homme devenu meurtrier pour venger les femmes de sa lignée. J’ai été séduite par l’écriture imagée de Nadia Chonville, ainsi que par son message final, qui surprend par sa lumière.

Rosewater, de Tade Thompson, J’ai lu, 2020

Premier tome d’une trilogie, Rosewater constitue une superbe porte d’entrée pour découvrir l’afrofuturisme. Le récit se passe en 2305, au Nigeria, dans une ville formée autour d’un dôme extraterrestre surgit d’on ne sait où. On y suit des personnages qui ont acquis des dons mystérieux à la suite de cette étrange apparition. Tade Thompson apporte un point de vue différent à plusieurs des questions que l’on se pose collectivement à propos de notre avenir.

Dominique Scali

Photo : Archives/MediaQMI

Dominique Scali

Dominique Scali est romancière et journaliste. Son second roman, Les marins ne savent pas nager (La Peuplade, 2022), est un récit d’aventures ambitieux de plus de 700 pages. Elle y imagine une rivalité entre les riches habitants d’une Cité et le peuple du rivage, laissé-pour-compte et à la merci des grandes marées. Il a été retenu parmi les finalistes du Prix des libraires ainsi que du Prix littéraire des collégiens.

Pourquoi lire ?

L’écriture et la lecture sont pour moi interreliées. Lire n’est jamais purement passif, parce que je lis toujours en pensant à écrire. Autant dans l’un que dans l’autre, j’essaie de répondre aux questionnements qui me turlupinent. Alors que l’écriture me permet de trouver ces réponses à l’intérieur de moi, la lecture m’offre une occasion de changer ma façon de penser, de découvrir, de fouiller dans les pensées des autres. C’est très nourrissant.

Le livre que j’aurais aimé écrire

La route, de Cormac McCarthy (Points, 2009), un récit postapocalyptique dans lequel un homme et son fils prennent la route dans l’espoir d’échapper aux hordes de cannibales qui cherchent à dévorer ce qui reste d’humanité. J’étais plutôt jeune lorsque je l’ai lu. C’était la première fois que je réalisais que la littérature n’était pas seulement synonyme d’introspection dans la tête des personnages, qu’elle pouvait aussi se tenir à distance. Ça m’a tout de suite donné l’impression qu’il y avait quelque chose de plus grand à approfondir, une impression de sacré. Essayer de reproduire cet effet sur un lecteur est l’un de mes plus grands objectifs.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres suggestions

Dans la maison rêvée, de Carmen Maria Machado, Bourgois, 2021

J’ai dévoré cette autofiction, une traduction d’une œuvre américaine, qui traite d’une relation amoureuse violente entre deux femmes. Elle est à la fois originale dans sa forme, et fascinante dans son contenu. Le tout est très conceptuel, puisque chaque chapitre est l’occasion pour l’écrivaine de jouer avec les codes d’un genre différent. Un gros coup de cœur !

V13, d’Emmanuel Carrère, POL éditeur, 2022

Je suis une grande amatrice du style d’Emmanuel Carrère, qui pourrait être décrit comme une approche personnelle du journalisme, ou une approche journalistique de l’autofiction. Il arrive toujours à mettre le doigt sur la pertinence d’un sujet et à répondre à des questions de société importantes. Dans ce livre, qui aborde le procès qui a suivi les attentats de novembre 2015 en France, il réussit à faire cohabiter le côté incompréhensible d’une tragédie et la banalité du quotidien.

Mélasse de fantaisie, de Francis Ouellette, La Mèche, 2022

J’ai un rapport amour-haine avec l’autofiction, mais Francis Ouellette adopte ici une approche très créative dans un heureux mélange de trash et de fantaisie. Il y fait le récit de son enfance dans le défunt quartier ouvrier du Faubourg à m’lasse, à Montréal. Il joue avec le langage pour créer une expérience hallucinatoire de laquelle émerge une grande sagesse.

 

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