Dominique Fortier puise son inspiration dans l’Histoire avec un grand « H », l’imaginaire et les petits miracles du quotidien. En 2020, elle est devenue la première Québécoise à remporter un prix Renaudot dans la catégorie essai pour Les villes de papier – Une vie d’Emily Dickinson (Alto, 2018).
Pourquoi écrire ? J’écris par culpabilité, parce que je me sens mal quand je ne le fais pas. Je ne saurais expliquer autrement ce qui me pousse à prendre un stylo et à griffonner dans mes carnets, même lorsque j’ignore où cela me mènera – c’est-à-dire presque toujours. Je ne me souviens pas d’avoir rêvé de faire autre chose, mais il m’a fallu longtemps avant de croire que c’était possible et d’oser essayer. C’est à l’aube de la quarantaine que j’ai compris que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais.
Un livre marquant Je me rappelle encore précisément le moment où j’ai ouvert pour la première fois Cent ans de solitude, de Gabriel García Márquez. J’avais 19 ans, j’étais en Floride, je n’avais plus rien à lire et mon amoureux de l’époque m’avait fait parvenir une boîte de livres d’occasion. J’avais pris celui-là sur le dessus de la pile, un peu déçue parce que je m’imaginais, je ne sais trop pourquoi, qu’il s’agissait d’un roman réaliste d’esprit très politique. J’avais tout faux. Dès les premiers mots, j’ai été éblouie. Agenouillée dans le salon du petit appartement que nous occupions, j’ai relu deux, trois, quatre fois la première page qui présente le village de Macondo. Je venais de découvrir un nouveau monde.
Poète et traductrice littéraire, Daphné B. est l’autrice des recueils Bluetiful (Les Éditions de l’Écrou, 2015) et Delete (L’Oie de Cravan, 2017). Son essai Maquillée (Marchand de feuilles, 2020) a remporté le Prix des libraires du Québec 2021 dans la catégorie Essai québécois.
Pourquoi lire ? Je lis constamment. Je me nourris de l’écriture des autres dans mon travail. Quand je lis, je me sens faire partie d’une famille immense, composée de tous ceux et celles qui ont écrit et vécu avant moi, de mes amis qui écrivent, mais aussi des auteurs qui vont me succéder. C’est une manière de se sentir moins seule et d’entrer en rapport avec d’autres existences.
Un livre marquant Plusieurs livres m’ont marquée à différentes époques de ma vie. Quand j’avais 20 ans, c’est la prose de Hemingway qui m’a séduite, surtout ses nouvelles. J’aimais son économie de mots, l’absence de descriptions chargées, l’attention portée aux rituels quotidiens. Aujourd’hui, je suis épatée par l’œuvre de la Brésilienne Clarice Lispector, par son inventivité et la singularité de sa voix.
Innu de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean, Michel Jean a d’abord fait sa marque comme journaliste et animateur d’émissions d’affaires publiques avant de se tourner vers l’écriture. Auteur de huit livres, il connaît un succès monstre avec son roman Kukum (Libre Expression, 2019), lauréat du prix littéraire France-Québec en 2020 et du Combat national des livres 2021, organisé par l’émission Plus on est de fous, plus on lit (ICI Première).
Pourquoi écrire ? J’écris sur des sujets que j’aime. Dans mon travail de journaliste, je tiens toujours compte de l’intérêt public. Quand j’écris des romans, je me concentre sur les choses dont j’ai envie de parler, qui sont importantes pour moi.
Un livre marquant La promesse de l’aube de Romain Gary. Quand je l’ai terminé, je me suis surpris à flatter la couverture tant j’étais ému. La plume est vive et alerte. Il y a du suspense. Et c’est intelligent. Lorsqu’on le referme, on s’interroge sur sa propre vie, et on reste hanté longtemps par ce qu’on vient de lire.
Sophie Létourneau est écrivaine et professeure de littérature à l’Université Laval. Elle s’intéresse aux œuvres de fiction ancrées dans le réel. Son dernier roman, Chasse à l’homme (La Peuplade, 2020), lui a récemment valu le Prix littéraire du Gouverneur général 2020, dans la catégorie Romans et nouvelles.
Pourquoi écrire ? J’ai toujours voulu écrire. Parce que je prenais plaisir aux histoires qu’on me racontait, je désirais, moi aussi, posséder le pouvoir de raconter. J’ai lu quelque part que les artistes ne commencent jamais à dessiner ou à écrire. À la différence de la plupart des gens, ils n’ont simplement jamais arrêté. Je crois que c’est vrai.
Un livre marquant L’écume des jours de Boris Vian, L’avalée des avalés de Réjean Ducharme et La vie devant soi de Romain Gary. Des livres que j’ai lus adolescente. Ils m’ont fait découvrir la puissance de la littérature.
Parmi les plus prolifiques écrivaines québécoises, Chrystine Brouillet a écrit plus d’une cinquantaine de romans, pour la plupart policiers. Sa série mettant en vedette la détective Maud Graham a séduit le Québec en entier, avec jusqu’ici plus de 750 000 exemplaires vendus.
Pourquoi lire ? Je dévore deux à trois livres par semaine au minimum. Je ne peux sortir de la maison sans avoir un bouquin sur moi. Je ne supporte pas d’être seule. Les livres sont comme des amis. Ils m’apportent tout : la quiétude, l’éblouissement, la surprise.
Une série de livres marquants Les Rougon-Macquart, une série de 20 romans écrits par Émile Zola. La puissance évocatrice de cet auteur m’a transfigurée. Je les ai lus les uns après les autres sans m’arrêter. La construction, la véracité des personnages, l’histoire de Paris... Tout me fascinait.
Née au Chili, Caroline Dawson est sociologue, professeure et blogueuse, en plus de codiriger le Festival de littérature jeunesse de Montréal. Son premier roman, Là où je me terre (Éditions du remue-ménage, 2020), était finaliste au Prix des libraires du Québec 2021.
Pourquoi lire ? Je me donne le défi de lire 52 livres par an. Il y a quelques années, je me suis rendu compte du nombre incroyable de livres écrits par des hommes sur mes tablettes. Durant un an, j’ai donc décidé de ne lire que des femmes. Ç’a été une année de lecture formidable. Depuis, à quelques exceptions près, je ne lis que des femmes, des personnes queers ou des personnes racisées. Ça peut paraître paradoxal, mais c’est stupéfiant à quel point rétrécir nos horizons peut en fait élargir notre regard.
Un livre marquant Retour à Reims de Didier Eribon, au croisement de l’autobiographie, de l’essai littéraire et de la sociologie, a radicalement changé ma façon de percevoir mon identité et ma trajectoire de vie. Un livre magnifique et très libérateur.
Bédéiste et photographe, Mélanie Leclerc travaille dans une bibliothèque municipale. Chacune de ses deux bandes dessinées, Contacts (Mécanique générale, 2019) et Temps libre (Mécanique générale, 2020), a remporté un prix Bédélys. La première a reçu le prix de la meilleure BD autoéditée, et la seconde, celui de la meilleure BD du Québec, toutes catégories confondues.
Pourquoi lire ? Je lis beaucoup, et n’importe comment : je feuillette, je fais une saucette, j’abandonne, je plonge, je lis et relis. La lecture apporte de tout: elle réveille, surprend, donne forme à des émotions qui n’étaient pas là, dans notre tête, quelques minutes plus tôt. C’est quand même assez fantastique.
Un livre marquant Une saison dans la vie d’Emmanuel de Marie-Claire Blais. C’est LE livre qui m’a incitée à étudier en lettres au cégep. Ne sachant pas quoi faire « dans la vie », je m’étais dit qu’en attendant de savoir, je pourrais lire, lire beaucoup, et aller le plus souvent possible à la rencontre de cette émotion forte ressentie au contact des mots et de la poésie.
Né à Cavaillon, en Haïti, Rodney Saint-Éloi est poète, écrivain, essayiste et éditeur. Son plus récent roman, Quand il fait triste, Bertha chante (Québec Amérique, 2020), explore avec tendresse et humanité les thèmes de la mémoire, de l’héritage et de l’exil.
Pourquoi écrire ? C’est Tida, ma grand-grand-mère, qui m’a initié à la lecture. Elle m’a fait regarder la terre, les étoiles, les plantes. Et dans ces univers, j’ai rencontré tout ce qui est plus grand que moi. Elle m’a donné, elle qui ne savait pas lire, le verbe « lire ». J’écris tout simplement pour lui rendre hommage.
Un livre marquant Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire. Dans ce livre [publié en 1939, puis réédité en 1947 chez Bordas], Césaire nous rappelle que la poésie est cette exigence d’exister dans la totalité de soi. Vivre, c’est embrasser toutes ces parts humbles de soi, toutes ces parties ensoleillées qui font de nous des êtres de complexité et d’étincelles.
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