Culture

Lectures d’été : 8 autrices et auteurs nous livrent leurs coups de cœur

Romans, BD, essais et poésie… Des écrivaines et un écrivain parmi les plus en vogue du Québec nous dévoilent leurs plus récents coups de cœur littéraires.

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Photo : Michel Paquet

Lili Boisvert

Journaliste, chroniqueuse et animatrice, Lili Boisvert a écrit un essai et deux œuvres fantastiques avant de signer Match (VLB éditeur, 2022), un roman qui aborde les relations toxiques.

Pourquoi lire ? La littérature est, selon moi, le mode de communication le plus structuré, le plus complet et le plus pénétrant qui existe. Elle permet de regarder le monde, les valeurs et les interactions humaines à travers les yeux d’autrui. C’est non seulement précieux, mais très important pour la santé mentale.

Le livre que j’aurais aimé écrire Je suis complètement chamboulée par les romans graphiques de Liv Strömquist. La bédéiste traite de concepts très abstraits, très intellectuels, qu’elle parvient à vulgariser avec de nombreuses références populaires et actuelles. J’aimerais pouvoir transmettre mes idées aussi clairement.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres
  1. Mister Big ou la glorification des amours toxiques, India Desjardins, Québec Amérique, 2021
    Une démonstration pertinente et éloquente de l’amour, qui est présenté dans la culture populaire en banalisant l’inégalité entre les hommes et les femmes.
  2. L’amie prodigieuse, Elena Ferrante, Gallimard, 2014
    Je triche un peu, car c’est une série, mais les derniers tomes sont relativement récents. L’écrivaine y détaille les conséquences de la Deuxième Guerre mondiale sur la société européenne. On se laisse happer dès les premières pages par cette amitié complexe et bien exprimée.
  3. Dans le palais des miroirs, Liv Strömquist, Rackham, 2021
    Je dois absolument mentionner la dernière œuvre de cette bédéiste que j’ai déjà évoquée. Elle y recourt à plusieurs références culturelles – de BlancheNeige aux sœurs Kardashian en passant par l’impératrice Sissi – pour réfléchir à l’idéal de beauté moderne.
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Photo : Justine Latour

Annie Perreault

Diplômée de l’Université McGill en études russes et en littérature française, Annie Perreault a écrit un recueil de nouvelles et trois romans. Les grands espaces (Alto, 2022) donne une voix à des femmes brisées et courageuses, saisies par la poésie du froid et des silences, et par l’immensité des paysages.

Pourquoi écrire ? J’écris pour donner une forme à ce qui me préoccupe, m’habite, me touche. C’est difficile, mais j’aime les défis. À mesure que j’écris, je découvre ce que je dois clarifier et qu’on pourrait appeler de l’intuition. C’est aussi une façon d’appartenir, de créer un lien avec d’autres personnes qui écrivent et qui lisent.

Le livre que j’aurais aimé écrire Fifi Brindacier, d’Astrid Lindgren. Fifi est une féministe avant l’heure, un personnage complexe, libre, inspirant, drôle et audacieux. Elle est douée pour la vie, se tient loin des conventions, faisant toujours preuve d’un sens de la justice, d’un souci à l’égard de l’autre et d’une grande inventivité. J’aurais aimé créer un personnage de littérature jeunesse qui traverse les âges.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

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  1. Autobiographie en mouvement, Deborah Levy, Éditions du Sous-Sol, 2021
    Cette trilogie, dont le troisième tome, État des lieux, sortait en octobre dernier, prend la forme d’un récit très intime, discret et drôle. Il porte sur ce que cela signifie d’être une femme et de trouver un espace à soi pour s’épanouir et écrire. On aimerait être l’amie de cette écrivaine.
  2. Férocement humaines, Julie Bouchard, Pleine Lune, 2021
    Ce recueil de neuf nouvelles met en scène autant de femmes. La phrase de Julie Bouchard est toujours un peu étonnante, à la fois complice et en décalage avec ses personnages. C’est une fine broderie de paysages, de sentiments et d’observations sur l’intensité de la vie alors que se profile la mort. Une voix à savourer.
  3. Anaïs Nin – Sur la mer des mensonges, Léonie Bischoff, Casterman, 2020
    J’ai redécouvert Anaïs Nin grâce à cette magnifique bande dessinée inspirée de ses journaux. Elle se concentre sur les années 1930 et sur la rencontre de l’autrice avec Henry Miller. On assiste à l’émancipation et à l’éclosion d’une artiste, et les dessins traduisent toute la grâce, les remous et les dédoublements d’une femme qui vit avec intensité.
Alain Farah

Photo : Le Quarantinier/Justine Latour

Alain Farah

Né à Montréal en 1979 de parents libanais d’Égypte, Alain Farah est professeur de littérature, chroniqueur et écrivain. Dans Mille secrets mille dangers (Le Quartanier, 2021), il se met à nu comme jamais et raconte son mariage avec Virginie, journée mémorable entre toutes. Le roman figurait parmi les finalistes au Prix des libraires et au Prix littéraire des collégiens.

Pourquoi écrire ? Alors que la lecture nous offre la possibilité d’aller à la rencontre d’autres apprentissages et d’autres perspectives, l’écriture est une manière d’aller à la rencontre de soi. En réfléchissant sur les expériences passées pour s’efforcer de les raconter, on en apprend plus sur qui on est, sur qui on a été et sur les erreurs qu’on a commises.

Le livre que j’aurais aimé écrire L’amant, de Marguerite Duras. Avec une grande maîtrise, l’écrivaine française franchit toutes les difficultés qui surviennent quand on projette de raconter sa vie. Elle le fait dans une langue limpide, avec une franchise qui désarçonne et une ambiguïté que je qualifierais de quasi perverse. En passant, elle en a vendu des millions d’exemplaires, ce qui n’est pas négligeable.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

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  1. Maquillée, Daphné B., Marchand de feuilles, 2020
    J’attendais depuis longtemps ce livre qui allait saisir toute la misère affective et la violence du capitalisme contemporain. Écrit au début de la pandémie et au « je », cet essai m’a donné l’espoir qu’il était possible de s’approprier un sujet de l’heure et de le faire sans compromis, ni dans l’écriture ni dans la pensée.
  2. Je suis l’ennemie, Karianne Trudeau Beaunoyer, Le Quartanier, 2021
    Ce recueil de poèmes exigeant et ambitieux nous amène ailleurs sur le plan de la forme. J’ai beaucoup d’admiration pour la puissance de l’écriture de l’autrice, pour son introspection et sa réflexion sur la part de nous-mêmes qui nous échappe.
  3. Fait par un autre, Simon Roy, Boréal, 2021
    L’auteur s’intéresse ici à un peintre faussaire et essaie de réfléchir à la raison pour laquelle une œuvre est considérée comme authentique ou non. Il nous place dans une position d’humilité devant la connaissance que nous avons de nous-mêmes.
Fanie Demeule

Photo : Gracieuseté de Fanie Demeule

Fanie Demeule

Fanie Demeule écrit, enseigne à l’université et travaille aux éditions Tête première et Hamac. Son plus récent roman, Highlands (Québec Amérique, 2021) raconte le parcours de trois voyageuses dans les territoires hostiles de l’Écosse qui, à la toute fin, se révéleront libérateurs.

Pourquoi lire ? J’aime la diversité et l’étendue des possibilités que permet la lecture : imaginer, informer, témoigner, sensibiliser, commémorer, réfléchir, voyager, rire, pleurer ou rêver. C’est aussi, et peut-être surtout, la possibilité de conjuguer tout ça et plus encore dans un seul et même texte.

Le livre que j’aurais aimé écrire La montagne vivante, de Nan Shepherd, un trésor plutôt méconnu au Québec. Non seulement j’aurais aimé écrire ce livre, mais j’aurais aimé vivre l’expérience particulière de son autrice, qui a passé sa vie entière à parcourir le massif des Cairngorms, dans les Highlands. Ce carnet de randonnée poétique et introspectif relate toute la richesse de son contact intime avec la montagne.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres
  1. L’avenir, Catherine Leroux, Alto, 2020
    Dans un Détroit dystopique, une femme cherche à résoudre le mystère opaque entourant sa famille. Un magnifique roman à la fois tragique, touchant et délicat. L’écriture imagée et élégante de Catherine Leroux m’a fait voyager dans cet univers qui interroge notre présent de manière troublante.
  2. Pompières et pyromanes, Martine Delvaux, Héliotrope, 2021
    Naviguant entre observations historiques et récit personnel, ce texte engagé est composé de courts fragments articulés autour des liens complexes entre les flammes et les femmes. C’est par dessus tout une lettre d’amour et d’espoir que Delvaux dédie à sa fille et aux générations à venir.
  3. Le féminisme pop, Sandrine Galand, Remue-ménage, 2021
    L’écrivaine offre un essai passionnant et accessible qui analyse le féminisme en culture populaire. Par l’intermédiaire de figures bien connues telles que Lena Dunham, Lady Gaga et Beyoncé, elle observe d’une façon remarquablement nuancée ce mouvement pétri de contradictions.
Gabrielle Boulianne-Tremblay

Photo : Justine Latour

Gabrielle Boulianne-Tremblay

Écrivaine et comédienne, Gabrielle Boulianne-Tremblay milite pour les droits des personnes trans. Son premier opus, La fille d’elle-même (Marchand de feuilles, 2021), qui raconte l’histoire d’une petite fille née dans un corps de garçon, lui a valu le Prix des libraires 2022 dans la catégorie Roman. Il sera bientôt adapté au petit écran.

Pourquoi écrire ? Écrire est pour moi un besoin, une nécessité. Je me l’explique mal. Quand je passe un long moment sans écrire, je vais moins bien, je le sens jusqu’au fond de mes tripes. Les émotions, les pensées s’accumulent, et je dois absolument faire le ménage dans ma tête.

Le livre que j’aurais aimé écrire Printemps et autres saisons, de J.M.G. Le Clézio. Ce recueil de nouvelles traite de l’enfance d’une façon très douce et lumineuse, et transmet bien la naïveté et l’innocence propres à cette période. Comme j’ai vécu une enfance un peu à côté de moi-même, sans savoir que j’étais une fille trans, ça me fait vraiment du bien de lire ce genre d’histoires. C’est comme si je me rattrapais.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres
  1. Marche à voix basse, Nelly Desmarais, Le Quartanier, 2022
    J’ai su, dès que je l’ai feuilleté à la librairie, que j’aimerais ce recueil. Dans ces poèmes courts et percutants, l’autrice trouve une résonance à sa propre douleur dans l’histoire du quartier Hochelaga.
  2. À mon retour, Élise Turcotte, Le Noroît, 2022
    Un recueil de poésie sur la soudaineté et la répétition de la perte. Un livre qui se dévore à la première lecture et se savoure ensuite pour capter toute la richesse et l’originalité des images.
  3. J’ai échappé mon cœur dans ta bouche, Samuel Larochelle, Stanké, 2021
    Dans ce recueil de poésie, l’auteur explore avec vulnérabilité et humour les pensées et les blessures que l’on garde trop souvent pour soi. J’ai été tellement occupée cette année que je me suis réfugiée dans la poésie. J’adore qu’elle puisse nous tenir compagnie à tout moment.
Julie Doucet

Photo : Kata-Mada

Julie Doucet

La bédéiste Julie Doucet signe le fanzine Dirty Plotte, dans lequel elle raconte sans pudeur son expérience de femme fréquentant les milieux artistiques punks et alternatifs. En 2022, elle remporte le Grand prix du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, fondé en 1974. Elle est la troisième femme – et la première Québécoise – lauréate de cette prestigieuse récompense.

Pourquoi écrire ? Je viens d’une famille d’artistes. Chez moi, tous les enfants étaient encouragés à lire et à dessiner. Bref, pour moi, la création était quelque chose de logique, de compulsif même. Les images et les mots m’habitent tout le temps, ils me hantent jusqu’à ce que je me décide à les coucher sur papier.

Le livre que j’aurais aimé écrire Morte Saison, une BD de Nicole Claveloux. J’ai découvert cette illustratrice par ses livres jeunesse. Puis, je l’ai suivie jusqu’à l’âge adulte. Ses dessins épousent parfaitement le récit surréaliste et créent un univers unique. C’est magnifique. Il faut les voir pour comprendre.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres
  1. Noopiming – Remède pour guérir de la blancheur, Leanne Betasamosake Simpson, Mémoire d’encrier, 2021
    J’ai été bouleversée par l’univers de ce livre et ses personnages, tous dépossédés de leur terre : humains, animaux, arbre errant dans la ville avec son panier d’épicerie. J’adore le fait que l’écrivaine nous force à effectuer un travail d’excavation pour comprendre son langage.
  2. Chasse à l’homme, Sophie Létourneau, La Peuplade, 2020
    Je me suis beaucoup identifiée au parcours de l’autrice, qui décide de provoquer le destin et de consulter une voyante pour se donner une direction à suivre. Sans parler de ses commentaires pertinents sur la place des femmes dans le milieu littéraire.
  3. Dans le palais des miroirs, Liv Strömquist, Rackham, 2021
    J’aime le style documentaire de Liv Strömquist. Elle crée des bandes dessinées très engagées et féministes, mais hilarantes. Celle-ci analyse les idéaux de la beauté féminine et décortique le désir de mimétisme qui habite les femmes.
Monique Proulx

Photo : Getty Images

Monique Proulx

Romancière, nouvelliste et scénariste, Monique Proulx a reçu plusieurs prix, notamment pour Homme invisible à la fenêtre. Son plus récent roman, Enlève la nuit (Boréal, 2022), raconte la renaissance de Markus, un jeune juif hassidique qui fuit sa communauté pour s’immerger dans la jungle urbaine, où il s’efforcera de se tailler une place.

Pourquoi écrire ? Écrire, pour moi, c’est essayer de transmettre une beauté, une sorte de lenteur dans laquelle le lecteur est capable de se retrouver au meilleur de lui-même. Qu’un livre soit dur, qu’il raconte des expériences humaines douloureuses, il peut transmettre quelque chose de lumineux et d’enchanteur.

Le livre que j’aurais aimé écrire Je n’ai jamais spontanément voulu écrire le livre de quelqu’un d’autre. Mais, en y réfléchissant, je pense à cette réussite totale qu’est Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal. On passe 24 heures dans la vie d’un cœur en voie d’être transplanté. C’est de la grande littérature, un vrai travail de romancière, écrit dans une langue très vivante.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres
  1. Petites Cendres ou la capture, MarieClaire Blais, Boréal, 2021
    Il est facile de craindre l’écriture de Marie-Claire Blais. Or, si on traverse la première page, on est catapulté dans un univers incroyable, porté par le souffle, l’audace et la liberté d’une écrivaine unique. Ce livre est un électrochoc. On a perdu Marie-Claire Blais, il ne faudrait surtout pas que son œuvre soit oubliée.
  2. L’usage de mes jours, Francine Noël, Leméac, 2020
    En racontant sa vie très particulière, Francine Noël brosse le portrait d’une époque. Elle revient avec une grande verve sur ses amours, sa vie universitaire, son expérience de la maternité et de la révolution sexuelle. On rit, on a le cœur serré, on pleure.
  3. Morceaux de mémoire, Mathieu Dubé, Sémaphore, 2021
    Un objet inclassable et étonnant, d’une beauté époustouflante. Ce sont des poèmes, des collages faits à partir de mots découpés dans des magazines et des journaux. La poésie est abordable et rafraîchissante. Un beau cadeau à offrir !
Naomi Fontaine

Photo : Gracieuseté de Naomi Fontaine

Naomi Fontaine

Naomi Fontaine est une Innue d’Uashat, sur la Côte-Nord. Elle a publié trois récits dans lesquels elle donne une voix aux siens et qui ont tous obtenu un succès public et critique considérable. Son plus récent, Shuni (Mémoire d’encrier, 2018), prend la forme d’une longue lettre qu’elle adresse à une amie blanche. Il lui a notamment valu le Prix littéraire des collégiens, le prix Voix autochtones et une nomination aux Prix littéraires du Gouverneur général.

Pourquoi écrire ? C’est la meilleure façon que j’ai de m’exprimer, de façonner ma propre vision, de réfléchir à toutes les questions que je me pose par rapport à moi-même, à ma communauté et à notre société. J’écris aussi beaucoup dans l’affirmation de ma culture. Ça me pousse à effectuer des recherches et à m’intéresser activement à mon histoire et à celle des aînés de ma communauté.

Le livre que j’aurais aimé écrire Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / Je suis une maudite sauvagesse, d’An Antane Kapesh (Mémoire d’encrier, 2019). Première autrice innue, elle avait une solide vision de sa culture. Elle en était fière et ne cherchait pas à la renier. Tout le monde devrait lire ce livre pour comprendre la vie de ceux qui ont été colonisés. Ce réquisitoire avait été publié une première fois en 1976 aux éditions Leméac. Il fait ici l’objet d’une nouvelle traduction.

Trois œuvres récentes dont je suggère la lecture

livres
  1. Les villages de Dieu, Emmelie Prophète, Mémoire d’encrier, 2020
    Ça faisait longtemps que je n’avais pas plongé aussi intensément dans un livre. Bien plus que ne peut le faire un voyage, ce roman permet de plonger au cœur de la culture et de la nation haïtiennes. On entend la langue, on sent les odeurs et la chaleur.
  2. Les racistes n’ont jamais vu la mer, Rodney Saint-Éloi et Yara El-Ghadban, Mémoire d’encrier, 2021
    Deux auteurs que j’aime profondément entament un dialogue sur le racisme tiré d’anecdotes, d’histoires et de pensées très personnelles. On y comprend que les gens racistes sont les véritables perdants, puisqu’ils passent à côté de quelque chose de beau et de riche en se fermant à l’autre.
  3. Tanite nene etutamin nitassi?/ Qu’as-tu fait de mon pays? An Antane Kapesh, Mémoire d’encrier, 2020
    Cette réédition d’un livre écrit en 1979 raconte l’histoire d’un grand-père qui lègue son territoire, ses savoirs et son histoire à son petit-fils. À son décès, des Polichinelles (des Blancs) s’emparent de ce legs. Il s’agit d’un cri du cœur de l’autrice sur la réalité de la colonisation. Une nouvelle perspective sur notre histoire, qui n’a pas perdu une once de pertinence.

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