Je ne suis pas la seule à caresser les patines de ce qui est défraîchi, objets, lieux, gens. Les plaisirs démodés se vendent cher. À preuve, le Financial Times (j’adore ce journal vieillot au papier rose fané and « Oh so Brit »!) nous parlait du « New aged » récemment, et des accessoires ou vêtements en vieux cuir ou lavés-lavés-lavés avant d’être cousus. Une façon pour des marques comme Hermès ou « Comme des garçons » de se distinguer des jeans prédéchirés et lavés sur pierre. Un petit côté artisanal et « je mise sur la qualité qui me survivra » en prime.
Dans le même esprit, je vous suggère d’aller faire un tour du côté du blogue français « Ma boutique de mots » du photographe Benoît Teillet et du journaliste Édouard Launet. Déjà, le livre est un petit bijou, inclassable, tout à fait en dehors de l’air du temps, à la fois nostalgique et très actuel, puisqu’il nous présente des façades de commerces, scènes de la vie devant ces marquises fanées ou pimpantes.
J’y ai trouvé là de quoi sourire et me rappeler que le présent n’est jamais aussi délicieux que lorsqu’on réussit à s’en distancier un brin. C’est la grâce que je nous souhaite.
Photo: Benoît Teillet