1. Quand on aime, on est fidèle
Pas si simple! « Si on s’aime, on sera fidèle à ses engagements, précise Jocelyne Robert, sexologue et auteure. La fidélité est un concept à définir à deux. » Chacun doit s’engager à respecter certaines règles… négociées honnêtement.
Pour François St Père, psychologue et médiateur familial, « l’infidélité, ce n’est pas nécessairement aller voir ailleurs, mais cacher des choses à l’autre. » Un couple définit toujours plus ou moins tacitement l’espace de liberté dont chacun dispose. L’infidélité, en fait, c’est ne pas respecter cette entente. « Parmi les conjoints qui sautent la clôture, un homme sur deux et une femme sur trois se disent satisfaits de leur relation! Ce n’est pas qu’ils ne s’aiment plus : ils recherchent la nouveauté. » Le sentiment amoureux ne garantit donc pas l’exclusivité. Et vice versa.
2. Quand le sexe va, tout va
« Souvent vrai, reconnaît François St Père. Il y a une relation entre la satisfaction conjugale et la satisfaction sexuelle. Pas toujours, cependant. Il peut arriver que, en période de crise – d’infidélité par exemple –, le couple ait une sexualité très intense : il s’en sert pour canaliser ses craintes. » Le conjoint inquiet tente ainsi de reconquérir son partenaire, d’exprimer son désir de possession, de sublimer sa colère, son ressentiment. Mais dans la plupart des cas, la sexualité constitue un reflet assez fidèle de la situation du couple. À condition, bien sûr, de considérer certains facteurs extérieurs (stress, dérèglements hormonaux, médicaments) qui influencent le désir.
« Un couple solide sur le plan érotique bénéficie d’un plus, concède Jocelyne Robert. Or, on peut vivre des trips sexuels extraordinaires sans jamais devenir un couple ! » Inversement, un couple peut durer et s’épanouir malgré une chimie sexuelle imparfaite, soutient-elle. « Pour qu’un couple fonctionne, il doit s’inventer une complicité, une envie de jouer ensemble. » En ce sens, le sexe est un terrain de jeu privilégié. « Mais ça prend aussi une vision commune, une parenté de pensée, une admiration mutuelle, un sentiment que l’autre est unique. Le sexe seul ne peut apporter tout ça. »
3. Le temps finit toujours par arranger les choses
« Certainement pas ! réfute Jocelyne Robert. Au mieux, le temps fait naître l’indifférence, sans que rien ne s’arrange du tout. Au pire, le problème s’accroît et, tôt ou tard, la bulle pète ! Compter sur le temps, c’est rêver en couleurs. » Votre mari, par exemple, se met en colère pour des riens et vous vous efforcez toujours de lui cacher à quel point ce comportement vous irrite. Erreur : bientôt, c’est vous qui finirez par exploser !
Cependant, il est parfois bon de laisser la poussière retomber, histoire de retrouver ses esprits et son calme – ne faites pas vos commentaires à votre mari colérique au moment où il voit rouge ! Mais plus le problème est important, plus il est essentiel de rechercher activement des solutions.
Pour François St Père, tout dépend de la nature de ce qui cloche. « Est-ce que ce qu’on a vécu risque de se répéter ? De se perpétuer ? Est-ce que ça nous a réellement bouleversé ? Si oui, on doit crever l’abcès avant qu’un pattern ne se développe. » Aux accrochages bénins, par contre, la discussion peut donner une importance exagérée. Laisser le temps effacer les choses peut alors constituer la meilleure option
4. Si on aime assez l’autre, on peut le changer
Soyons clair : personne n’a le pouvoir de changer quelqu’un ni de le rendre heureux. « Mais en l’aimant, précise Jocelyne Robert, on peut lui donner envie d’être heureux, d’évoluer. » L’être aimé peut puiser dans notre amour sa motivation pour « travailler sur lui ». L’union amoureuse permet donc – c’est là une de ses principales raisons d’être – de grandir ensemble en s’entraidant. Mais attention : si c’est toujours le même partenaire qui s’appuie sur l’autre pour régler ses problèmes, ou si les amoureux s’encouragent mutuellement dans leurs névroses, on court à la catastrophe ! On peut induire des changements chez l’autre, dit François St Père, à condition d’éviter de brusquer son partenaire : mieux vaut lui laisser la liberté de changer de lui-même, par considération. Ce sera plus profond et plus durable. De même, on ne le dénigre pas. On remplace donc le « Maudit que t’as l’air habitant ! » par un « Ne serait-il pas temps de renouveler ta garde-robe ? »
Mieux vaut viser des cibles concrètes, conseille Jocelyne Robert. Plutôt que de lancer « Tu fous toujours le bordel, j’en ai marre ! », on dira « J’ai dû ramasser tes poils de barbe aujourd’hui ; j’aimerais ne plus avoir à le faire. »
5. La jalousie est une preuve d’amour
« Faux, tranche Jocelyne Robert : on peut être jaloux sans aimer, et vice versa. » Selon elle, la plupart des gens s’attendent à être traités de façon privilégiée par leur partenaire. C’est quand il nous donne l’impression d’accorder ce même traitement à une tierce personne qu’apparaît la jalousie. Tout dépend donc de la définition de ce « traitement spécial ». À une extrémité du spectre, on trouve ceux pour qui l’exclusivité sexuelle n’est pas cruciale si la confiance demeure. À l’autre bout, ceux à qui toute complicité entre leur conjoint et un tiers paraît menaçante, ou que le sourire d’un passant fera fulminer. Cela trahit un manque de confiance en l’autre et, très souvent aussi, en soi-même, soutient la sexologue.
« La jalousie peut traduire de l’attachement, estime François St Père. Mais aussi un manque d’amour-propre, une peur d’être seul, de perdre ce qu’on a construit avec l’autre. » Souvent, elle témoigne aussi de préjugés (« Tous les hommes sont des courailleux ») ou de traumatismes vécus lors de relations précédentes. Le pire, c’est quand elle induit des comportements dommageables pour le couple : questionner, espionner, accuser…
6. On peut mourir d’amour
« Vrai, juge Jocelyne Robert. On l’observe chez certains enfants qui se laissent mourir de faim par manque d’affection. La nourriture affective est aussi importante que celle qui se trouve dans notre assiette ! La plupart des suicides sont liés à une carence affective et souvent à une histoire d’amour. Entre 70 % et 80 % des consultations chez les psys sont associées à des échecs amoureux. » Cependant, une peine d’amour ne conduit pas inexorablement à la mort ! « En général, les personnes qui s’effondrent à ce point souffraient au départ d’une dépendance affective ou d’un manque d’amour-propre. Si on est solide émotivement, on peut avoir de la peine, mais on y survit. »
7. On doit tout se dire dans un couple
« La communication est essentielle. Mais il est impossible de tout se dire. Du moins, pas souhaitable, estime Jocelyne Robert. Il faut cultiver une part de mystère. Chacun conserve alors l’impression qu’il n’aura jamais fini de découvrir l’autre. »
« Il y a certains fantasmes de ma blonde que je préfère ne pas connaître! » jure François St Père avec une pointe d’humour. Si la transparence est souvent préférable, le bon sens doit tout de même prévaloir. La sœur de votre chum (il l’adooore !) vous tape souverainement sur les nerfs ? S’il vous l’impose trois fois par semaine, parlez-lui-en (avec délicatesse) avant qu’elle ne constitue un motif de divorce. Mais si vous n’avez à la subir que quelques fois par année, devez-vous vraiment en faire un plat ? À l’occasion, trouvez un prétexte pour vous absenter. Le reste du temps, mettez de l’eau dans votre vin. Il en fait sans doute autant de son côté.
8. S’il m’aime, il devrait deviner…
« C’est vrai, en partie, concède François St Père : si on aime, on est attentionné, instinctif, on pressent l’autre. Mais on est parfois changeant… » Le meilleur exemple de ce principe : la même caresse peut être excitante un jour, apaisante le lendemain et agaçante le surlendemain. Exprimez-vous !
9. Il faut à tout prix éviter les disputes
Beaucoup d’études prétendent exactement le contraire. Nos deux intervenants aussi. François St Père affirme que les partenaires qui ne se disputent jamais finissent par s’éloigner l’un de l’autre. Combien de couples, qui pourtant s’adorent, se disputent éternellement sur le même sujet sans arriver à s’entendre ? « Soixante-dix pour cent des conflits ne se règlent jamais dans un couple, avance le psy. Et ce n’est pas grave ! »
« Les disputes sont un signe de vitalité du couple, renchérit Jocelyne Robert. De bonnes engueulades peuvent même favoriser la complicité. » Mais il y a une « éthique de la dispute » à respecter, précise-t-elle. On ne lave pas son linge sale en public. On respecte les points de vue de l’autre. On évite les propos blessants ou insultants ; et on présente humblement ses excuses si jamais on « s’échappe » !
10. Les disputes, un mal nécessaire ?
Plusieurs études américaines, menées auprès de centaines de couples pendant près de 15 ans, nous apprennent que chez ceux qui durent, les partenaires ne s’entendent pas toujours aussi merveilleusement qu’on serait porté à le croire… En fait, la plupart présenteraient un certain nombre de divergences irréconciliables. Selon le professeur Howard Markman, directeur du Center for Marital and Family Studies de l’Université de Denver (Colorado), presque tous les couples se disputent régulièrement, surtout dans les premiers stades de la relation. « Ce qui détermine l’avenir d’un couple, avance le chercheur, ce n’est pas le sujet des disputes, mais la façon dont il gère les émotions négatives. » Le succès d’une relation dépendrait donc davantage de l’aptitude des amoureux à vivre avec leurs conflits que de leur capacité à les résoudre.