Le mariage, une preuve d’amour
POUR. Un mariage, c’est la promesse à voix haute et devant témoins qu’on s’aimera pour longtemps. Pour bien des gens, il s’agit de la plus belle preuve d’amour. C’est d’ailleurs pourquoi des homosexuels réclament le droit au mariage. « La conjugalité reste un fantasme de bonheur parfait dans l’inconscient collectif », affirment Olivier Picard et Pascale Wattier, auteurs de Mariage, sexe et tradition. Débarrassée de toute pression sociale, l’exigence d’amour dans le mariage n’aurait jamais été si forte. En 2003, un sondage Léger Marketing révélait que neuf Canadiens sur dix croient à l’amour qui dure toute la vie!
CONTRE. Le mariage exprime surtout le besoin d’être rassuré et la peur de vieillir seul. D’après le sondage de 2003, le premier critère, après l’amour, selon lequel les Canadiens choisissent leur conjoint, c’est la fidélité. Bien avant la sexualité. « Beaucoup se précipitent dans le mariage par peur de rester au bord de la route », affirmait en 2001 la psychothérapeute Sylvie Tenenbaum au magazine Psychologies. Laura Kipnis, auteure de Contre l’amour (La table ronde), prouve de son côté que le mariage a commencé à décliner lorsque les femmes ont acquis leur indépendance financière. Au Québec, en tout cas, le nombre de mariages a chuté de plus de 50 % depuis les années 1970.
POUR. C’est le seul jour où on est vraiment le héros, où rien n’est assez beau ni assez cher. « Pour une génération qui a grandi avec la télévision et intégré la société du spectacle, il s’agit d’organiser l’événement social et familial de l’année », insistent Olivier Picard et Pascale Wattier. D’ailleurs la lecture sur le sujet ne manque pas : plus de six millions de sites Internet francophones, nous informe le moteur de recherche Google, lui sont consacrés. Champêtre ou aristo, en version péniche, médiévale ou tropiques, le mariage s’adapte à tous les budgets et à tous les goûts. Pour 20 % des jeunes, il est avant tout « une grande fête ». Et 57 % des Québécoises et 78 % des Canadiennes seront mariées passé 30 ans.
CONTRE. La complexité d’organisation du mariage suffit à en faire renoncer plus d’un. L’angoisse de l’échec et de la performance n’épargnant personne, le grand jour est rarement un moment de pur plaisir. Encore moins une occasion de réconciliation familiale – plutôt un détonateur ! Et ce n’est jamais une cérémonie « par soi et pour soi » : les parents imposent toujours leur scénario, par la persuasion ou par l’argent. À propos d’argent : 10 000 dollars sont en moyenne dépensés par les 22 000 Québécois qui se marient chaque année. Un sur quatre déboursera plus de 20 000 dollars pour célébrer cette union.
POUR. C’est prouvé : les unions libres sont deux fois plus instables que les mariages. D’après la dernière grande enquête sociale de Statistique Canada, en 2001, plus de 30 % des Canadiennes mariées de 40 à 60 ans se sépareront tôt ou tard. Mais chez leurs consœurs du même âge vivant en union libre, la proportion est de 60 %. La fidélité ? À ce sujet la National Sex Survey de 1994 est plutôt alarmante: selon cette vaste enquête américaine, il est quatre fois plus probable que les concubins, comparés aux hommes mariés, aient été infidèles au cours des 12 derniers mois. Du côté des concubines, les probabilités sont huit fois plus élevées.
CONTRE. Stabilité ? Un mariage sur deux, au Québec, se termine par un divorce ! Le piège – tous les sexologues s’accordent là-dessus – se tend lorsqu’un des époux commence à considérer l’autre comme « acquis ». Dès lors, adieu séduction, bonjour routine ! Le thérapeute conjugal Willy Pasini, auteur d’À quoi sert le couple?, confirme : « La cohabitation joue davantage en faveur du couple, puis le mariage, en faveur de la famille. Il est important, pour éviter cette scission, de ne pas supprimer les besoins du couple face à la nouvelle réalité familiale. Sinon, on donnera raison à tous ceux qui considèrent que le mariage est le tombeau de l’amour et la prison du sexe. »
POUR. Aux yeux du droit, le mariage reste le cadre le plus sûr pour élever une famille et sécuriser financièrement le couple. Pour les conjoints de fait, rappelle l’avocat montréalais Yves Carrière, pas de partage de patrimoine familial ni d’aide financière en cas de séparation, sauf s’ils l’ont décidé à l’avance par contrat – ce qui est rarissime.
CONTRE. Le mariage n’a rien à envier à l’union civile. Depuis la loi du 24 juin 2002, les conjoints unis civilement se doivent, tout comme ceux qui sont mariés, respect, fidélité, secours et assistance. Ils sont tenus de faire vie commune. Et les règles du mariage s’appliquent en ce qui concerne l’autorité parentale, la contribution aux charges du ménage, la résidence familiale, le patrimoine familial et la prestation compensatoire. Les deux principales différences : la façon de dissoudre l’union et le fait qu’elle peut être contractée par deux personnes de même sexe. Les couples homosexuels n’ont donc vraiment rien à attendre du mariage, clament ceux qui s’y opposent.
POUR. Toutes les statistiques démographiques montrent que le taux de mortalité des gens mariés est plus faible que celui des non-mariés – célibataires, veufs, divorcés ou séparés. Linda Waite, sociologue américaine, l’affirme aussi : le mariage « prolonge la vie et améliore de façon significative la santé physique et mentale ». De son côté, Patricia Morgan, auteure de Marriage-Lite (Institute for the Study of Civil Society), prouve que, dans 19 pays, les couples non mariés sont plus sujets à la dépression que les autres. Enfin, selon Statistique Canada, les couples en union libre vivent aussi davantage de violence conjugale.
CONTRE. Ce n’est pas le mariage qui est bon pour la santé, mais l’amour ! Quantité d’études prouvent que le sexe et l’amour au sens large – bien plus que le mariage – sont aussi importants pour notre santé que l’eau, une nourriture saine ou l’exercice physique. Les personnes sexuellement épanouies souffrent moins fréquemment de diabète, d’hypertension et de maladies cardiovasculaires (British Medical Journal, 2000), de migraines, de cancers, de dépressions… « On meurt moins vite du manque d’affection que du manque de nourriture, mais on en meurt autant. L’amour est un besoin biologique », renchérit le psychiatre David Servan-Schreiber.
Sources :
- Christiane Singer, Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies, Albin Michel, 2000.
- Olivier Picard et Pascale Wattier, Mariage, sexe et tradition, Plon, 2000.
- Willy Pasini, À quoi sert le couple?, Odile Jacob, 1996.
- Sylvie Tenenbaum, Cherche désespérément l’homme de ma vie, Albin Michel, 2004.
- Mandi Norwood, La femme mariée et le sexe, Albin Michel, 2004.
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