Marie-Claude Savard
43 ans, animatrice
Le grand tournant
Il y a des virages qui se prennent en douceur, à coup de questionnements. Celui de Marie-Claude Savard s’est étalé sur cinq ans. À 38 ans, la journaliste sportive trouvait son père mort dans son lit. Quelques jours plus tard, sa mère recevait un diagnostic de cancer. « Pendant deux ans, la fille unique que je suis est devenue aidante naturelle, un rôle que je ne connaissais pas, dit-elle. La mort, la maladie, c’était beaucoup d’émotions à la fois. » Après le décès de sa mère, Marie-Claude s’est mise à réfléchir au sens de la vie – qui suis-je, où vais-je, que fais-je ? Elle a fait des choix qui ont déstabilisé son entourage : démissionner de son poste à l’émission Salut, Bonjour ! (TVA) et quitter un conjoint de longue date. « Je prenais conscience de la valeur du temps pour l’avoir vu filer entre les doigts de mes parents. »
La décision
Bien sûr, elle a douté. « Le processus de transformation ébranle les fondations. Il faut les solidifier. » Pour apprivoiser les changements et se reconnecter à ses racines (amérindiennes, selon ses recherches), elle a voulu faire un geste. Pour certaines, c’est parcourir la Pacific Crest Trail, comme dans le film Wild. Pour d’autres, c’est voyager au bout du monde. Pour elle, ç’a été la retraite dans le bois auprès d’un chef amérindien. « Je suis partie à Val-des-Lacs camper toute seule pendant trois jours sur le terrain de l’homme-médecine Dominique Rankin », raconte-t-elle. Le dernier soir, elle a accompli le rite de passage du sweat lodge – un tipi avec des pierres brûlantes qui rappelle la chaleur du ventre maternel. « Dominique m’a conseillé de nourrir mon feu sacré : chacune de mes décisions doit être comme du bois sec à y mettre. »
La remontée
Aujourd’hui, dès qu’un choix s’impose, elle se lève tôt, s’assoit, respire et laisse monter la réponse en visualisant ce qui la fait vibrer. Ça la remet en phase avec ses passions. « Je suis issue du monde des arts plastiques, mais j’ai passé 15 ans dans celui du sport ! J’essaie maintenant d’être plus conséquente dans mes choix de carrière. Le deuil de mes parents a précipité ce changement. Mais je le portais en moi. » Sa transformation et son virage professionnel, elle les raconte dans son récit 180 degrés – Virage d’une vie, qui paraîtra à l’automne.
Ses trois conseils
Se montrer patiente. Une transformation, c’est comme un tableau inachevé. On ne peut pas juger au premier trait. Il faut se donner une chance et se pardonner ses faux pas. C’est l’ensemble de l’œuvre qui compte.
Écouter sa petite voix intérieure qui nous dit si on est à côté de la plaque. Se faire confiance. Quand on commence à se poser des questions, on ne peut plus reculer.
Rester réaliste, faire preuve d’humour. Le premier pas vers le changement est difficile. Prendre ça mollo et ne pas tout chambouler en même temps.
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