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Société

Le sexisme linguistique: pas que des mots

Pourquoi les personnes courageuses ont-elles des couilles, alors que les mauviettes doivent s’en faire pousser une paire? La réponse à ces questions et à bien d’autres se trouve dans ce Dictionnaire critique du sexisme linguistique.
Par Caroline R. Paquette
Le sexisme linguistique: pas que des mots

Le sexisme linguistique: pas que des mots

Dictionnaire critique du sexisme linguistique

« Le sexisme se loge non seulement dans les insultes, mais aussi dans les mots courants qu’on emploie sans y penser – même lorsqu’on est (pro)féministe », écrivent d’entrée de jeu Suzanne Zaccour et Michaël Lessard dans le Dictionnaire critique du sexisme linguistique (Somme toute, 2017).

L’objectif de cet ouvrage: interroger, décrier, pulvériser royalement ces expressions nocives qui perpétuent les stéréotypes. Une trentaine de féministes québécoises de tous horizons, qui n’ont pas la langue dans leur poche, nous incitent à tourner la nôtre sept fois avant de parler.

Extraits.

Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Jonathan Boulet-Groulx

Blonde – Sarah R. Champagne

Déprécier les capacités cognitives des femmes a servi de tout temps à légitimer leur rôle sexué limité à la sphère privée. Au début du XXe siècle, le dénigrement de notre intelligence se pose en justification rêvée pour éviter de nous accorder des droits, dont celui de voter.

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Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Lucie Larin-Picard

Bouffe – Annelyne Roussel

Dans notre culture, les manifestations d’un appétit féminin sans entraves sont si rares qu’elles pourraient passer pour des gestes révolutionnaires. Manifestement, l’ordre de l’appétit masculin tout puissant reste à renverser.

Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Marie-Reine Mattera

Indisposée – Catherine Mavrikakis

Je me retrouve «indisposée» parce que, la plupart du temps, en tant que femme, je serais disposée (notons la forme grammaticale passive) à faire ce que l’on veut de moi. Cet euphémisme, l’indisposition, dissimule ce vers quoi il pointe: le tabou des menstruations, tenace dans notre pensée et dans notre société.

Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Philippe Douvcet

Jacasser – Marie-Eve Surprenant

Taire la parole des femmes, leur imposer le silence, c’est ce à quoi les sociétés patriarcales se sont employées, de tout temps, par mille et un moyens. Ridiculiser leur prise de parole en est un.

Le sexisme linguistique: pas que des mots

Jouissive – Emilie Nicolas

Le problème, au fond, c’est que les femmes doivent être jouissives plus qu’elles ne doivent être jouissantes, satisfaisantes plus que satisfaites.

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Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Marjorie Guindon

Mère – Naïma Hamrouni

Elles sont responsables. Tyranniques ou surprotectrices. Névrosées ou trop aimantes. Elles sont toujours fautives, coupables. Si les rois du monde ont pour ancêtres des pères de renom, les hors-la-loi n’ont jamais que de mauvaises mères.

Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Daphné Caron

Nommer – Judith Lussier

Dans plusieurs domaines, on continue – bien inconsciemment – d’appeler les femmes des filles dans des situations où leurs homologues sont tout simplement appelés des «hommes».

Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: MEVE

Pro-vie – Rosalie Genest

La criminalisation de l’avortement et la réduction de son accessibilité n’ont rien à voir avec la préservation de la vie – et surtout pas celle des femmes.

Le sexisme linguistique: pas que des mots

Radicale – Cathy Wong

Si le féminisme était doux, gentil, obéissant, raisonnable, modéré, réservé et qui-ne-fait-pas-de-vague, qu’aurait-il à voir avec son objectif premier qui est de mettre l’égalité au cœur des rapports entre les genres?

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Le sexisme linguistique: pas que des mots

Universel – Marie-Anne Casselot

Si le genre masculin a été pris pour le genre par défaut, c’est bien parce que, hors de l’espace symbolique du langage, les hommes ont été dominants matériellement et politiquement.

Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Sam Fneiche

Voile – Dalila Awada

Le voile des femmes musulmanes est un parfait épouvantail. Il permet de minimiser le sexisme, la misogynie et le patriarcat de «chez nous». Il donne bonne conscience et déplace le problème ailleurs que dans notre cour.

Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Nessa Ghassemi-Bakhtiari

Sauvagesse – Widia Larivière

L’image des femmes autochtones ne devrait tout simplement pas être réduite à ces catégories opposées et stéréotypées: la sauvagesse ou la kawish, l’objet sexuel ou la victime, la «bonne Autochtone» ou «la mauvaise Autochtone».

Le sexisme linguistique: pas que des motsPhoto: Selena Phillips-Boyle

Lessivée – Camille Robert

Le travail ménager entretient un rapport ambigu avec le système capitaliste. Si le capitalisme industriel consacre la séparation des sphères privée et publique, le travail ménager s’en retrouve invisibilisé, mais non moins indispensable à l’entretien de la vie humaine.

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Le sexisme linguistique: pas que des mots

Conquête – Catherine Dussault Frenette

La syntaxe usuelle veut en effet que les hommes prennent (le corps, le sexe féminin) et que les femmes perdent (leur virginité, voire leur honneur). Ce que l’un gagne en virilité et en puissance, l’autre le perd en autonomie.

Le sexisme linguistique: pas que des mots

Délicate – MamZell Tourmente

En somme, être femme, socialement, c’est essentiellement être délicate. Les femmes réelles, incarnées dans leur corporalité et leur diversité, indélicates et complexes, uniques, poilues, jouissantes, indignées, accouchantes, allaitantes, n’ont pas l’approbation masculine.

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