Couple et sexualité

Histoires de couples : duo classique

Le mariage, les enfants, la maison!

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Karine Roy, 33 ans, et Christian Rioux, 39 ans.

En couple depuis 16 ans. Papa et maman, mais avant tout amants.

Un couple marié et sa descendance dans leur maison confortable, un pitou, un char, une piscine. Ce modèle classique a beau être moins in qu’avant au Québec, il fait parfaitement l’affaire de Karine et Christian.

Le beau châtain ne s’était pourtant pas distingué le soir de septembre 1997 où tout a commencé. Pompette, il jouait au billard « comme un pied » dans une taverne miteuse de Dorion, à l’ouest de Montréal, où la bière pas chère attirait la fine fleur de la région, se rappelle Karine en riant. Le blason de Christian ne s’est pas redoré quand il a déboulé l’escalier, avant d’aboutir dans les toilettes, le foie à l’agonie. Mais le cœur a ses raisons… « Son sourire m’avait marquée, son humour aussi. » Karine avait flairé le gars vaillant et généreux. Lui a eu un faible pour sa tignasse frisée et son énergie de bâtisseuse. Chacun s’est démené pour obtenir le numéro de téléphone de l’autre, sans avoir le courage de le composer. Chacun s’est présenté au même bar paumé le samedi suivant, dans l’espoir de se revoir.

Ça fait 16 ans et ils se trouvent toujours aussi drôles et sexy. Ils ont un fun noir à voyager ensemble, s’appuient sans réserve dans leurs projets. Même si sa « nonchalance » à lui l’énerve, même si ses « états d’âme » à elle le font damner. Même si, par moments, ils se tiennent pour acquis.

Les gens s’étonnent de la longévité de leur couple, formé à l’âge des folâtreries (Karine avait 17 ans au moment de leur premier baiser, Christian, 23). « C’était si simple, si naturel entre nous que je n’ai pas eu peur de foncer. On a acheté notre première maison quand j’ai eu 19 ans, et 4 ans plus tard, j’accouchais de notre fille aînée ! »

Un coup de chance, ce bonheur tout chaud ? En partie, admettent-ils. Après tout, rien ne garantissait l’accord de leurs goûts et de leurs tempéraments au fil des années. « Mais il y a surtout beaucoup d’efforts pour ne pas se perdre », insiste Christian.

Ainsi, il a dû s’accrocher durant les longs mois où sa « Didi » a touché le fond de la déprime. Entre autres, après le divorce de ses parents et, plus tard, après la naissance de leurs deux filles, Kassyana, 10 ans, et Gabriela, 6 ans. « J’étais super agressive, je remettais tout en question, y compris mon couple », confesse Karine.

Et puis, il y a l’écueil du quotidien, qui transforme par moments les amoureux en colocs. Lui codirige sa propre entreprise en ferblanterie, elle travaille en logistique pour une société, en plus d’organiser des mariages et des activités d’entreprises, Kassy joue au soccer quatre fois par semaine, Gaby pratique le piano, le soccer et le karaté… Résultat : mari et femme se croisent un gros 10 secondes par jour dans le portique. Le week-end, sur le canapé, on dort avant d’avoir commencé le film.

duo-classique-photosMais rien ne leur ferait manquer leurs rendez-vous doux : au moins un resto par mois, un week-end dans un spa de temps en temps, un voyage par année. Pas question d’emmener les enfants. C’est le moment de « de se la jouer champagne et dentelles ». « On se sent zéro coupables : ça prend d’abord un couple en santé pour faire tenir le reste », dit Karine. Pas question non plus de trimballer leurs cellulaires. « On se parle, à la place ! » ajoute Christian, qui s’indigne de voir tant d’amoureux se « texter dans la face ».

Ils soulignent du coup leur chance d’avoir des grands-mamans en or qui s’occupent des petites au besoin. Un soutien fondamental, sans lequel les occasions d’intimité seraient pas mal plus rares. « On leur doit en partie la réussite de notre couple. »

Ce sont aussi les projets qui nourrissent leur relation – rénover la maison, apprendre la plongée sous-marine, planifier des voyages… ou décider de se marier, comme ça, après toutes ces années. C’est ce qu’ils ont fait l’été dernier, entourés de leurs nombreux amis. « Le plus gros party de notre vie », dit Christian, qui a demandé la main de sa belle un genou à terre, sur une plage déserte des Bahamas, à la stupéfaction totale de Karine. « Il me disait tout le temps que le mariage, ça ne servait à rien ! Pour moi, ce geste a scellé notre engagement. »

La suite, ils l’imaginent dans une maison au bord de la mer des Caraïbes, au Costa Rica, quand les filles seront parties. Ils vont continuer de s’obstiner, c’est certain. « On a compris depuis longtemps qu’on ne ­pouvait pas changer l’autre. » Mais c’est ensemble qu’ils veulent devenir vieux.

La norme au Québec

Parmi les couples avec enfants, Karine et Christian forment ce que Statistique Canada appelle une « famille intacte », c’est-à-dire un couple et les petits nés de cette union. Ce modèle demeure celui de la majorité des familles au Québec :

83,9 % contre 16,1 % de familles reconstituées.

Même si l’union libre est en pleine expansion, au Québec, la proportion des couples avec enfants qui sont mariés est de 3 sur 5 (et grimpe à 3 sur 4 dans les grandes régions de Montréal et Laval).

Se passer la bague au doigt est un peu plus populaire depuis 10 ans. Il y a eu au moins 23 000 mariages en 2013, dont 2 % unissant des conjoints du même sexe.

Les tourtereaux qui convolent en justes noces pour la première fois le font désormais plus tard dans leur vie : ils ont en moyenne 7,5 ans de plus que les mariés des années 1970.
À lire : tous les articles du dossier spécial Histoires de couples.

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