Société

Le vrai printemps, c’est l’automne

La chronique de Louise Gendron.

Marie-Reine Mattera

Photo : Marie-Reine Mattera

Vous souvenez-vous ? L’odeur des cahiers neufs. Les manuels dont la reliure craque un peu quand on les ouvre pour la première fois. La promesse des mystères (celui des multiplications à deux chiffres ou celui du calcul « démentiel et infernal ») qu’on va élucider cette année.

Pas besoin d’être à l’école pour ressentir cette fièvre. Même pour les grandes filles, l’automne, c’est le temps de tous les commencements. Qu’est-ce que je fais cette année ? Natation ? Jogging ? Zumba ? Je m’inscris à des cours de cuisine thaï ou je commence à tricoter ? Pourquoi ne pas me mettre, enfin, à l’italien ? Je me doute bien que tout ça ne va pas arriver – on peut tout faire dans la vie, mais pas tout en même temps. Mais ma petite fille intérieure, elle, y croit.

L’automne est un merveilleux cadeau. Gracieuseté, en partie du moins, de notre climat et des saisons qui ponctuent nos vies. Il suffit d’aller passer un an en Californie, ou dans n’importe quel lieu doté d’une température égale toute l’année, pour s’apercevoir qu’à 320 jours par an, même le soleil finit par être ennuyant. D’ailleurs, les Californiens ne sont pas plus heureux que leurs compatriotes du Midwest, qui vivent, comme nous, dans un climat tempéré.

Oui, bien sûr, tempéré veut dire des hivers de cinq mois et des étés à 200 % d’humidité. Avec, entre les deux, un printemps de quatre jours (il fait 10° le jeudi et 32° le lundi suivant). Trop court pour changer les pneus, brancher l’eau dans le jardin, magasiner un brin et perdre les trois kilos mystérieusement accumulés depuis Noël.

Mais il y a l’automne. On dira ce qu’on voudra, le vrai printemps arrive fin septembre. Oui, il y a de petits désagréments. Dans deux mois, il fera noir à 16 h et il pleuvra un jour sur deux. Mais, grande consolation, on sera plus productives (on travaillerait en moyenne 30 minutes de plus les jours où il fait mauvais). Plus efficaces (une étude très sérieuse effectuée auprès de banquiers japonais a constaté qu’ils accomplissaient leurs tâches plus rapidement les jours gris).

Et même plus allumées ! Un éminent psychologue américain a démontré qu’il lui était plus facile de faire avaler un raisonnement boiteux à ses étudiants quand il faisait beau. Et qu’ils devenaient nettement plus critiques quand il faisait froid et pluvieux. Ah.

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