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Le fil rouge

« Pour les mères de nos enfants nés en Chine ».

Photo: Masterfile Royalty-Free

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Deux mères adoptantes ont cherché à rétablir le lien entre nos enfants venus de Chine et les femmes qui ont un jour été forcées de les abandonner.

Selon une légende chinoise, un fil rouge ténu mais incassable relierait entre elles les personnes destinées à se rencontrer. Peu importe le temps, peu importe la distance qui les sépare. C’est autour de cette image que les auteures du Fil rouge, Nicole Michaud et Maryse Parent, elles-mêmes adoptantes, ont brodé quand elles ont eu l’idée de publier un recueil de lettres écrites par des parents québécois aux mères de leurs enfants nés en Chine. Des messages lancés comme des bouteilles à la mer. Des témoignages de gratitude, d’amour, livrés par des mères, des pères et parfois même des grands-parents, à celles qui ont donné la vie à leurs enfants adoptifs.

« Vous, la mère de ma fille, vous êtes ma sœur, écrit une maman. Depuis son enfance, je sens le besoin de vous parler, d’elle, de moi et de nous… »

« Ma fille fut, est et sera toujours pour moi l’illumination d’une vie, note un père. Et si la génétique a un sens, et je crois sincèrement qu’elle en a un, alors je vous dis, chère madame, qu’elle est à ce point un être riche que la femme qui l’a mise au monde ne peut être que quelqu’un de très bien. »

Les instigatrices du projet ont été de la première vague d’adoption en Chine, amorcée au début des années 1990. À cette époque, ce pays, aux prises avec un grand nombre de bébés abandonnés depuis la mise en place de la politique de l’enfant unique, décidait d’ouvrir ses portes à des parents étrangers. Tandis qu’au Québec la législation en matière d’adoption internationale était modifiée pour faciliter les démarches. « Une conjoncture historique qui a donné lieu à un véritable petit “baby-boom” », explique Maryse Parent. Comme Nicole Michaud, elle a ­adopté sa fille en 1991. Depuis, plus de 6 000 enfants chinois sont venus se blottir dans les bras de parents ­québécois et créer des milliers de nouvelles familles.

Les auteures savent bien que ces lettres n’atteindront jamais leur destinataire, à moins d’un miracle. Dans le pays le plus peuplé du monde, pour être « adoptable », le nourrisson doit être sans filiation aucune. Sa famille ne peut être identifiée. L’enfant est laissé dans la clandestinité, avec parfois, près de lui, « un mot bouleversant, une note griffonnée d’un prénom ou d’une date de naissance, ou encore un humble présent en guise de cadeau d’adieu ». Mais sans rien qui puisse le relier à ses parents.

De toute façon, disent les auteures, s’adresser à la mère était un prétexte pour « raconter l’histoire de nos enfants, dont on est si fières ». On a même pris le parti de ne pas faire signer les lettres. « Nous voulions privilégier le message plutôt que le messager, indique Nicole Michaud, tout en préservant la vie privée des parents, et surtout des enfants, pour la plupart trop jeunes pour donner leur accord. »
Peu importe, le message passe. Et la chaleur, la sincérité de ces lettres d’amour toucheront non seulement ceux qui ont adopté un enfant, peu importe où, mais tous les parents.

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Le fil rouge – Pour les mères de nos enfants nés en Chine
Par Nicole Michaud et Maryse Parent, Libre Expression, 2012, 240 pages

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