Le congé parental, on est nombreux à en profiter grâce à l’indispensable Régime québécois d’assurance parentale (RQAP). Mais j’ai envie de brasser quelques idées à ce sujet.
Au Québec, les prestations du RQAP doivent absolument être prises dans les 52 semaines suivant la naissance de l’enfant. Dans le régime de base, 18 semaines sont réservées à la mère, 5 sont exclusives au père et 32 semaines peuvent être partagées entre les deux parents. Ce programme est l’un des plus généreux sur la planète, surtout pour les nouvelles mamans qui sont nombreuses à se prévaloir de la plus grande partie du congé parental.
Mais imaginez un instant qu’on ne change qu’une condition dans l’équation. Imaginez qu’on puisse prendre ces semaines de congé jusqu’à 5 ans après la naissance de l’enfant, voire 16 ans après l’accouchement.
Fou? Un peu. Mais ça vaut la peine de l’imaginer.
Pensez à toutes les occasions où vous auriez aimé avoir une semaine de lousse pour être avec votre enfant. Ce serait aussi très pratique lors des rentrées progressives et des semaines de relâche. Et que dire des premiers hivers difficiles avec un bambin, ceux où un virus n’attend pas l’autre?
On voit très bien les applications d’un tel congé pendant l’enfance. Mais pendant l’adolescence?
Eh bien, il semble que les ados bénéficieraient d’une présence parentale accrue. Dans une récente étude sur le temps que passent les mères avec leurs enfants, l’une des conclusions était la suivante: plus les adolescents ont l’occasion de passer de temps de qualité avec leur mère, moins ils font preuve de délinquance. Passer du temps de qualité avec les deux parents est aussi une donnée qui influence de façon positive le développement et l’état émotionnel de l’adolescent.
Ce que je comprends, c’est que pendant cette période intense et pleine de changements qu’est la puberté, les adolescents ont besoin de sentir que leurs parents sont disponibles et à leur écoute. Le congé parental pourrait être utilisé pour surveiller leurs allées et venues après l’école et leur éviter de faire des niaiseries, comme le suggérait cette auteure dans le New York Magazine. Mais selon moi, c’est une interprétation dangereuse qui encourage la surprotection à la manière des parents hélicoptères. Prendre ce temps pour faire des activités en famille ou simplement être ensemble, plus relax, me parait plus judicieux.
Je suis certaine qu’on pourrait trouver d’autres avantages à un congé parental allongé. En offrant la possibilité d’en profiter à un autre moment que lors de la première année de vie de l’enfant, on verrait probablement émerger d’autres scénarios de partage au sein des couples que « maman > papa ». Peut-être que cette nouvelle flexibilité signifierait davantage d’équité dans le partage des tâches familiales?
Bien sûr, je rêve. Le concept n’est pas réaliste, il devrait être nuancé, raffiné. Mais l’exercice est intéressant pour questionner ce que le système actuel engendre comme attentes et comportements chez les parents.
En attendant, je continue d’envier la Suède (je sais, cliché), où le congé parental peut durer jusqu’à 480 jours.
Si vous pouviez étirer votre congé parental, à quel moment le prendriez-vous?
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