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Culture

Livre du mois: Un coeur sombre

Le roman Un coeur sombre fait le portrait saisissant d’un antihéros en quête de rédemption dressé par le maître du roman noir
Par Monique Roy

livre.du.mois.un.coeur.sombre.r.j.ellory.articleL’histoire

Afin de conserver son pouvoir, le chef de la pègre d’East Harlem compte sur de précieux informateurs, parmi lesquels un inspecteur de police qui, depuis 15 ans, est devenu un peu son bras droit. Or, cet homme éprouve le besoin de rompre ce lien toxique. Avec l’aide de petits truands, il planifie un coup très risqué qui lui permettrait de rembourser ses dettes colossales et de « redevenir quelqu’un ». Rien ne fonctionne comme prévu : des morts, une fillette blessée, un véritable massacre qui éveille les soupçons du « parrain »...

Les personnages

Vincent Madigan, 42 ans, deux ex-épouses, quatre enfants qu’il voit rarement. Policier brillant, mais pourri. A perdu foi dans le système. Sandià, caïd sans « âme, ni cœur, ni conscience », contrôle tous les gangs, tous les trafics – drogue, alcool, jeu, prostitution. Isabella Arias et sa fille Melissa, otages de ce mafieux. Bernie Tomczak, joueur invétéré rapide sur la gâchette. Cassie, 18 ans, fille aînée de Madigan, seul point lumineux dans ses ténèbres.

On aime

L’auteur construit et démonte une irréprochable machine infernale. Dès la première ligne, la tension est là, lancinante, et ne retombera pas. Les mœurs corrompues que dépeint la fiction ressemblent à s’y méprendre aux cancers qui rongent les grandes villes en dépit des enquêtes, commissions et autres nettoyages...

livre.du.mois.un.coeur.sombre.r.j.ellory.auteur.article Photo: Hacquard/Opale/Sonatine Editions

L’auteur

Roger Jon Ellory est né en Angleterre en 1965. Orphelin, il grandit en institution en compagnie de son frère. Il connaît une jeunesse délinquante, tâte de la musique, de la photographie et d’un peu de prison. Il fait des études littéraires, écrit sans succès 22 thrillers. Au bout de 600 lettres de refus, un éditeur anglais finit par publier son premier roman, Candlemoth, en 2003. Depuis, tous les livres de R.J. Ellory – Un cœur sombre est le neuvième traduit en français – sont des best-sellers.

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Sonatine Éditions, traduction de Fabrice Pointeau, 496 pages

POUR LIRE UN EXTRAIT DU ROMAN UN COEUR SOMBRE

Les critiques du Club de lecture Châtelaine

isabellegoupilsormanyIsabelle Goupil-Sormany

J’ai aimé : C'est un roman d'une efficacité redoutable. L'écriture aux nombreux rebondissements est incroyablement serrée et bien tissée. La plupart des romans policiers sont construits autour de l'erreur qui trahira le meurtrier. Ici, les erreurs s'accumulent sous une certaine forme d'impunité qui crée un malaise constant. Ce roman est tordu et fascinant jusqu'à la dernière page.

J'ai moins aimé : Madigan est un pourri de la pire espèce auquel on s'attache peu à peu. L'auteur rend moral l'immoral. Par ailleurs, les rappels narratifs de Madigan sont de trop à mon sens et jouent un peu trop sur cette corde. C'est un procédé littéraire peu contributif qui en vient à rendre explicite ce qui aurait pu rester tacite et intuitif. Heureusement, l'auteur ne maintient pas ce procédé longtemps.

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Autres commentaires : Soyons honnête, il m'en faut beaucoup pour aimer sincèrement un policier. Je suis aussi très difficile sur les page turner, détestant me sentir manipulée par l'intrigue. Or, la recette du bon polar est respectée en tout point pour m'énerver dans ce roman. Pourtant, j'ose l'admettre, derrière les clichés du genre, l'auteur, Roger Jon Ellory, a su mériter mon respect. Chapeau!

Ma note sur 10 : 9

mariellegamacheMarielle Gamache

J'ai aimé : Tout. À commencer par l'intrigue tissée autour d'un personnage principal magistralement campé. L'auteur s'investit à profusion dans l'autoanalyse et la rétrospection de son héros pour lui insuffler une certaine dose d'humanité, et c'est ma foi fort bien réussi. Cet aspect psychologique m'a beaucoup plu; il module l'histoire très sombre voire horrifique qui tient en haleine d'un couvert à l'autre. L'écriture est impeccable.

J'ai moins aimé : Rien de particulier, si ce n'est le regret de l'avoir terminé. Un deuil s'impose.

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Autres commentaires : C'est ma première incursion dans l'univers de R.J. Ellory. Sans être une fan finie de romans policiers, j’ai été complètement conquise par Un cœur sombre.

Ma note sur 10 : 10

Anja_DjogoAnja Djogo

J’ai aimé : Un cœur sombre commence en force et laisse présager un thriller où la ligne entre le bien et le mal, les vilains et les héros, se brouille sans cesse.

J’ai moins aimé : Malgré la prémisse de base intéressante, mon intérêt pour ce livre s'est vite étiolé. J'ai trouvé que les constantes lamentations du personnage principal ralentissaient le rythme du livre, qui n'est réellement palpitant que durant les 50 premières et dernières pages. L'ajout de chapitres narrés directement par le personnage ne fait d'ailleurs rien pour améliorer la situation puisqu’ils ne semblent que prolonger une intrigue déjà trop lente.

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Autres commentaires : Intrigue intéressante qui aurait grandement mérité d'être resserrée.

Ma note sur 10 : 5

NathalieThibaultNathalie Thibault

J’ai aimé : Un vrai bon polar pour combler ces heures sombres de novembre… L’auteur prend un soin maniaque à nous décrire les scènes, les décors, les expressions faciales des personnages, les sons et les odeurs qui habitent les lieux, les jeux d’ombres sur le mur, le confort des sofas, le goût âcre des lendemains de veille! C’est pourquoi c’est si prenant comme roman. On le vit! L’inspecteur Madigan est un bon garçon, un ami et un amoureux potentiel. Mais il n’agit pas toujours comme il le faudrait. Il le sait et c’est bien la raison pour laquelle on s’y attache. Si, parfois, on craint comme lecteur le dénouement évident, logique et prévisible, l’auteur parvient à nous déjouer. L’éternelle opposition entre le bien et le mal, entre l’autoflagellation parfois affligeante de Madigan et le cynisme existentiel, entre les relents optimistes et naïfs et la rédemption utopique, mais possible…

J'ai moins aimé : Cette espèce de philosophie judéo-chrétienne qu’adopte la mafia et qui justifie tout : on donne et on prend, œil pour œil… Madigan tente de la faire sienne et, heureusement pour nous, il se pose davantage de questions sur ces clichés inévitables lorsqu’on trempe dans un milieu de misère et de crime. J’ai eu mes divagations de lectrice sur la tournure des événements ou sur le personnage de Walsh en particulier, que j’aurais exploité comme le Madigan vierge des premières années de sa carrière et qui aurait pu, dans mon scénario, devenir tellement plus vilain, plus encore que Madigan… Je pense que l’auteur a eu raison de ficeler son roman ainsi et de ne pas suivre mes conseils!

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Ma note sur 10 : 8

SoniagrattonSonia Gratton

J’ai aimé : L'intrigue! Elle est complexe, bien ficelée, et on a envie de poursuivre la lecture pour savoir qui va réussir à se sortir du pétrin. Le premier punch (qui arrive par un coup de fil) est vraiment réussi et ce serait dommage d'en avoir trop su avant la lecture... parfois les critiques en disent tant dans leurs papiers qu'on se demande pourquoi lire le bouquin!

J’ai moins aimé : Les gros clichés véhiculés par le héros... alcool, drogues, jeu, armes, dettes, et surtout les femmes! Créatures cupides et rabat-joies, désirables à vos risques et périls et, bien entendu, «toutes pareilles»! Le héros se déploie avec une masculinité ostentatoire – faisant penser tantôt à Charles Bukowski, tantôt à Philippe Djian dans leurs pires moments – qui semble plaquée là et qui manque autant de profondeur que de vérité. On dirait que l'auteur s'est créé un personnage sur mesure pour pouvoir enfin dire des énormités sous le couvert de la fiction! C'est d'un machisme crasse, et on frôle le racisme aussi... En outre, l'intrigue se passe à New York mais on ne le sent pas, la traduction franchouillarde ne rendant pas bien l'ambiance, ni service à cette écriture presque simpliste mais tout de même efficace.

Ma note sur 10 : 6

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SandrineDesbiensSandrine Desbiens

J’ai aimé : J’avoue que le début de l’histoire donne l’eau à la bouche, car le personnage est très flou alors que l’on met l’accent sur le gros coup prévu. Quelques pages plus loin, revirement de situation, l’auteur se concentre sur Vincent et le braquage passe au second plan. J’aime la logique qui suit le raisonnement de Vincent chaque fois qu’il pense faire quelque chose et le fait qu’il sache que chaque matin puisse être son dernier. On se laisse surprendre par la brutalité de certains personnages, comme Bernie et Isabella, et leur sang-froid face aux situations tordues dans lesquelles ils sont impliqués. L’histoire est prenante jusqu’au bout et la fin est délicieusement intrigante.

J'ai moins aimé : L’éternelle remise en question de Vincent tout au long du livre. À mesure que l’on s’attache à lui, on se fait constamment rappeler son côté mauvais et ses mauvaises décisions. Par moment, on oublie l’existence de personnages comme Mélissa ou encore Walsh et tout d’un coup ils reviennent dans l’histoire. Petit point agaçant: les titres des chapitres ne donnent pas d’indice sur ce qui allait suivre, donc où est l’utilité?

Ma note sur 10 : 8

ChristianAzzam-1Christian Azzam

J’ai aimé : Comme pour tout roman policier avec le moindrement de prétention, l’envie de poursuivre la lecture doit nous être donnée dès les premières pages du livre et les suivantes doivent se tourner toutes seules jusqu’à ce qu’on arrive, le souffle court, au terme du récit. C’est bien le cas du dernier Ellory. Cet auteur connaît la recette et ajoute à chaque chapitre un nouvel ingrédient, souvent inattendu, pour nous tenir en haleine. L’aspect psychologique de ce polar est également d’intérêt.

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J’ai moins aimé : Je l’ai déjà écrit ici: je ne suis pas un adepte des romans policiers. Sous cette réserve et sachant que nous sommes toujours influencés par nos a priori, je vous révèle quand même avoir été agacé par le style, que j’ai trouvé fort peu recherché, par ces titres de chapitres en anglais, par ces clichés retrouvés tout au long de l’histoire, par l’impression que j’ai eue que l’histoire a été construite en suivant une recette que l’on sait gagnante et dans le seul but d’accrocher le plus grand nombre. Mais ne m’écoutez pas, lisez ce livre, vous allez adorer.

Ma note sur 10 : 7

Raphaelle-LambertRaphaëlle Lambert

J’ai aimé : Un roman noir, un peu glauque, qui nous entraîne dans des atmosphères d’entrepôts désaffectés, de ruelles sombres et sales où se fomentent les coups foireux qui pendent au nez de policiers dépassés par l’ampleur de la tâche. Une ville, un quartier où c’est le caïd lui-même qui distribue les informations sur quel coup se fera, quand et qui prendre… À travers la violence ordinaire des quartiers mal famés se démènent les policiers corrompus, ceux qui les traquent et ceux qui tombent malgré eux dans le piège de la complicité avec les réseaux criminels. Le livre est le désastre intérieur d’un de ces policiers, qui ne peut plus vivre sans cachets, sans alcool, sans quoi que ce soit qui fera taire les voix qui geignent et qui crient en lui. Paraître en contrôle en pleine débâcle, paraître calme quand le cœur veut sortir de la poitrine, oublier les échecs personnels en étant efficace professionnellement. Un roman plein de rebondissements, plein d’actions, de tentatives de rédemption et de mensonges.

J’ai moins aimé : Ça peut être passablement déprimant car on est collés sur les mensonges, l’angoisse, l’anxiété, le stress du personnage, on espère pour lui que ça finira bien malgré tout… J’ai trouvé la fin un peu prévisible, mais le livre se lit vraiment bien.

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Autres commentaires : Un bon livre d’automne, qui ne donne pas le goût de sortir!

Ma note sur 10 : 8,5

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