Culture

J’ai changé de vie pour devenir comédienne : Chloé Germentier

Qui n’a jamais rêvé de quitter son job de bureau pour vivre de sa passion ? Chloé Germentier l’a fait en devenant comédienne. À 38 ans, cette Québécoise d’adoption, née en Corée du Sud et ayant grandi en Belgique, prouve qu’il n’est jamais trop tard pour repenser son destin.

Chloé Germentier

Photo : Joannie Lafrenière

Ce que je faisais avant

J’ai travaillé pendant 16 ans en tant qu’assistante pour la Représentation commerciale de Bruxelles à Montréal. J’aidais des entreprises belges à exporter leurs produits et leurs services au Québec. J’ai adoré cette expérience riche en contacts humains, qui me permettait de garder un lien avec le pays où j’ai vécu 24 ans.

Pourquoi j’ai choisi de vivre ici

Je suis tombée amoureuse de la ville de Montréal lorsque je l’ai visitée avec mes parents, en 2000. Quatre ans plus tard, quand s’est présentée une occasion d’emploi, j’ai appelé le patron en lui disant : « Ne cherchez plus, j’arrive ! » J’aime la mentalité nord-américaine qui pousse à toujours aller de l’avant. En Europe, on est très conditionné par d’où l’on vient, ici on est reconnu pour ce qu’on est capable d’accomplir.

Ce que je fais maintenant

Je suis comédienne, mais aussi conteuse et artiste peintre. Je cultive ces passions depuis l’enfance. À 17 ans, j’ai failli m’inscrire au conservatoire, mais je n’ai pas osé. J’ai plutôt entrepris des études de sciences économiques, sociales et politiques. Je n’ai cependant jamais cessé de faire du théâtre amateur et, à l’approche de la quarantaine, j’ai décidé de m’y consacrer pleinement.

Ce qui a provoqué le changement

En 2018, j’ai obtenu un rôle dans la série Appelle-moi si tu meurs (Club Illico). Je faisais de la figuration depuis des années, mais sur ce tournage, j’ai senti que j’étais à la bonne place. Ça goûtait bon, je voulais continuer. C’est comme si cette petite graine plantée en moi avait enfin germé. Je me sentais prête à la laisser fleurir.

Mes débuts ont été…

Difficiles ! J’ai démissionné de mon poste cinq jours avant l’annonce du premier confinement. Plus de tournages, plus d’auditions, je me suis sentie désœuvrée. Mais j’ai vite trouvé de quoi m’occuper. J’ai fait imprimer mes peintures sur des cartes pour les vendre, j’ai lu des histoires à des personnes isolées avec le mouvement Au creux de l’oreille et j’ai créé la page Facebook « Chloé vous conte une histoire » pour publier mes capsules de lecture pour enfants. Puis, j’ai décroché un rôle dans le film L’inhumain, présentement à l’affiche.

Une qualité qui m’a aidée

Je ne m’impose aucune limite. Je crois que dans la vie, quand on veut quelque chose, on doit tout faire pour l’obtenir. Lorsque j’ai décidé de devenir comédienne, je voulais être représentée par une agente renommée. Mais elle ne prenait pas de nouveaux talents. Alors j’ai forcé le destin. Je suis passée la saluer à son agence, et on s’est si bien entendues qu’elle a finalement accepté de me prendre sous son aile.

Chloé Germentier

Photo : Joannie Lafrenière

Ce que j’aime dans ma nouvelle vie

J’ai vraiment l’impression de vivre avec mes tripes. J’adore ça ! C’est une vie bohème, on ne sait jamais quand le téléphone va sonner, mais comme je suis toujours disponible et énergique, cela me convient. J’utilise aussi le côté plus organisé de la femme d’affaires que j’étais pour faire de la prospection et créer des occasions.

Un obstacle que je dois surmonter

Comme je fais partie d’une minorité visible, mais aussi audible, disons que ça prend un peu plus de temps pour faire ma place. Jusqu’à présent, j’ai beaucoup joué des rôles de médecin. C’est un peu le cliché des Asiatiques ! Ça ne me dérange pas, mais j’ai hâte de jouer des personnages plus que des fonctions.

Une particularité que je cultive

Ma voix. J’ai fait du doublage de dessin animé pour la première fois l’automne dernier et j’enregistre des capsules de lecture. La voix s’embellit avec le temps, se remplit de vécu, devient plus dense… Je trouve ça magnifique.

Une chose que je regrette de mon ancienne vie

Être travailleuse autonome est quand même assez anxiogène. On ne sait jamais de quoi le mois prochain sera fait. Mais la stabilité liée à mon ancien emploi me consumait à petit feu, alors j’apprends à apprivoiser ce nouveau rythme.

Ce qui me rend fière

Oser avoir de grands rêves et m’être donné les moyens de les réaliser. Bien sûr, ce n’est pas toujours facile. Parfois, on est mort de trouille. Comme dans ce petit moment, juste avant une audition, où je me liquéfie sur place en me demandant pourquoi je suis là. Mais relever de tels défis nous pousse toujours plus loin !

Un conseil que je donnerais aux femmes qui aspirent à un changement de carrière

On a toutes une petite voix intérieure qui nous dit ce qu’on aime ou pas. Il faut l’écouter. Souvent, la vie d’adulte nous en éloigne. Et puis, il faut faire confiance au lendemain. J’ai été abandonnée dans la rue alors que je n’avais que quelques jours… Quand je vois la vie que je mène aujourd’hui, je me dis que j’ai forcément une bonne étoile !

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