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Voyages et escapades

Kerala: un concentré de beauté

Voyage dans un petit État du sud de l’Inde, si beau qu’on le surnomme «le pays de Dieu».
Par Marie-Soleil Desautels

Communier avec une nature éblouissante en Inde, le deuxième pays le plus peuplé du monde? Eh oui! Il suffit d’oser le Kerala, un petit État du sud surnommé le «pays de Dieu». Un peu exagéré? On pourrait le penser. Mais on est prêt à le croire quand on explore ses labyrinthes de rivières, de canaux et de lagunes, ses plages, ses jardins de thé et d’épices, et ses réserves naturelles remplies d’animaux sauvages.

Kerala: un concentré de beauté

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Pas de doute, c’est le royaume des cocotiers. Il y en a partout. Ils longent les routes, bordent les plages et rehaussent la saveur des mets. Le toponyme «Kerala» signifie «terre des cocotiers», c’est tout dire. Moi qui raffole de l’eau rafraîchissante d’une noix de coco verte, scalpée à coups de couteau, je suis au paradis!

Kerala: un concentré de beauté

Et que dire des Backwaters, un réseau de 900 km de canaux, de rivières, de lacs, de lagunes, d’anses et d’estuaires façonnés par les mouvements de la mer et des hommes! Ce gigantesque labyrinthe abrite un écosystème unique. Il est utilisé depuis des siècles pour le transport, la pêche et l’agriculture. C’est en y naviguant qu’on découvre le quotidien des Kéralais. Toutes ces caractéristiques ont mené, dès 1999, le magazine National Geographic Traveler à désigner le Kerala parmi les 50 destinations à voir dans une vie. Pour les merveilles de sa nature, bien sûr, mais surtout pour les conditions de vie. Aujourd’hui encore, et malgré la pauvreté, ses 34 millions de citoyens jouissent du plus haut indicateur de développement humain au pays.

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Sur les canaux plus larges, on croise des kettuvallams. Ces embarcations à la coque en bois et au toit de chaume étaient autrefois utilisées pour transporter du riz ou autres denrées. Le tourisme les a transformées en palais flottants intimes.

C’est donc à bord d’un bateau-maison que je ballotterai et dormirai à partir d’Alappuzha, parfois appelée la Venise de l’Est. Un millier de péniches sillonnent les Backwaters. Une fois installé, on n’a plus que deux choses à faire: se relaxer et dire «mathi, mathi!» («assez, assez!») pour décliner la suite du festin servi sans fin.

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Au petit matin, après m’être désaltérée avec l’eau d’une énième noix de coco, j’embarque dans un kayak pour visiter les Backwaters de Kumarakom, près du plus grand lac d’eau douce de l’État.

La vie quotidienne se déploie le long des berges. Des hommes en longhi (pagne indien) se rafraîchissent dans l’eau. Des femmes en sari coloré y nettoient la vaisselle ou y font la lessive. Des enfants m’envoient la main. À bord de pirogues, des pêcheurs taquinent le karimeen, un poisson délicieux. «Namaskaram!» se salue-t-on à chaque occasion.

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Il y a bien d’autres raisons de qualifier le Kerala de petit paradis. Destination peu commune, cet État est constitué d’une étroite bande de terre qui s’étend sur 600 km, dans le sud-ouest de l’Inde. Il couvre à peine plus de 1 % du pays. La mer d’Arabie le baigne à l’ouest, avec des plages de sable fin à profusion. Et, à l’est, se trouvent les montagnes des Ghats occidentaux couvertes de thé, dont le plus haut sommet culmine à 2 695 m. C’est d’ailleurs en cherchant une route pour les épices – dont le fameux poivre – du Kerala, que Christophe Colomb a découvert l’Amérique! Entre l’ouest et l’est, une biodiversité exceptionnelle.

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Les maisons sont très colorées: fuchsia, orange, jaunes, bleues ou turquoise. Mais il n’y a pas que les couleurs qui se mélangent ici: les religions également. Des temples hindous, des mosquées et des églises se côtoient dans une tranquille harmonie. La tolérance religieuse est l’une des fiertés de cet État, dont 56 % de la population est hindoue, 24 % musulmane et 19 % chrétienne. Lors des fêtes sacrées, une coutume, la pakarcha, incite d’ailleurs les croyants à partager leur repas avec des amis ou des voisins pratiquant d’autres religions que la leur.

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Les canaux séparent des rizières, vertes comme l’émeraude ou jaunes comme l’or, selon la saison. Des nénuphars flottent sur l’eau. Martins-pêcheurs, jacanas bronzés et milans sacrés volent ou se reposent. Kumarakom abrite une réserve naturelle de 14 acres qui ravit les ornithologues amateurs.

Devant moi, un homme en pirogue accoste. Habillé d’une chemise à carreaux et d’un longhi orange, il empoigne une cruche. Avec l’agilité d’un singe, il grimpe jusqu’à la couronne de feuilles d’un arbre et récupère la sève qui s’écoule des tiges de fleurs coupées. Le précieux liquide fermente rapidement, devenant en deux heures un vin alcoolisé à 4 % qu’on nomme ici toddy. J’y goûte: c’est léger, aigre, un peu sucré, et assez loin de la noix de coco!

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Ici, sur le bord de la route dans les Ghats occidentaux, une chaîne de montagne plus ancienne que celle de l’Himalaya, il faut faire attention aux… éléphants! Quelques affichent indiquent ici et là qu’il faut être vigilant. Si l’on n’a pas la chance d’en voir passer, on peut en observer dans la réserve de tigres de Periyar, entre autres. Dans ce parc national, on trouve un millier d’éléphants d’Asie et une quarantaine de tigres.

Cinq guides et un garde forestier armé accompagnent le groupe auquel je me suis jointe. La chaleur est si intense que, rapidement, nous suons à grosses gouttes. Notre présence dérange des centaines de grenouilles, qui se jettent dans les orchidées sauvages. Des plantes se referment lorsque nous les frôlons. À en croire la force de leurs stridulations, les criquets semblent de taille à pouvoir nous dévorer!

Presque rien (de gros) ne bouge dans la forêt et les clairières. Il n’y a que nous pour marcher sous une telle chaleur. Et nous finissons par croire qu’on nous fait marcher! Des excréments d’éléphant? Bof, des tas de foin plutôt… «Si on a de la chance», chuchotent sans cesse les guides, dans un anglais limité.

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Des gaurs, des bisons indiens, se détachent au loin. On voit traîner ici et là quelques mâchoires de leurs confrères, tués par les tigres. Des hérons, des aigrettes, des cormorans et des guêpiers à queue d’azur strient le ciel.

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De retour sur la route, je poursuis, seule, vers une plantation où poussent de la cardamome verte, du poivre et des dizaines d’autres épices, ainsi que des fruits exotiques. Un arrêt fascinant et instructif, où le propriétaire de la plantation partage ses secrets avec moi. Je glisserai d’ailleurs des épices dans mes bagages.

Pour se dégourdir les jambes, la région de Munnar, réputée pour ses vastes jardins de thé à explorer, s’impose. Partout, des théiers touffus s’accrochent à des pentes douces ou abruptes, jusqu’à 2 500 m d’altitude. Cette mer de verdure, qui ondoie sous le vent dans une infinité de nuances, m’enivre d’un doux parfum. Un souvenir que je goûterai longtemps dans chaque tasse de thé.

Kerala: un concentré de beauté

Pour profiter du soleil, rien de tel que les rives de la mer d’Arabie. Dans le sud du Kerala, on se détend sur la plage de Varkala, magnifiquement bordée de falaises. Si l’on a envie d’un peu plus d’action, on choisit plutôt celle de Kovalam, avec ses dizaines de restaurants et de boutiques. La majorité des Indiennes vont à l’eau vêtues de leur sari. Quelques-unes préfèrent le bikini, que les puissantes vagues auront tôt fait d’arracher… ou presque! Et puis, la plage, c’est assurément l’endroit où obtenir sa dose quotidienne de boissons à base de noix de coco! 

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Bon à savoir…

Le confort est à hauteur du budget dont on dispose. On trouve des chambres rudimentaires à bas prix comme des villas avec piscine privée à 800 $ la nuitée. Pour les déplacements, voyager en bus ou en train ne coûte presque rien; il est aussi possible d’avoir un chauffeur privé à un tarif abordable.

La meilleure période pour visiter le Kerala est d’octobre à mars, après la saison des pluies. D’avril à septembre, la chaleur, l’humidité et la mousson s’invitent graduellement, mais on profite de prix réduits et d’une nature luxuriante.

Ce texte est une mise à jour d’un reportage publié le 20 mars 2015.

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