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Twitter et le bel esprit moderne

On parle beaucoup de Twitter en ce moment. Il se crée deux à trois comptes par seconde sur le site de micro blogue qui a fêté ses cinq ans la semaine dernière. Ça fait beaucoup de moineaux.

J’ai joint la secte des gazouilleurs il y a environ un an. Quand on a passé sa carrière avec un fil de presse en intraveineuse nous injectant un rush d’adrénaline à chaque grosse nouvelle, Twitter nous rappelle notre habitat naturel, avec beaucoup plus de bruits. J’y prends ma pause café et j’écoute les conversations de corridors.

Ce qui me fascine le plus d’Internet, c’est qu’à notre image, on y retrouve le meilleur et le pire. Les vieux routiers de l’autoroute de l’information se souviendront de l’IRC (Internet Relay Chat) et les débuts des salons de bavardage. Certaines adresses étaient fort respectables, d’autres, plus minables, que le bar le plus louche en ville.

Tout outil aussi séduisant et utile soit-il, est là pour vous servir et non le contraire. La question n’est pas de savoir si un nouvel outil est bon pour la société, mais s’il vous plait à vous, tout simplement. Malgré les discours d’évangélisation, la technologie n’est pas une religion. On inventera toujours des outils potentiellement dangereux pour votre santé mentale, à vous de choisir comment les utiliser.

Quand je suis débarquée sur Twitter, je me suis imposé quelques règles. Mon temps est précieusement facturable et je ne veux surtout pas ressembler à ces touristes, tellement occupés à tout photographier, qu’ils vivent le voyage derrière leur caméra.

1-  Ne jamais tuer le moment présent pour un Tweet

Bouddha dirait que je ne suis pas dans la plénitude du moment présent si mon esprit est occupé à le »Tweeter ». Il y a des moments que nous devons inscrire dans tous les pores de notre peau avant de les partager. C’est la seule manière de s’en rappeler pleinement. La mémoire affective s’inscrit au profond de nos entrailles.

2- Ne pas me faire tuer pour un Tweet

Au milieu d’un séisme, je vais d’abord me planquer sous une table avant de tweeter au monde entier que la terre tremble.

Ou encore plus simple : je ne texte jamais en conduisant!

3- Les gens d’esprit ont le droit de se taire

En plus des actualités instantanées, l’animal social a une grande soif de mots d’esprit. Je me délecte de la vivacité des invités dans mon grand salon Twitter. L’envie de briller est humaine, mais elle ne doit jamais devenir une obsession de 140 caractères.

Certains d’entre vous se rappellent peut-être le film Ridicule de Patrice Leconte, brillante caricature des salons du XVIIIe siècle? Les invités devaient absolument trouver les bons mots pour briller et un « Ridicule » pouvait briser leur réputation. Twitter me rappele un peu les salons de bel esprit, mais on y croise trop peu de Voltaire.

« On dit d’un homme d’esprit qui se tait, qu’il n’en pense pas moins. »
« Un sot qui se tait n’en pense pas davantage. » (Joute de bel esprit, Ridicule)

4- Ne pas penser ma vie en phrases clip

Amusez-vous à découper votre quotidien en petites phrases « punchées » et vous allez vite vous rendre compte qu’une partie de votre cerveau réécrit votre vie. Bienvenue dans la tête des écrivains, des scénaristes, des compositeurs et de tous les autres, qui comme moi, passent leur journée à jouer avec les mots. Épuisant n’est-ce pas? La bataille de mots continue parfois la nuit aussi! C’est que Twitter est aussi un jeu, une drogue d’écriture.

Voici quand même mon compte Twitter :  http://twitter.com/mlpaquin

Et en prime, une joute de bel esprit du film Ridicule. Charles Berling, Bernard Giraudeau, Jean Rochefort et Fanny Ardant réunis : ce film est un pur délice.

 

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