Ce matin, je lisais ma pile de journaux accumulés (les nouvelles fraîches m’intéressent moins que ce qui a eu le temps de se déposer) et je suis tombée sur une entrevue avec l’économiste Jeff Rubin interviewé par le papa de mon B.
J’adore les scénarios de fin du monde. J’adore les économistes qui jouent aux tireuses de carte. Et j’adhère totalement à celui-ci. Des mousseux canadiens et de la truite gaspésienne? De la grappa de la petite Italie et des pignons québécois? Du boeuf de North Hatley et de l’huile d’origan (ça guérit les rhumes et les sinusites à merveille!) cultivé dans ma cour? Why not?
Quand je pense qu’on va raser la banlieue pour en (re)faire des terres cultivables, quand je pense que le Quartier Dix30 risque d’y passer (et les monster houses qui l’entourent), je n’ai même pas une petite larme au coin de l’oeil. Invitez-moi pour les funérailles. J’apporte les bulles du Niagara et les mouchoirs en tissu brodés.
Notre style de vie ressemblera davantage à celui de nos parents dans les années 60? On réparera nos grille-pains au lieu de les jeter? On consommera moins d’énergie, comme les Européens? Parle-moi d’un progrès.
Hier soir, j’ai revêtu le déshabillé de nuit de noces de ma grand-mère: boxer, soutif, jupon et robe de nuit en soie pêche, ajouré de dentelle, brodé à la main. C’est elle qui l’avait cousu pour le grand jour. Elle était couturière et avait appris la minutie chez les Soeurs. Son joli déshabillé n’a pas dû servir beaucoup; la preuve, il est encore intact. Si ma grand-mère l’avait acheté à La Vie en Rose, je ne suis pas certaine que 70 ans plus tard, je pourrais encore revêtir ce vêtement d’une qualité de confection irréprochable. Le tissu n’a pas bronché, les coutures non plus. Et j’ai la même taille que Deleine à 28 ans, grand bien me fasse.
Une chose est certaine: un jour, on pourra peut-être se remettre à léguer des objets, des vêtements et une histoire à nos enfants. Et le grille-pain pourra traverser les âges, et la robe de baptême résister au temps, et le banc de quêteux présider à la suite du monde. En attendant, je n’ai rien vu chez Dix30 qui me donnerait envie d’être de ce monde dans 30 ans. Plutôt le contraire…