Ébranlé par la pandémie mondiale, le milieu de la mode avait toutes les raisons de tourner le dos aux semaines de défilés. Les foules compactes, les rangées d’invités tassés les uns sur les autres, les coulisses bourdonnantes comme des ruches, les innombrables partys et soirées dans la promiscuité. Un cocktail parfait pour faire grimper « la » courbe de façon exponentielle. Le temps de le dire, les créateurs et leurs équipes ont affronté l’adversité en trouvant des solutions résilientes et sécuritaires.
Avant la COVID-19, certains défilés pouvaient accueillir des centaines, voire jusqu’à 2 000 journalistes, acheteurs et influenceurs venus des quatre coins du globe. Cette saison, on peut compter sur les doigts de la main les designers qui ont choisi un format présentiel, devant un groupe d’invités triés sur le volet (50 maximum).
Le créateur Jason Wu a fait déambuler ses mannequins dans le jardin installé sur le toit des fameux studios de photo et de tournage Spring à New York. L’assistance ? À peine 35 personnes.
Christian Siriano a convié une poignée de gens de l’industrie des vêtements dans les jardins de sa propriété privée à Westport, au Connecticut.
La formule du défilé extérieur, sans public toutefois, a été retenue par la maison Burberry qui a choisi de filmer en direct sa collection printanière dans une forêt en périphérie londonienne.
Pour Ulla Johnson, les mannequins ont arpenté seules une « passerelle » dans un parc à Roosevelt Island, avec vue saisissante sur les gratte-ciel de Manhattan en arrière-plan. Le tout retransmis virtuellement.
Plusieurs designers ont fait appel aux services de photographes ou de vidéastes pour immortaliser leurs créations et les diffuser en ligne. Une plateforme numérique, Runway360, a été lancée en juillet par le CFDA (Council of Fashion Designers of America, une association de professionnels), pour subvenir aux besoins pressants d’une industrie qui voyait les défilés « physiques » de la Semaine de mode de New York condamnés par la pandémie.
Ainsi donc, les journalistes ont pu suivre du confort de leur salon plein de présentations sous forme de petits films ou de lookbooks virtuels (catalogues photographiques présentant les pièces-clés d’une collection).
Le film de 11 minutes de Collina Strada est un bijou d’animation dans un décor ludique et franchement capoté.
Alice + Olivia a tourné son vidéo en studio et dans la rue, avec un groupe de danseuses énergiques se déhanchant sur des fonds de couleurs vives.
La très romantique marque Zimmermann a monté en guise de décor une passerelle bordée de fleurs des champs. À regarder les photos du lookbook, on se croirait face à un défilé véritable... sauf que tout a été simulé à huis clos.
Anna Sui a mis en scène les mannequins dans un studio, sur toile de fond illustrant la façade d’une coquette maison de la campagne anglaise.
Pour Cinq à Sept, la mannequin évolue devant l’objectif d’un photographe et des projections spectaculaires sur un écran.
Chez Batsheva, la griffe dont raffolent les modeuses et Céline Dion, on alterne entre des échafaudages new-yorkais et des chaises vintage en studio.
Halpern a rendu hommage aux travailleuses de la santé à Londres : ces héroïnes ont joué avec panache les mannequins devant une toile éclatante faisant un pied de nez à la noirceur de la COVID.
La nature et ses splendeurs ont aussi été exploitées. Les sœurs Mulleavy de Rodarte ont saisi la beauté en sursis des arides collines californiennes.
La britannique Temperley a opté pour la présentation hybride (film et lookbook), croquée sur une grève déserte de la côte anglaise.
Chez Veronica Beard, les mannequins sont plongées dans la luxuriance d’un champ de fleurs jaunes, annonciatrices d’un printemps, espérons-le, meilleur.
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Rédactrice multiplateforme, réviseure et traductrice, Michèle a dirigé les sections mode et beauté chez Châtelaine pendant cinq ans. Sa passion? Écumer les tendances internationales et les adapter au marché québécois. Elle a également prêté sa plume aux magazines LOULOU et Clin d'œil. L'art de vivre, la rénovation et le monde immobilier font aussi partie de ses sujets d'intérêt. Inspirée par tout ce qui est visuel (elle est diplômée en design graphique) et par le Sud de l'Italie (!), elle traite chaque reportage avec goût et humour.
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