Ma copine Liette, qui travaille à l'ordinateur à longueur de journée, est aux prises avec un torticolis qui ne veut pas lâcher prise. Découragée, elle finit par consulter un physiothérapeute. Diagnostic ? « Il paraît que je respire mal », me dit-elle, un peu perplexe.
Quel est le rapport avec le cou ? C'est évident, juge son physiothérapeute, Jean-Pierre Halpin, de la clinique Multi-Santé. « Pour nous permettre d'inspirer, les poumons doivent prendre de l'expansion, explique-t-il. Si nous rentrons le ventre ou le comprimons dans des vêtements serrés, nos poumons doivent se déployer vers le haut de la cage thoracique, ce qui sollicite davantage les muscles des épaules et du cou. »
Nous respirons, en moyenne, de 13 à 16 fois par minute. Si, à chaque inspiration, nous soulevons les épaules, cela signifie que nous utilisons ces muscles entre 780 et 960 fois par heure. Pas étonnant qu'ils finissent par protester !
Mais respirer est un réflexe inné, qui se fait tout seul. Peut-on vraiment respirer de travers ? Eh oui ! soupire Rebecca Gagné, une physiothérapeute qui traite aussi bien des personnes sédentaires que des athlètes de niveau olympique. « En situation de stress, on a tendance à respirer de façon superficielle, avec le haut des poumons. »
Mal respirer peut avoir des conséquences sur la santé. « Malgré les traitements, certains continuent à éprouver de la douleur sans raison apparente, dit-elle. Après avoir tout essayé, nous découvrons parfois que leur problème provient d'une respiration inadéquate. »
Le docteur Roger Hobden pratique la médecine du sport depuis 30 ans et enseigne à l'Université de Montréal. Il compte parmi sa clientèle bien des gens pour qui le souffle est important, comme des artistes du Cirque éloize, du Nouveau Théâtre Expérimental et de l'Orchestre symphonique de Montréal. « Une respiration déficiente ne se détecte pas toujours à l'œil, dit-il, mais certains symptômes peuvent me mettre sur la piste. Par exemple, une fatigue persistante ou des douleurs aux épaules, au cou et au dos qui résistent aux traitements. »
Le problème le plus fréquemment rencontré, c'est l'hyperventilation. Elle se manifeste par une respiration rapide et superficielle qui sollicite le haut des poumons. « Cela crée un déficit en gaz carbonique, ou CO2, dans l'organisme, ce qui perturbe l'équilibre chimique du corps, altère le pH du sang et, de façon paradoxale, amène moins d'oxygène aux cellules », ajoute le médecin.
Oui, vous avez bien lu : les gens qui respirent mal manquent de CO2 et non d'oxygène !
Ce déséquilibre « chimique » entraîne un cortège de symptômes : fatigue, étourdissements, engourdissements, extrémités froides, maux de tête, troubles digestifs, sommeil perturbé... « La microcirculation se fait moins bien au niveau des muscles, et comme les tissus sont moins bien irrigués, ils deviennent plus fragiles », précise Raymonde Fortin, physiothérapeute et propriétaire de la clinique Stadium PhysiOsteo, qui a acquis une expertise en la matière. Conséquences : des tendinites à répétition, des blessures qui ne guérissent pas et, parfois, des douleurs chroniques.
Des chercheurs ont même constaté, grâce à des examens d'imagerie par résonance magnétique, qu'un niveau insuffisant de CO2 diminuait de moitié la circulation du sang dans le cerveau. Autrement dit, on a la preuve qu'il est important de bien respirer par le nez !
Votre dose de mode, beauté et déco par courriel.
ABONNEZ-VOUS À CHÂTELAINE
Joignez-vous à notre communauté pour célébrer la riche histoire du magazine Châtelaine, qui souligne ses 65 ans en 2025. Au programme : de nouvelles chroniques, une couverture culturelle élargie, des reportages passionnants et des hommages touchants aux femmes inspirantes qui ont eu une influence positive et durable sur notre société.