Psychologie

Quand l’amitié devient toxique

Petit guide sans prétention pour détecter les amies parasites et savoir comment agir avec elles.

 

Comment savoir si on a une relation amicale toxique?

« D’abord, il faut préciser que ce ne sont pas les personnes, mais les amitiés qui peuvent être toxiques, dit Mireille Bourret, auteure du livre Les amitiés toxiques. Il peut se passer plusieurs années avant qu’on s’aperçoive qu’on est dans une telle relation, et une amitié saine à la base peut devenir malsaine. De façon générale, disons que le fait de se sentir drainée après avoir vu telle personne, de ne pas pouvoir être soi-même avec elle ou encore de ressentir un malaise en sa présence ou après son départ sont des signes. »

Prenons l’exemple caricatural de Marie, une bonne vivante qui adore faire à manger et partager ses créations avec les gens. La plupart le lui rendent bien, soit en l’invitant à souper, soit en lui donnant eux aussi de petits plats maison, à l’occasion. Mais Juliette, elle, accepte tout de Marie sans jamais ne rien lui offrir en retour. Après plusieurs années de ce régime, Marie finit par allumer le jour où, malade et alitée, elle demande un peu d’aide aux repas à Juliette, qui refuse sous prétexte qu’elle est trop occupée.

« Il y a souvent un déclencheur, un moment où le déclic se fait et où on s’aperçoit qu’on est dans un pattern. On fait alors un test. Par exemple, si on est toujours celle qui appelle telle amie, on cesse de le faire et on s’aperçoit alors que l’autre ne nous donne pas plus de nouvelles. »

Comment réagir si on vit une relation toxique avec une amie?

« La question clé à se poser : « Est-ce que ça me tente de garder cette personne dans ma vie? », poursuit Mireille Bourret. Et cette question ne se pose pas tant qu’on ne ressent pas de malaise. Une fois celui-ci reconnu, on peut prendre le temps d’analyser la situation objectivement, mais sans se départir de son empathie. »

Car cesser de voir une amie simplement parce qu’elle nous énerve est une solution facile. Il faut savoir pourquoi elle nous énerve. « Et souvent, on s’aperçoit que c’est juste un côté d’une personne qui ne nous plaît pas. Le fait qu’elle nous appelle trop souvent ou qu’elle prenne toutes les décisions dans nos activités, par exemple. En déterminant la cause, on peut agir de façon éclairée. »

Une fois le problème cerné, Mme Bourret conseille de mettre ses limites. Dire, par exemple : « J’apprécie nos conversations, mais j’ai moins de temps, ces jours-ci, alors je ne peux pas te parler tous les jours. » L’important est de respecter ensuite les limites qu’on a établies.

« Poser ses limites peut aider l’autre à comprendre des choses. Ce qui importe, c’est d’être claire, respectueuse et empathique. Avoir cette lucidité peut aider à détoxifier une amitié. »

Mettre un terme à la relation

Il arrive cependant qu’il faille mettre un terme à une amitié trop dommageable. Il y a quelques années, Dominique (nom fictif) a ainsi dû s’éloigner d’une amie parce qu’elles se détruisaient. Elles consommaient trop d’alcool, et leurs soirées se terminaient souvent mal. Chaque fois qu’elles essayaient de se voir sans boire, l’une des deux finissait par craquer et entraîner l’autre. Ni l’une ni l’autre n’était pourtant alcoolique, mais, ensemble, elles se comportaient comme deux accros. Les deux ont fini par se rendre compte que leur amitié était plutôt vide et basée sur l’artifice. C’est donc d’un commun accord qu’elles ont cessé de se voir.

Si on s’aperçoit qu’une de nos relations est toxique, il importe de ne pas commettre ces deux erreurs fréquentes : continuer sans rien dire (ou alors en parler, mais à d’autres que la personne concernée) et tout arrêter sans donner d’explications.

« Quand on décide que notre amitié vaut la peine d’être poursuivie, on n’est pas obligée de dire à l’autre qu’on est mal à l’aise avec tel aspect de sa personnalité. Mais on pose ses limites et on les respecte. Le pire, c’est de cesser de voir quelqu’un sans lui dire pourquoi. On n’aimerait certainement pas être traitée de la sorte… », conclut Mireille Bourret.

Bien se connaître

Dans son livre Les amitiés toxiques, Mireille Bourret explique que certains types de personnalités peuvent avoir une influence dans la naissance d’une relation malsaine.

« On est toutes, à des degrés divers, narcissiques, dépendantes ou passives-agressives. Et parfois, le problème vient de nous et non de l’autre. »

La dépendance, par exemple, peut expliquer pourquoi Annie ne peut jamais prendre la moindre décision sans consulter son amie. Mais si on est du genre contrôlante et qu’on trouve satisfaction à sentir que quelqu’un a besoin de nous, alors on contribue à conforter la dépendance d’Annie. Bien entendu, cela peut ne poser aucun problème, ni à l’une ni à l’autre. Mais si jamais la relation devenait problématique, il faudrait aussi faire un examen de soi avant de blâmer l’autre d’emblée.

Pour conclure, comme l’écrit Mireille Bourret : « On ne change pas les autres, sauf en changeant soi-même : lorsqu’on modifie ses propres comportements, la relation, qui est une dynamique, doit forcément changer puisque l’un des protagonistes agit de façon différente. »

 

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