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Société

A-t-on encore besoin de la Journée internationale des femmes?

Nous avons obtenu le droit de voter, d’étudier, de mener nos vies comme bon nous semble. Pourtant, l’égalité est encore loin d’être atteinte. Une journée peut-elle vraiment y changer quelque chose? Nous avons posé la question à 14 personnalités québécoises de tous les horizons pour savoir ce qu’elles en pensent.

En mettant de l’avant les droits féminins, la Journée internationale des femmes (officialisée en 1977 par l’Organisation des Nations unies) est devenue au fil des ans une occasion de faire connaître les luttes qui doivent encore être menées. Est-ce encore utile?

A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Julien Faugère/TVA

Caroline St-Hilaire

Vice-présidente relations gouvernementales de l'entreprise de relations publiques Leliken, ex-mairesse de Longueuil et ex-députée fédérale

« Malheureusement, on a encore plusieurs bonnes raisons d’avoir besoin de la Journée internationale des femmes. Quand j’étais plus jeune, je n’aurais jamais cru que le fait d’être une femme pouvait être un obstacle. Je ne croyais pas que ça pouvait me nuire, jusqu’à ce que je sois confrontée à ces milieux, aux boys’ clubs. Je continue de penser que nous devons être plus nombreuses en politique et dans les conseils d’administration. Pas parce que les femmes sont meilleures ou qu’elles gèrent de façon différente. Juste pour être représentées. Nos institutions et nos Parlements devraient être un reflet de notre société. »

 
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A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Maude Chauvin

Françoise David

Citoyenne engagée, ancienne porte-parole de Québec solidaire et ex-présidente de la Fédération des femmes du Québec

« Tellement ! Il n’y a plus grand monde au Québec qui peut nier le problème existant entre les hommes et les femmes, surtout depuis #AgressionNonDénoncée et #MoiAussi. Je pense que cette culture du viol qui règne encore est peut-être un angle mort de toutes nos luttes féministes. Personne ne l’avait vu venir, moi la première. Et je dois avouer que mon féminisme est beaucoup moins optimiste depuis que je constate qu’il y a encore des hommes qui n’ont pas compris que les femmes sont leurs égales et qu’elles méritent le respect. Mais il y a aussi encore beaucoup d’inégalités entre les femmes. Le train du féminisme est en marche, mais il ne faut pas oublier que certaines n’ont pas encore réussi à monter dedans. Mon rêve, c’est qu’on soit un jour toutes ensemble dans la locomotive. »

 

A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: courtoisie

Boucar Diouf

Animateur, humoriste, auteur et biologiste

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« Au Québec, le train de l’égalité a avancé longtemps, mais ces dernières années, j’ai l’impression qu’il ralentit. S’il n’y a pas de grande mobilisation, la suite sera le reculons. Je crois qu’on peut s’inspirer de nos plus proches cousins, les grands singes, dont la seule espèce matriarcale est le bonobo. Deux raisons expliquent que les femelles arrivent à garder le pouvoir. D’abord, elles forment des alliances entre elles, ce qui fait que leur société est très pacifique et fondée sur la collaboration. Ensuite, elles chassent, ce qui les rend autonomes. Les mâles ne peuvent donc pas les manipuler avec la nourriture. Vous voyez où je veux en venir ? La liberté ne vient que de l’autosuffisance. Pour ça, les garderies à cinq dollars ont probablement été la plus grande avancée féministe au Québec au cours des dernières décennies. »

 

A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Marie-Elaine Thibault

Laurence Nerbonne

Autrice-compositrice-interprète, réalisatrice et artiste visuelle

« Bien sûr qu’on en a encore besoin, puisque les luttes sont loin d’être toutes gagnées. Je crois que le plus grand chemin qu’il reste à faire, c’est sur le plan de nos perceptions. Je le vois dans les deux milieux dans lesquels j’évolue, la musique et les arts visuels. On manque de modèles ! Peu de femmes occupent des postes importants dans les musées ou les boîtes de production. Mais je suis optimiste quand je constate à quel point les jeunes sont ouverts. Je vois beaucoup de filles qui osent, qui travaillent avec leur ordinateur et font des beats. Elles veulent se dépasser et n’ont pas peur du jugement des autres. C’est inspirant ! »

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A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Jomi Bertrand

Viviane Michel

Ex-présidente de Femmes autochtones du Québec

« Je pense que cette journée-là entraîne une mobilisation un peu partout. C’est une occasion de mettre en relief certains enjeux non résolus, mais on peut aussi s’en servir pour parler des réussites. Je crois aussi que ça nous permet d’être solidaires entre groupes de femmes, tout en respectant nos différentes missions. On a fait de grands pas de ce côté-là au cours des dernières années. Beaucoup de liens se sont tissés. »

 
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A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Gaëlle Leroyer

Pénélope McQuade

Animatrice

« Le mot important dans cette journée, c’est “international”. Tant que le viol sera utilisé comme arme de guerre, tant que des jeunes filles seront excisées, tant qu’on se servira du corps des femmes, on en aura besoin. C’est sûr, quand on a réussi, on peut se regarder le nombril et se dire que le combat est gagné puisqu’on fait un bon salaire, qu’on peut dire ce qu’on veut et mener sa vie comme on l’entend. Mais tout ce qu’on a acquis peut être utilisé contre nous. Parce que j’ai réussi, je reçois encore des menaces de viol et je me fais couper de certaines tribunes à cause des propos féministes que je tiens. On ne pourra pas arrêter d’en parler tant que chacune d’entre nous n’aura pas atteint l’équité. »

 

A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Sarah Scott

Sophie Bienvenu

Autrice et scénariste

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« Poser la question, c’est y répondre. Mais il ne faut pas que ce soit comme une deuxième Saint-Valentin ou une autre fête des Mères. Quand je pense qu’il y a des gars qui offrent des fleurs à leur blonde le 8 mars, je me dis qu’ils n’ont pas compris. Ils devraient plutôt se demander si leur relation de couple ne serait pas un peu inégale. Je pense que cette journée devrait servir à amorcer la discussion, à trouver des solutions, à écouter les femmes. Ça peut aussi être une occasion d’en parler avec les enfants, parce que les préjugés commencent lorsqu’on est très jeune. Et c’est valable autant pour les filles que pour les garçons. »

 

A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Université Concordia

Homa Hoodfar

Professeure d'anthropologie retraitée de l'Université Concordia, emprisonnée en Iran pendant près de quatre mois en 2016 à cause de ses travaux sur les femmes en politique

« Ceux qui croient qu’on pourrait s’en passer ne connaissent visiblement pas la situation des femmes, ni au pays, ni à l’étranger. Dans ma carrière, j’ai vu tellement de jeunes filles qui étaient surprises de prendre connaissance des combats de leur propre mère. Cette journée est surtout une occasion de réfléchir aux liens qui nous unissent. D’un pays à l’autre, les priorités ne sont pas les mêmes. En Iran, par exemple, un des principaux enjeux féminins est l’accès à l’emploi. Les moyens pour y arriver peuvent être totalement différents de ceux qu’on emploierait ici. On ne peut pas imposer une solution, mais on peut démontrer sa solidarité. »

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A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: reproduction autorisée par le Parti libéral

Hélène David

Députée provinciale, ancienne ministre responsable de la Condition féminine 

« J’y crois plus que jamais, après l’ouragan social qu’on a vécu [...] J’ai vraiment l’impression que le train du féminisme est en accélération. Il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin, et ce qu’on peut faire de mieux pour avancer, c’est de continuer à en parler. On a un gros travail de réflexion à faire sur les relations hommes/femmes, dans tous les milieux. Je pense aussi qu’il faut s’attaquer à certaines problématiques comme l’intégration des immigrantes au marché du travail ou la représentation des femmes dans les milieux décisionnels. On devrait être plus nombreuses dans les conseils d’administration, à l’Assemblée nationale et à la Chambre des communes, car notre façon de faire est différente et – on va se le dire – elle est très bonne ! »

 

A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Rodolphe Beaulieu Poulin

Vickie Joseph

Entrepreneure et créatrice de mode

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« C’est primordial. En tant que femme d’affaires et, en plus, issue de la diversité ethnique, je vois au quotidien les combats qu’il reste à mener. Je pense à ma fille de [11 ans] et je ne veux pas qu’elle se retrouve dans une position d’inégalité face aux hommes. On doit s’unir. Ensemble, on est si fortes économiquement qu’on peut arriver à changer beaucoup de choses ! On dit souvent qu’il n’y a pas assez de femmes en affaires. Je ne crois pas que ce soit à cause d’un manque d’ambition, mais plutôt de l’environnement d’où l’on vient. C’est pour ça qu’on doit parler haut et fort et devenir des modèles pour les jeunes. On donne naissance, on crée le monde, je pense qu’on a un rôle important à y jouer et une responsabilité de le rendre meilleur. »

 

A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Anya Chibis

Sophie Grégoire Trudeau

Militante pour l'égalité des sexes et Première dame du Canada

« Ça devrait être la Journée des femmes chaque jour pour nous rappeler tout le respect qu’on devrait avoir envers elles. Il faut que les hommes fassent partie de ce combat pour l’équilibre. Quand on élèvera des garçons sensibles, ouverts et près de leurs émotions, ceux-ci pourront mieux comprendre la réalité féminine. J’essaie d’inculquer ces valeurs à mes enfants par des conversations sincères, mais surtout par l’exemple. Ce sont nos actions et la façon dont nous traitons les autres qui ont le plus d’influence sur eux. L’autre jour, je suis tombée sur un journal de mon petit Xavier qui présentait les membres de sa famille. La page à mon sujet disait : “Ma maman travaille pour défendre les droits des femmes qui n’ont pas les mêmes que les hommes.” Il n’a que [11 ans], mais je pense qu’il a déjà compris bien des choses. »

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A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: La vingtaine

Vincent Graton

Comédien et chroniqueur

« Infiniment. Je suis féministe, je ne m’en suis jamais caché. J’ai toujours été très sensible à cette cause parce que j’ai grandi là-dedans. Ma mère fait partie de celles qui ont eu à se définir et qui se sont fait écœurer au travail. Combien de fois l’ai-je vue rentrer de la job en colère ? Mes grands-mères ont été parmi les premières femmes à voter. Elles se sont battues toute leur vie. J’ai de la difficulté à concevoir que l’égalité ne soit pas atteinte, qu’il n’y ait pas davantage d’hommes qui se lèvent pour défendre ce principe-là. Mais je pense que #MoiAussi représente un grand pas en avant. Les hommes ne pourront plus être témoins d’une situation de harcèlement et rire ou ne rien dire. On va de plus en plus être des alliés face à l’injustice et à l’inégalité. »

 
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A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Les singulières

Cathy Wong

Vice-présidente Équité, diversité, inclusion et Langues officielles à Téléfilm Canada, après avoir été conseillère de ville - elle était responsable de la diversité, de l’inclusion à l’emploi, de la langue française, de la lutte au racisme et à la discrimination au comité exécutif de la Ville de Montréal

« Il y a encore beaucoup de travail à faire pour améliorer le sort des femmes, ne serait-ce que parce que le mot “pauvreté” s’accorde encore souvent au féminin. Nous sommes plus nombreuses à occuper des emplois au salaire minimum, précaires ou à temps partiel. Il faut s’attaquer à ce problème. »

 

A-t-on encore besoin de  la Journée internationale des femmes?Photo: Manon Vachon

Nadine Alcindor

Recherchiste en charge de projets d’inclusion et diversité à Radio-Canada, ex-journaliste à TVA et MétéoMédia

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« Pour moi, être féministe, c’est simplement prendre sa place comme femme et ne s’empêcher de rien. Mais je crois qu’il faut vraiment que davantage de femmes et de représentantes des minorités accèdent à des postes de gestionnaires dans les médias. C’est comme ça qu’il y aura plus de représentativité dans tous les paliers et à l’écran. Et cette représentativité est la base de la cohésion sociale. Elle nous permet d’apporter des idées différentes, d’autres façons de voir le monde. »

 

Ce texte est une mise à jour d’un reportage publié le 5 mars 2018.

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Après des études en chant classique au Conservatoire de musique de Québec, Andréanne Moreau a complété son baccalauréat en journalisme à l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) et est devenue journaliste dans les hebdos locaux de TC Média, sur l'île de Montréal. C'est là qu'elle s'est fait remarquer pour ses portraits et ses reportages près du style du magazine et a été recrutée par Châtelaine. Pendant trois ans, elle y a couvert l'actualité féministe mondiale dans la section Planète Femmes, la santé et l'activité physique. Elle a également réalisé quelques longs reportages, notamment au sujet de la grossophobie médicale, de la libido et de l'anatomie féminine. Andréanne met maintenant sa plume au service de l'Orchestre Métropolitain et de son chef d'orchestre Yannick Nézet-Séguin, pour qui elle est conseillère en communications et relations publiques.

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