Sur le site Femmes de parole, à la question, les fillettes d’aujourd’hui ont de la chance parce que…? Janette Bertrand répond en riant : « Elles ont de la chance parce qu’on a été là, point. » Elle a bien raison, je suis de ces fillettes pour qui on a ouvert toutes les portes.
Dans un documentaire de la série Tout le monde en parlait, Nicole Therrien, militante du Front de libération des femmes, a aussi dit cette phrase très juste : « Chaque femme a un moment dans sa vie, est féministe. »
Oui Madame! Ça arrive encore aux fillettes comme moi, qui ont fait carrière dans un milieu d’hommes. Moi qui suis toujours prête à mener des batailles contre des Goliath, moi qui ne baisse les yeux devant personne, il m’est arrivé de souhaiter être un homme.
Quand une femme ose mettre son poing sur la table pour provoquer des changements, on lui reproche souvent de prendre son travail trop à coeur ou d’être émotive. Quand un homme fait le même geste, on l’admire et on dit qu’il a des couilles. Devant certaines règles non-écrites, j’ai déjà dit à un DG: « Les gens veulent voir un homme dans la quarantaine de l’autre côté de la table, pas moi, toute seule. » Vous pensez surement que je n’aide pas ma cause avec une déclaration de ce genre, croyez-moi, on doit parfois choisir ses batailles devant le pouvoir de l’image corporative.
Fillette de la génération des « Wonder women » qui pressent souvent trop le citron pour être performantes dans toutes les sphères de leurs vies, je me moque tendrement de notre maso-féminisme. Cernées et angoissées, il faut effectivement être un peu masochistes pour vouloir tout prendre sur ses épaules en refusant celle de monsieur.
La vérité c’est qu’après m’être prouvée à moi-même, aux hommes et au monde entier que je me tiens debout toute seule, fière, droite et solide, je craque pour les hommes sur qui je peux m’appuyer, me reposer un peu. Aucun calcul financier, ni recherche de mon père, seulement la fillette qui se tient toujours derrière la femme enfant, quand les projecteurs du travail sont éteints.
En cinquante ans, le féminisme nous a permis d’atteindre des sommets inimaginables mais pendant que nous cherchons encore l’équilibre avec nos hommes, il ne faut pas oublier que la situation des femmes est encore loin d’être rose dans plusieurs pays.
À l’approche de cette Journée internationale de la femme, je pense aux valeureuses féministes qui se sont battues pour nous, mais aussi à nos hommes que nous maltraitons aussi parfois un peu, dommages collatéraux de notre lutte.
Certains amis innocemment galants m’ont raconté qu’une fille leur a dit : « Aye, je peux ouvrir la porte moi-même! » Il y a apparemment des combattantes qui ne baissent jamais la garde : Au repos, citoyenne!
Honnêtement, les gars, aussi féministes, contrôlantes ou casse-couilles que nous puissions être, je n’en connais aucune qui refuseraient cavalièrement un petit geste galant. Ces histoires m’ont inspiré un billet, non plutôt un manifeste pour la galanterie moderne! Je lancerais bien une Commission d’enquête nationale, mais je vais plutôt lire vos suggestions et commentaires. Vous aimez que les messieurs vous ouvrent la porte? Et quels autres gestes vous plaisent?
Je n’ai pas organisé une soirée de filles pour souligner la journée des femmes, mais je vais entendre Toutes les filles, ce soir au Verre Bouteille.
Je vous laisse sur un savoureux reportage des archives de Radio-Canada : Une féministe au salon de la femme. Nous sommes en 1970 et Denise Bombardier s’entretient avec Nicole Therrien.