Avant de commencer… Avez-vous remarqué le nouveau bandeau qui chapeaute ma chronique? Si vous êtes une lectrice attentive, peut-être avez-vous constaté que j’ai débordé un peu de mon cadre habituel, celui de la vie de famille, depuis quelques semaines. Après 4 ans de «Famille tout compris» (fou, hein?), je passe aujourd’hui à «Féministe tout compris». Mon terrain de jeu s’agrandit donc à tous les enjeux qui touchent les femmes, pas seulement les mères, et cela m’enthousiasme au plus haut point. Je renoue avec d’anciennes amours, avec cette cause qui est si chère à mon coeur et qui nourrit tous mes projets depuis que j’ai 20 ans. Je ne renie pas la famille et les mamans, au contraire! Je considère que les mères ont besoin du féminisme plus que jamais. Les archaïques stéréotypes de genre ne se dénonceront pas tout seuls! Non madame! Voilà, c’était ma petite nouveauté à annoncer.
Hé! C’est la rentrée!
L’an dernier à pareille date, je vous confiais que le début des classes était le véritable « premier de l’An » pour moi. J’avais même pris une résolution, celle de déléguer plus. À ce sujet, je vous annonce que j’ai fait du progrès. Je fais désormais des demandes plus claires pour avoir de l’aide. Mais l’aide vient seulement après avoir répété 28 fois. Meh.
Pour cette rentrée 2016, j’en remets une couche avec mes résolutions. J’ai élaboré pour vous quelques suggestions et y ai ajouté une petite twist féministe pour tous ceux qui commencent une nouvelle année. Allez, inscrivez votre préférée sur la première page de votre agenda tout neuf!
Pour les profs
1. Ajouter au moins une femme marquante à votre plan de cours. Dans tous les domaines d’études (TOUS!), il existe des pionnières méconnues ou de nouvelles figures intéressantes à découvrir.
2. Dans la rédaction des exercices, des examens et autres textes de votre cru, féminiser ou préférer une formulation neutre pour contrer l’usage du masculin par défaut. Ce souci de donner autant de visibilité aux femmes qu’aux hommes dans les textes fait partie de ce qu’on appelle la rédaction épicène. L’Office québécois de la langue française a tout un dossier là-dessus.
3. Ne pas se gêner pour prononcer le mot « féminisme » ou « féministe » devant la classe lorsque la situation s’y prête, et pas juste le 8 mars. Quiconque croit à l’égalité réelle entre les hommes et les femmes est féministe. Des exemples concrets, y’a rien de tel pour comprendre et apprendre.
Pour le personnel administratif
4. Ne pas présumer que c’est toujours la maman qui est (ou qui devrait être) la première personne à contacter en cas d’urgence. Les mères ne sont pas nécessairement plus disponibles ou plus capables de quitter le travail inopinément que les pères. De nos jours, ça dépend vraiment des familles! Ce n’est pas nécessaire d’induire un biais sexiste dans une question qui demande simplement un nom et un numéro de téléphone.
Pour les étudiants et étudiantes
5. S’inscrire dans des cours optionnels qui ne sont pas « traditionnellement » populaires pour son sexe. La programmation informatique pour les filles et la danse pour les garçons? Ben quin!
6. Désamorcer les insultes sexistes et le harcèlement sexuel dans les corridors. D’abord, en n’adoptant pas soi-même un tel comportement violent et dégradant. Ensuite, en intervenant lorsqu’on est témoin d’une telle situation. Cela peut-être en parlant à l’intimidateur ou l’agresseur (Arrête!) ou en montrant son soutien à la victime (Viens, on part d’ici!). Jeunesse J’écoute propose plusieurs façons de ne pas être un simple témoin silencieux et pour signifier que ces gestes sont inacceptables.
7. S’entourer d’amis et d’amies qui nous acceptent comme nous sommes. Les personnes qui incitent les filles à perdre du poids ou les gars à gagner de la masse musculaire en insinuant qu’on les aimerait plus s’ils se conformaient à un idéal standardisé de beauté, c’est NON.
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Pour les parents
8. Prendre le temps d’avoir une bonne discussion sur la division des responsabilités et des tâches familiales avant de s’engager dans la grosse routine intense jusqu’au temps des Fêtes. On le sait, quand l’attribution des tâches est floue, c’est toujours la même personne qui ramasse. Chez moi et autour de moi, cette personne est toujours la mère.
9. Éviter le matériel avec des messages renforçant les stéréotypes de genre. Un sac à dos, rose ou mauve, avec un gigantesque « I’M PRETTY » en paillettes? Ou encore un t-shirt, de n’importe quelle couleur sauf rose et mauve, portant l’inscription « Boys will be boys »? Non merci, sans façon.
10. Dénoncer les règlements sexistes ou qui induisent un double standard. On les retrouve souvent dans le code vestimentaire : camisoles interdites aux filles, jupes et shorts strictement mesurés, leggings tolérés dans certaines circonstances, etc. Ce que ça me dit, c’est que les filles ne sont que des morceaux de viande devant être couverts, car les garçons sont de pauvres idiots incapables de se concentrer quand ils voient la peau au-dessus d’un genou. Come on.
Quelle sera votre résolution féministe pour la rentrée?
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