Photo: Like-moi / Instagram
Le prince Harry, Matt Damon, Justin Timberlake, Barack Obama, Justin Trudeau, Ryan Gosling… Ces dernières années, plusieurs figures masculines influentes ont fait leur coming out féministe.
Au Québec aussi, des personnalités de divers horizons soutiennent publiquement la cause des femmes. Le rappeur Koriass, par exemple. Celui qui se qualifie de « natural born féministe » a participé l’an dernier à une tournée dans les cégeps pour sensibiliser les jeunes à la notion de consentement sexuel. D’autres se sont élevés récemment contre les violences faites aux femmes à l’occasion de l’événement Déjeuner des hommes, animé par le cinéaste Will Prosper.
« Ils veulent donner l’exemple, devenir des modèles pour d’autres, observe la sociologue Mélissa Blais. Et tout le monde est bien content de ça. Mais, en même temps, ça peut occasionner des difficultés. »
Environ 15 % des étudiants inscrits dans les programmes d’études féministes sont des hommes, une proportion d’ailleurs à la hausse (le phénomène s’observe aussi à l’UQÀM). « Ils cherchent à connaître l’histoire et le vocabulaire féministes. Je pense qu’ils perçoivent ça comme une valeur ajoutée », remarque Chantal Maillé, qui enseigne à l’Institut Simone de Beauvoir de l'Université Concordia depuis 27 ans.
À lire aussi: Qui sont les jeunes féministes?
Sauf que certains ont tendance à occuper trop de place, note Manon Fabre, l’une de ses étudiantes. « Moi, en tant que Blanche, je ne me permettrais jamais de parler à la place d’une femme de couleur lorsqu’il est question de racisme, illustre-t-elle. Ça devrait être la même chose pour les hommes quand on aborde les enjeux féministes. »
Certes, ils peuvent être solidaires de la cause, mais pas porte-parole du mouvement. « Ils n’ont pas à argumenter quand on s’exprime par rapport à des problèmes qui nous touchent comme femmes, insiste-t-elle. Certains de nos confrères de classe disent qu’on a tort d’interpréter ceci ou cela de telle manière, qu’on “le prend mal”… Alors qu’ils devraient plutôt nous écouter. C’est ma vie, c’est ce que je ressens, et c’est ce que je t’explique, point à la ligne. C’est peut-être frustrant pour eux d’avoir à se taire, mais il y a des apprentissages à tirer de ça. »
Mélissa Blais constate le même phénomène sur les réseaux sociaux, où des gars dénoncent le machisme dont les femmes sont victimes… en criant plus fort qu’elles. « Et quand on leur fait remarquer que cette attitude reproduit aussi des inégalités de genre, ça vire parfois en combat de coqs. Bref, le défi est de dépasser la compréhension intellectuelle qu’ils ont du sexisme pour remettre en question leurs propres actions. Il faut joindre les bottines aux babines, quoi ! »
À lire aussi: A-t-on encore besoin de la Journée internationale des femmes?
Il soutient être « féministe de toutes les façons : un féministe complet dans le concept, les valeurs, l’aspiration, et incomplet dans le partage des tâches, dans les manières et parfois les réflexes, plus paternalistes que machos ».
Source : Gazette des femmes
« À voir le nombre d’agressions sexuelles et actes misogynes qui font surface dans les médias – et qui au fond laissent deviner le nombre extraordinaire de comportements déplorables, disgracieux et dégueulasses dont sont victimes au quotidien des femmes qui n’ont pas accès à des tribunes d’envergure pour faire part de leur expérience –, je crois qu’il est temps d’envisager sérieusement une nouvelle manière d’éduquer les garçons (…). Moi, quand j’étais petit, mon père a passé une bonne partie de son temps à me répéter “qu’un garçon, ça ne pleure pas”. Quand on y pense, et je sais que je ne suis pas le seul, c’est assez farfelu de constater que les hommes déploient de grands efforts pour convaincre les petits garçons de stopper un comportement aussi naturel et sain que celui de pleurer. Si on est capable de gaspiller notre temps à enseigner de telles bêtises aux jeunes, je crois qu’on est capable de remplacer une connerie comme “un garçon, ça ne pleure pas” par quelque chose d’utile comme “un garçon, ça harcèle pas une femme, sous aucun prétexte”. (…) Soit dit en passant, j’ai réappris à pleurer il y a quelques années. J’ai versé une larme ce matin en voiture tandis que j’écoutais la radio et qu’il était question d’agression sexuelle. Je préfère faire partie de l’équipe des pleurnichards occasionnels plutôt que de contribuer à ce fléau par passivité. »
Source : Facebook d’Adib Alkhalidey
À propos de ce qui l’indigne le plus parmi les inégalités entre les sexes : « Ces gens qui dénoncent le hijab au nom de l’égalité hommes-femmes ici, mais qui ridiculisent dans d’autres chroniques les féministes en général, et leurs revendications en particulier. Dans les médias, mes collègues producteurs d’opinions hurlent plus souvent sur le hijab des travailleuses en CPE que sur l’iniquité salariale ou un cabinet ministériel composé en majorité d’hommes. »
Source: Gazette des femmes
« L’égalité entre les hommes et les femmes sera atteinte seulement quand on arrêtera d’en parler, et ce n’est pas demain la veille ! Il est vrai que la société québécoise a énormément progressé en ce sens. Mais à l’heure de cette délocalisation massive des cultures qu’on aime nous présenter comme une mondialisation, je vous garantis que la lutte des femmes ne fait que commencer, car le machisme venu d’ailleurs est mis à l’abri de la critique féministe par les politiques, les chartes et autres organismes de défense des libertés individuelles qui présentent toute subversion légitime contre ces pratiques rétrogrades et liberticides pour les femmes comme de l’intolérance. Il faudra lutter très fort pour empêcher le clientélisme politique de ménager des trous dans les digues solidement acquises et de ramener la condition féminine au Moyen Âge. »
Source : La Presse
En réponse à la question « Pourquoi êtes-vous féministe ? » : « Parce que l’idée que la moitié de l’humanité doive, par son sexe, être soumise à l’autre m’est odieuse. Parce que la société a besoin de tout le monde. Parce que nous sommes tous égaux. Parce que les femmes de ma famille ont toujours été des personnes actives, fières et déterminées. Parce que ma grand-mère a dû attendre ses 50 ans pour passer son permis de conduire (contre la volonté de son mari). Parce que je ne veux pas que mes nièces connaissent ce genre de frustrations. (…) Je ne me suis jamais directement impliqué dans la cause féministe, à part évidemment un certain regard que je pose sur les femmes dans les romans que j’écris. Je tente de créer des personnages féminins qui sortent de l’ordinaire, des personnes qui font des choix. »
Source : lesfeministes.com
« On a beaucoup parlé de violence sexuelle et de harcèlement dans les derniers mois, et c’est une excellente chose. Je crois que sur ce plan, les esprits sont de plus en plus sensibilisés, même s’il reste évidemment beaucoup de chemin à faire. Actuellement, ce qui passe sous silence, ce sont les effets dévastateurs des politiques libérales. Quand on sait que 75 % des employés du secteur public sont des femmes, que celles-ci utilisent davantage ces mêmes services publics que les hommes, on est forcé de conclure qu’austérité et égalité des sexes ne peuvent pas aller de pair. À quoi servent les beaux discours sur la parité et l’égalité juridique si, dans les faits et au quotidien, les femmes les plus vulnérables sont abandonnées par les institutions censées leur venir en aide ? »
Source : Gazette des femmes
« Est-ce que les femmes sont moins ambitieuses ou carriéristes que les hommes ? Pas sûr de ça, moi. Pour certains, l’instinct maternel fait en sorte qu’elles préfèrent rester à la maison avec les enfants plutôt que d’être présidentes d’entreprises ! J’ai maintenant de gros doutes là-dessus. Évidemment, certaines femmes décident de consacrer leurs énergies à la famille. C’est parfait. Mais de nombreuses autres pourraient relever des défis professionnels importants si notre éducation et une conception sociale bien ancrée dans nos mœurs ne nourrissaient pas leur culpabilité. Résumé de ma pensée : la vie familiale est bâtie pour que les femmes “feelent cheap”. (…) L’homme pourvoyeur a un filet de sécurité moral. Comme si sa seule présence dans l’équilibre familial était un bonus. La femme, elle, demeure la colonne vertébrale. Et si la colonne plie, tout devient croche. C’est, à mon sens, hautement injuste et ça éloigne les femmes de postes importants dans le monde des affaires, des communications et de la politique, nous privant ainsi de leur apport vital. »
Source : veroniquecloutier.com
« Une collègue à moi a parfois peur dans la rue. Pas parce qu’elle s’est déjà fait violer, mais bien parce qu’elle en connaît à qui c’est arrivé. La nuance entre « environnement sûr » et « environnement rassurant ». Elle marche le matin pour se rendre à la job, mais opte pour le métro une fois le soir venu. En tant qu’homme, ma plus grosse crainte, en quittant le travail le soir, c’est que quelqu’un freine ma descente de 14 étages en embarquant dans l’ascenseur au deuxième pour débarquer un étage plus bas, au rez-de-chaussée. Jamais je ne saurai ce que c’est de ne pas se sentir en sécurité dans la rue. Parce que c’est rassurant, être un homme. C’est rassurant de pouvoir camper le rôle relax. Jamais sur les nerfs. De ne pas avoir à surveiller tes arrières. Parce que t’es plus gros. C’est rassurant de savoir que le « non » que tu ébruites vocalement peut être doublé d’un « non » exprimé physiquement. Un « non » plus dissuasif, juste au cas où l’autre « non » se rende pas. C’est rassurant de savoir que ta main est plus grosse que la plupart des cous et non le contraire. C’est rassurant, être un homme. Pis ce qui est beau dans tout ça, c’est qu’en tant qu’espèce qui a 250 000 hivers d’évolution sous la ceinture, on pourrait faire en sorte que ce soit rassurant pour tout le monde. »
Source : La Presse
« Être féministe, ce n’est surtout pas se poser en défenseur de la veuve à la manière des hommes blancs qui font avancer la cause des noir.e.s dans les films hollywoodiens. Il s’agit simplement et humblement de ne pas se mettre en travers du chemin. De ne pas faire partie de ceux qui empêchent le féminisme de progresser. Il s’agit de conscientiser nos pères, nos frères, nos amis et nos proches. (…) Avec mon métier de réalisateur vient un tas de responsabilités et d’occasions qui me permettent d’agir selon ce que je crois. Je peux m’assurer que les salaires sont équitables sur mes projets, confier des postes traditionnellement occupés par des hommes à des femmes, veiller à ce que mon art ne recèle pas de propos et de réflexes sexistes. Je peux aussi intervenir auprès de mes collaborateurs qui manqueraient de respect envers leurs collègues féminines. J’y arrive par de petits gestes simples, rien de spectaculaire, rien d’héroïque. J’agis concrètement et je me montre solidaire, surtout. »
Source : Extrait de « Lettre d’un allié », Les superbes, une enquête sur le succès et les femmes, Léa Clermont-Dion et Marie Hélène Poitras, VLB éditeur, 2016.
Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine