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Société

Entrevues: 4 mamans qui élèvent leurs enfants seules

Elles élèvent seules leurs enfants. Par choix ou parce que la vie en a décidé ainsi. Énergiques et optimistes, elles mettent tout en œuvre pour paver la voie au bonheur. Chapeau, les mamans!
Entrevues: 4 mamans qui élèvent leurs enfants seules

Entrevues: 4 mamans qui élèvent leurs enfant seules

Entrevues: 4 mamans qui élèvent leurs enfants seules

Chérine Hamam. Maman de Cédric, 12 ans, célibataire, 50 ans, ostéopathe, vit à Montréal.

Pour moi, être mère c’est… 

« Une évidence. Mon fils m’apporte beaucoup de joie et de défis. »

La petite histoire : Des enfants, Chérine en voulait quatre ! Sauf que ses amours ne s’y prêtaient pas. « Je m’étais dit que, si à l’âge de 35 ans je n’en avais pas, je ferais appel à un ami », relate-t-elle. Mais le moment venu, aucun ne se manifeste. Qu’à cela ne tienne ! « J’ai googlé “insémination artificielle”. Tout ce qui est apparu concernait les vaches, plaisante-t-elle. À l’époque, le recours à la technique n’était pas fréquent, encore moins pour les célibataires. » L’adoption ? C’était soit trop cher, soit trop compliqué.

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Une amie lui parle d’un médecin spécialisé en procréation assistée. Elle le contacte. « On a discuté longuement. Il voulait s’assurer que je faisais les démarches pour les bonnes raisons et que je savais dans quoi je m’embarquais. » La banque de donneurs de sperme qu’elle consulte détaille le « pedigree » de chacun – taille, poids, couleur des yeux, motivation, maladies héréditaires… mais rien permettant de les identifier. Au cinquième essai, le test de grossesse est positif. Juste à temps pour Noël.

Les anges gardiens : Les premiers temps, sa mère s’installe chez elle. « La nuit, elle se levait pour changer Cédric et préparer son biberon. » Son père, sa tante et ses amies se portent volontaires pour le garder. « J’avais tout pour réussir – la maturité, la stabilité émotionnelle, une bonne situation professionnelle et des gens proches de moi », juge-t-elle. Pour relever le pari de l’éducation, elle s’entoure de figures masculines importantes – son frère, un mentor de l’organisme Grands Frères Grandes Sœurs, des profs extraordinaires…

Les défis : Comme Cédric souffre d’allergies sévères, Chérine doit repenser toute son alimentation. « J’ai dû revoir mes recettes. Heureusement, j’aime cuisiner ! » Il y a deux ans, plusieurs allergies ont disparu. Mais un autre diagnostic est tombé : TDAH. « Ce n’est pas évident d’élever seule un enfant aux prises avec ce trouble, reconnaît-elle. Avec son tempérament bouillonnant, mon fils me demande une énergie considérable. » Étonnamment, Cédric ne pose pas beaucoup de questions sur ses origines. « Dès le départ, j’ai été claire avec lui. Je lui ai expliqué qu’une petite graine s’était mélangée à un œuf dans mon ventre. Plus tard, j’ai précisé qu’un monsieur avait donné ses petites graines au médecin pour me les implanter… Il a compris qu’il avait un géniteur. »

Les fiertés : En regardant son ado aller, la maman se félicite. « J’ai réussi à lui inculquer des valeurs de gentillesse et d’entraide, s’enthousiasme-t-elle. Il en fait beaucoup pour son âge. Il est responsable, se débrouille en cuisine, commence à rester seul. Il est heureux et réussit bien à l’école. »

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Les aspirations : Douze ans après la naissance de fiston, Chérine n’a toujours pas d’amoureux. Elle commence à se dire qu’il serait temps de penser à elle. « Je fais tout en fonction de Cédric ! Tranquillement, je passe du “nous” au “je”. J’ai recommencé la chorale et je planifie un voyage. En m’occupant plus de moi, je l’incite à prendre son envol. Mais lâcher prise, ce n’est pas facile ! » lance-t-elle, moqueuse.

Entrevues: 4 mamans qui élèvent leurs enfants seules

Marie-Claude Charron. Maman de Manoë, 8 mois, célibataire, 32 ans, photographe, vit à Gatineau.

Pour moi, être mère c’est…

« Transmettre les joies du quotidien et partager plein d’aventures. »

La petite histoire : « Manoë, c’est mon p’tit miracle ! » Dans l’entourage de Marie-Claude, personne ne s’attendait à ce qu’elle tombe enceinte.
Célibataire et lesbienne, elle se battait en plus contre une endométriose sévère qui l’a privée d’un ovaire. « Les médecins me pressaient de subir une
hystérectomie. J’angoissais à l’idée de ne pas avoir d’enfant, c’était devenu une obsession », se rappelle-t-elle avec émotion. Décidée à faire un pied de nez au destin, elle entreprend des démarches d’insémination artificielle, mais un diagnostic de cancer du col de l’utérus la force à les suspendre.

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« On m’a opérée d’urgence. Dès que j’ai eu le go, j’ai couru à la clinique de fertilité. » Au premier essai, elle tombe enceinte… mais perd le bébé. Au deuxième, rien. Au troisième, bingo ! « Je n’arrivais pas à y croire ! J’apprivoise à peine mon bonheur devant les sourires de Manoë. » La maman éprouve une profonde reconnaissance envers le donneur inconnu qui lui a fait le plus beau des cadeaux. « J’aimerais le serrer dans mes bras, le remercier, puis vite m’en aller, de peur qu’il ne me prenne mon garçon ! »

Les défis : À l’annonce de sa grossesse, sa mère pleure de joie, mais son père panique : comment sa fille, travailleuse autonome, assumera-t-elle seule ses nouvelles responsabilités ? « Je lui ai dit que, sans enfant, ma vie serait incomplète. Je me suis toujours bien débrouillée. » Le plus dur est de faire le deuil de la « famille modèle ». « On grandit avec l’image de papa, maman, les enfants et le chien. Parfois, j’aimerais être en couple avec un homme pour offrir un cadre normal à mon fils. Mais on ne choisit pas. »

Les anges gardiens : Même si elle aurait souhaité partager ses premiers émois de maman avec une amoureuse, Marie-Claude estime qu’elle est bien entourée. Ses parents sont toujours prêts à garder Manoë, sa sœur et ses amies lui apportent un soutien précieux. Sa voisine lui a réservé une place dans sa garderie. Elle trouve aussi du réconfort auprès du groupe de partage Maman arcenciel sur Facebook.

Les fiertés : On lui demande très souvent où est le papa… Chaque fois, elle répond sans gêne et sans détour : « Il n’y en a pas ! » « Je suis fière de dire que je me suis fait inséminer. J’ai surmonté les craintes de mon entourage et la maladie pour aller au bout de mon rêve. »

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Les aspirations : Elle traîne son « p’tit miracle » partout avec elle, en excursion en forêt comme en promenade en ville. Cet été, elle veut faire du kayak-
camping. Et projette un voyage, sac au dos. « Il va me suivre dans mes expéditions ! » Elle souhaite aussi lui enseigner les rudiments de l’autosuffisance dans son jardin – s’occuper des poules, ramasser les œufs, nourrir les lapins… « Bientôt, j’élèverai des abeilles. Je veux transmettre à Manoë mon respect de l’environnement. » En couple ou pas, elle rêve d’avoir d’autres enfants, peut-être devenir famille d’accueil. « Pour l’heure, je savoure l’instant présent. »

Entrevues: 4 mamans qui élèvent leurs enfants seules

Amélie Caron. Maman de Félix, 6 ans, et Olivier, 5 ans, séparée, 35 ans, massothérapeute, vit à Montréal.

Pour moi, être mère c’est…

« Des montagnes russes d’émotions. Parfois il pleut, parfois il fait soleil. C’est naturel. »

La petite histoire : Amélie a quitté le domicile conjugal alors qu’elle était enceinte jusqu’aux yeux. « Je suis partie du Lac-Saint-Jean pour revenir à Mont­réal. Ma mère m’a hébergée le temps que j’accouche et que je trouve un appartement. » Lorsqu’elle emménage dans son nouveau chez-soi, Olivier a un peu plus de deux mois et Félix, pas encore deux ans. Le petit pleure la nuit et Amélie est en choc émotionnel. « Je n’étais pas remise de ma rupture et épuisée. Ce n’était pas rose ! »

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Les défis : Avec le recul, elle réalise qu’elle a fait un burnout maternel. « J’avais le sentiment d’être en prison. Les enfants ressentaient le manque. Une blessure d’abandon, c’est dur à gérer », explique-t-elle. En plus de composer avec l’absence du papa, elle doit jongler avec mille et une tâches – éducation, finances, loisirs… « Je porte la famille sur mes épaules. Les enfants voient leur père seulement lors des congés. »

Les anges gardiens : Par leur présence et leur aide, sa mère et ses sœurs sont de précieuses alliées. Les cousins s’amusent ensemble. « Je trouve ça beau à voir, se réjouit Amélie. Un été, nous sommes allées avec les enfants en pleine nature. À partir de là, j’ai commencé à remonter la pente. » Le jour où son aîné a fait une grosse crise parce qu’elle travaillait le week-end, elle a composé le 811. Depuis, une travailleuse sociale les accompagne et tout
va pour le mieux.

Les fiertés : De la sagesse, Amélie en a pour deux. « J’ai choisi de ne pas être une victime. C’est moi qui suis partie, j’assume ma part de responsabilités. » La spiritualité et le recueillement la font cheminer, la solitude lui apporte la paix. « J’ai développé une force intérieure qui m’aide à avancer et à voir le bon côté des choses. »

Ses garçons sont allumés, autonomes, proches de la nature. « Je suis fière de l’éducation et de la stabilité que je leur donne. On a une belle vie de quartier. Tout est à deux pas – la garderie, l’école, le travail… On connaît les voisins, les amis viennent à la maison. »

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Les aspirations : Aujourd’hui, Amélie se sent bien. Elle a suivi une formation à Compagnie F, un organisme montréalais destiné à favoriser l’entrepreneuriat féminin, ainsi qu’un cours d’agriculture urbaine. « Je veux améliorer ma vie,
devenir une meilleure personne. »

Elle s’implique dans différents comités – ruelle verte, halte-garderie, jardin communautaire – et se tient en forme. « Je chante tous les jours sur mon vélo, ça m’aide à garder le moral. Si l’un de mes enfants trébuche, je lui dis : “Ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Habitue-toi, car ça fait partie de la vie !” »

Entrevues: 4 mamans qui élèvent leurs enfants seules

Samantha Roy. Maman de Charlie, 20 mois, et Dakota, 8 mois, séparée, 22 ans, aux études, vit à Sherbrooke.

Pour moi, être mère c’est…

« Faire passer ses enfants en premier, donner de l’amour et recevoir du bonheur. Mes filles sont mes rayons de soleil! »

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La petite histoire : Samantha avait 19 ans lorsqu’elle s’est retrouvée enceinte. « On voulait des enfants, mais pas si vite ! » s’exclame-t-elle. Elle songe à se faire avorter, puis se ravise. « On a décidé de se lancer ! » Fini la drogue, elle reprend sa vie en main. Deux mois après l’accouchement, un accident d’auto l’immobilise plusieurs semaines, les jambes dans le plâtre. Qu’importe, elle conçoit un autre enfant. « Cette fois, c’était prévu, précise-t-elle. On les voulait rapprochés. » Son retour sur les bancs d’école était aussi dans les plans. Ce qui n’y figurait pas, c’était sa séparation en cours de route.

Les anges gardiens : Elle passe sa grossesse à étudier et à bosser comme commis d’épicerie. « J’avais un horaire chargé, reconnaît-elle. Je voulais mettre de l’argent de côté. » Au centre de formation générale pour adultes Saint-Michel, à Sherbrooke, une prof lui parle de la Villa Marie-Claire, un établissement dans le quartier Vieux-Nord, où les jeunes mères peuvent terminer leur secondaire. Le ventre à peine arrondi, elle en franchit la porte par un bel après-midi. « J’ai trouvé ça petit », rigole­-t-elle. La première impression passée, elle constate que l’endroit est chaleureux et la gang, accueillante. Partout, jouets, chaises hautes et tables à langer rappellent la présence des enfants dans la halte-garderie. L’ange de Samantha s’appellera Vanessa, une enseignante qui a elle-même été maman à 14 ans.

Les défis : Aujourd’hui, ses matins sont mouvementés. Son aînée fréquente la garderie et sa cadette, la halte-garderie.Elle les y dépose, puis elle entame sa journée en classe. « Je dois être très organisée. Je n’ai personne ici pour m’aider à emmener les filles. Ma famille habite loin. » Séparée depuis un an, elle écope de toutes les tâches. Parfois, le papa passe à l’heure du souper pour donner un coup de main. Elle appréhende le retour au boulot. « Je ne veux pas me retrouver à l’aide sociale, même si c’était juste pour un répit, le temps que je finisse mes cours. »

Surtout, elle n’a pas envie de donner raison aux mauvaises langues qui disent que les jeunes mamans célibataires sont « des cas à problèmes ». « Moi, je pense que je réussis ma vie. Je me sens bien dans mon corps et dans ma tête. »

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Les fiertés : Tous les jours avant d’aller en classe, elle s’entraîne au gym, question de maintenir un équilibre. Ses enfants ne manquent de rien, elle a un logement coquet et elle en est fière. « Je paie mes comptes, je n’ai pas de dettes, je ne prends plus de drogue, c’est déjà pas mal ! »

Les aspirations : Bientôt, Samantha aura terminé tous les cours de 4e et 5e secondaire. Quand on lui demande ce qu’elle aimerait faire plus tard, elle hésite. Évaluatrice en bâtiment ? Camionneuse ? « Je songe à un métier non traditionnel. » Elle rêve de mener une vie normale, avec un travail, une maison, une famille… Mais pas d’amoureux pour le moment !

Photos: Kelly Jacob

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