Depuis que le temps frais est arrivé, c’est la guerre pour habiller les enfants le matin. Notre minuscule hall d’entrée est un champ de bataille où les tuques, les foulards et les bottes volent dans tous les sens. Le camp adverse utilise différentes stratégies pour éviter d’être chaudement emprisonné dans un manteau. La fuite, la contre-attaque, la torture par les cris, le chantage émotif, la négociation et le classique « faire le mort » se sont succédé au cours de la dernière semaine.
J’ai moi-même usé de la tactique « ben tu gèleras, d’abord » plus d’une fois, jetant mes enfants sous-habillés dehors pour qu’ils comprennent que je ne menais pas ce combat pour le simple plaisir de les harceler à grands renforts de polar et de laine. (Rassurez-vous, personne de notre famille n’est assez entêté pour se rendre à l’état « petite fille aux allumettes »).
Parfois, lorsqu’on réussit enfin à franchir le pas de la porte avec tous nos morceaux, je sue tellement que j’en ai le dos mouillé. J’aurais envie d’enlever ma tuque et mon foulard pour souffler un peu, mais non! Je suis une adulte. Je les garde et je montre l’exemple (et ma face écarlate).
Je ne sais jamais comment nous habiller (moi y comprise), car entre le matin et l’après-midi, la température peut varier de 15 degrés. Oui, je sais, le multicouches, c’est super, mais :
- ça allonge sensiblement la durée de la bataille du matin
- c’est un peu compliqué à gérer pour les newbies de l’autonomie
- ça augmente drastiquement le risque de perdre un morceau
Déjà au compteur des objets égarés : une mitaine, une tuque et un cache-cou. Et ils étaient tous identifiés. À ce rythme, je vais devoir me trouver un revenu d’appoint pour passer au travers de l’hiver.
J’haïs le changement de saison. En fait, ces périodes d’entredeux sont toujours un peu difficiles à vivre, mettant à rude épreuve ma capacité d’adaptation et ma tolérance au bordel. C’est la même chose que lorsqu’il est question d’autre chose que la température. Passer d’une job à l’autre, déménager, vieillir, évoluer comme personne, ce sont parfois des moments inconfortables, des moments où l’on sue ou qu’on a la chair de poule.
Vivement la première neige pour que tout le monde se garroche dehors avec enthousiasme… et son manteau, sa tuque, son foulard et ses mitaines.
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