Art de vivre

Elle met de la lumière dans leur Noël

Cécile Béliveau a commencé par distribuer des sacs à lunchs aux itinérants dans le métro. Aujourd’hui, elle met aussi un peu de lumière dans le quotidien de personnes souffrant de maladie mentale. Son joyeux réveillon de Noël est devenu une tradition à ne pas manquer!

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Photo: Jean-François Lemire

Tout a commencé il y a cinq ans par la distribution de sacs à lunch aux itinérants du métro Longueuil. Un soir, comme il lui restait des sandwichs, Cécile Béliveau a pensé les offrir dans une maison de chambres pour personnes souffrant de maladie mentale. « Je me souviens, les lunchs avaient disparu en un instant », raconte la quinquagénaire aux cheveux poivre et sel coupés en brosse, piercing au sourcil et lunettes rondes. « Sauf que les résidants étaient vite retournés dans leurs chambres. » La fois suivante, elle a épinglé dans la salle à manger un calendrier d’activités organisées deux fois par mois par elle et son groupe de bénévoles, les Porteurs d’espérance, qu’elle a fondé avec le soutien du Phare de Longueuil. Depuis, ils l’attendent avec impatience. « Vous savez, ces gens-là ne sortent pas beaucoup… »

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« Ces gens-là », Cécile les chérit et les connaît par leur nom. Il y a Louise, 57 ans, qui contrôle mal ses nerfs. Ses médicaments lui causent des sueurs. Elle rêve de vivre entourée de gens « normaux ». Madame Fortin, 52 ans, souffre de schizophrénie. En 20 ans, elle trouve que les choses ont beaucoup changé à la résidence, et pas pour le mieux. « Le pire, c’est la chicane et l’alcool. La police débarque tout le temps. »

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« Pour eux, c’est Noël chaque fois qu’on vient, confie Cécile. Ils sont très seuls. Ici, c’est une prison sans barreaux. »

Alors, pour le temps des fêtes, elle met le paquet. Le 21 décembre, les Porteurs d’espérance s’amènent en début d’après-midi pour installer les décorations et préparer la popote. Après la messe, célébrée au sous-sol, les réjouissances. On chante, on joue, on danse. Le repas traditionnel est servi à la salle à manger. Il y a un arbre de Noël, un père Noël et bien sûr des présents – des tuques, des foulards, des mitaines tricotés à la main. « C’est de toute beauté, s’exclame Arille, 65 ans. On est comme une grande famille. D’habitude, je reste dans ma chambre à jouer aux voitures et à la PlayStation. »

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À 20 h, la fête est terminée. C’est l’heure des médicaments.

« Je le fais par amour pour eux, sans jugements. J’ai été moi-même aux prises avec de graves problèmes de santé mentale, admet Cécile. Et si j’arrive à faire ce que je fais aujourd’hui, c’est grâce à ma mère. Elle a cru en moi et m’a redonné la vie. À mon tour de prodiguer de l’amour et de l’espoir. »

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