Société

Les enfants et l’argent de poche

Avec un 2 $ tout rond, les tout-petits découvrent les plaisirs de l’argent de poche et font leurs premiers pas de consommateurs.

Justine sort en trombe de la maison… « Regarde, j’ai 2 $! Je peux acheter plein de choses! » Les yeux brillants de bonheur, la fillette de six ans exhibe tout fièrement sa pièce, sous l’œil attendri de Julie, sa mère. « C’est sa première année scolaire, je me suis dit que c’était le bon moment pour commencer. Il me semblait que 2 $ par semaine suffirait, à son âge », raconte-t-elle.

« Un choix judicieux, commente Claire Leduc, travailleuse sociale et psychothérapeute conjugale et familiale, auteure du site Parent entraîneur. On peut commencer à donner de l’argent de poche vers 5 ou 6 ans, selon la maturité de l’enfant. Un 2 $ par semaine suffit, à cet âge. Vers 7-8 ans, on peut y aller avec un 5 $, à 9-10 ans, environ 10 $ et, finalement, à 11-13 ans, on peut consentir 15 $ ou 20 $. Bien entendu, tout dépend du nombre d’enfants et du budget de la famille. Les montants peuvent être un peu plus petits, mais ne devraient pas être beaucoup plus élevés. Il faut tenir compte de l’âge et de la maturité de l’enfant, puis augmenter graduellement, et ce, même si on a les moyens d’offrir plus. »

Pour les ados, la situation diffère un peu. « À 14, 15 ou 16 ans, on peut confier de plus grosses sommes, mais l’adolescent devra payer lui-même pour certaines dépenses, son transport, par exemple, ou certains vêtements ou effets personnels, explique Claire Leduc. Même son de cloche à l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de Lanaudière, où on suggère de confier à l’adolescent un budget à administrer, qui inclut de l’épargne obligatoire.

Consommation avisée

« C’est à moi, je peux acheter ce que je veux. » Justine, encore émue par sa nouvelle fortune, en est déjà à rêver de tous les « trésors » qu’elle pourra s’offrir. Car, bien entendu, qui dit argent de poche dit achats… Et voilà votre bambin en train de faire ses premières armes comme consommateur. L’argent de poche devrait-il être dépensé librement ou bien faut-il mettre des restrictions?

« L’approche du  » parent entraîneur « , c’est entre autres de responsabiliser les enfants, répond Claire Leduc. On peut tout à fait mettre des règles, par exemple, leur dire qu’ils ne peuvent tout dépenser en sucreries. On peut aussi leur enseigner à  » économiser  » en vue d’un achat plus coûteux ou plus intéressant. »

À ce sujet, les experts et sites spécialisés sont unanimes : l’argent de poche est un outil d’éducation aux responsabilités, à la consommation avisée, à la valeur de l’argent et à l’épargne.

Sur le site de l’ACEF de Lanaudière, on suggère d’utiliser l’argent de poche hebdomadaire pour initier l’enfant au prix des choses en lui expliquant, par exemple, qu’il lui faudra deux, trois ou cinq semaines pour obtenir l’objet convoité. Il apprend ainsi à se fixer des objectifs et à ne pas tout dépenser, d’un seul coup.

L’argent de poche n’est pas un salaire

L’entraide, la présence, la participation aux activités et aux tâches familiales ainsi que le respect des règles font partie intégrante de la vie de famille, et ce, tant pour les parents que les enfants. Ces choses ne devraient jamais se monnayer. L’argent de poche hebdomadaire doit être accordé « gratuitement » et, à l’inverse, l’enfant ou l’adolescent doit s’acquitter de petites tâches ménagères, rendre service, assumer gratuitement quelques responsabilités, au sein de la famille. C’est ainsi qu’on apprend à participer, à aider de bon cœur, à collaborer et à considérer qu’on a le devoir de le faire gratuitement. « On ne donne pas 10 $ par semaine à un enfant en lui disant que c’est pour faire son lit ou débarrasser la table », précise Claire Leduc. Cela dit, on peut décider de « payer » son ado pour faire une tâche saisonnière ou occasionnelle un peu plus lourde, pour laquelle on aurait peut-être payé quelqu’un d’autre. Mais, règle générale, l’argent de poche ne doit pas être un salaire. » Son premier compte de banque

À 9 ans, Marianne, la sœur aînée de Justine, vient tout juste d’ouvrir son premier compte de banque. La fillette a reçu de l’argent pour son anniversaire. « J’ai eu 80 $, en tout », lance-t-elle fièrement. Sa mère a saisi l’occasion et l’a emmenée à la banque, où Marianne a déposé la moitié de la somme reçue. « Avec l’autre moitié, je vais pouvoir m’acheter un cadeau à mon goût », ajoute Marianne, qui rêve déjà d’un nouveau jeu pour sa Wii.

Presque toutes les grandes institutions financières offrent des comptes d’épargne spéciaux pour les enfants et les adolescents, les règles variant de l’une à l’autre. Ces comptes peuvent être assortis d’une carte de guichet et imposent certaines restrictions. Bien sûr, elles demandent un contrôle parental.

« C’est motivant pour l’enfant ou le jeune adolescent d’avoir son propre compte d’épargne et de voir le solde grimper. Surtout lorsqu’il commence à recevoir des sommes d’argent plus importantes, en cadeau, ou à toucher ses premiers salaires, en gardant ou en tondant des pelouses », commente Claire Leduc.

La caisse scolaire a plus de 100 ans!

C’est le fondateur du Mouvement Desjardins, Alphonse Desjardins lui-même, qui a fondé la caisse scolaire, en 1907. Le principe n’a guère changé depuis. Chaque semaine, les enfants apportent leur argent, dans la traditionnelle petite enveloppe brune, et la confient à un préposé assigné à l’école. L’enfant reçoit régulièrement un relevé de compte ou peut faire mettre son livret à jour, à la caisse. Le service est offert dans 1 100 écoles primaires du Québec et de l’Ontario, soit 50 % des écoles. Toujours dans le cadre du programme, les parents ont accès à du matériel sur l’apprentissage à l’épargne.

À consulter

  • L’argent et les ados, texte publié sur le site de l’ACEF de Lanaudière.
  • La section « Parents » du site Internet du Mouvement Desjardins, qui offre beaucoup de matériel sur l’apprentissage à l’épargne, à la consommation, etc
  • BMO offre également une section complète de textes et de conseils sur l’éducation financière des enfants de 5-6 ans, 7-8 ans, etc.
  • Le site Le Parent entraîneur offre de l’information sur l’éducation et les relations parents-enfants. 

Des jeux pour consommateurs en herbe

Dans un fascicule en ligne, Le guide financier pour les enfants de 7-8 ans, le Bureau du surintendant des faillites au Canada propose de nombreuses activités à l’intention des jeunes pour les initier à la valeur de l’argent, à la consommation responsable et à l’épargne. Les activités sont amusantes et concrètes.

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