Impossible, pour Matis, 13 ans, et Léo, 10 ans, de conserver dans leurs poches des espèces sonnantes et trébuchantes. Aussitôt reçu, l’argent part en croustilles, bonbons et gadgets. « C’est comme si ça leur brûlait les doigts ! » s’exclame leur mère, Julie Bergeron. Plutôt que de contrôler complètement leurs achats, elle a décidé, il y a quelques mois, d’ajouter une carte de débit à leurs comptes d’épargne respectifs. Pour qu’ils apprennent par eux-mêmes à gérer leurs dépenses et leurs épargnes. Une expérience qui porte ses fruits.
« Avec les relevés bancaires que nous regardons ensemble en ligne, je suis capable de suivre les dépenses de mes garçons et de leur enseigner de plus saines habitudes d’achat », dit-elle.
La carte de débit, première étape vers l’autonomie? Oui, pensent plusieurs spécialistes des finances personnelles. « Ça donne l’occasion aux enfants d’être plus indépendants sur le plan financier en apprenant à faire des choix de consommation », explique Lama Farran, coach financière chez Maxworth, entreprise de services-conseils. Qui plus est, les préados et ados se familiarisent ainsi avec les transactions bancaires qu’ils devront effectuer tout au long de leur vie.
Mais attention, sans leçons sur la valeur de l’argent, cela ne servira pas à grand-chose. « En elle-même, la carte n’apprend rien aux jeunes. C’est l’encadrement qui le fait. Avant de lui octroyer carte et numéro d’identification personnel (NIP), on doit inculquer à sa progéniture les notions de budget et d’épargne, de même que l’importance de contrôler ses pulsions de consommation », explique France Paradis, orthopédagogue et conférencière.
L’ARGENT ET VOTRE ENFANT
Votre jeune souhaite passer de la tirelire à la carte de débit et vous avez besoin d’un coup de main pour bien l’accompagner dans cette démarche? Nous avons créé une foule d’outils, de conseils pratiques et d’activités éducatives pour sensibiliser votre enfant à l’importance d’une saine gestion de ses finances.
« On n’apprend pas à gérer son argent à l’école, alors c’est aux parents de faire cette éducation », souligne Josiane Cadotte, animatrice budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale de l’Est de Montréal (ACEF).
La carte de plastique facilite aussi la vie de papa et maman. « Ils peuvent transférer les allocations de leur enfant directement dans son compte d’épargne. Ça évite les oublis et c’est comme une vraie paye pour lui. Et il y a bien des chances que le jeune cesse ainsi de leur demander constamment de l’argent », affirme Alexis Gagné, économiste et porte-parole de l’Institut des générations.
À quel âge attribuer cette carte ? « Vers 14 ans me semble le moment idéal, mais ça dépend de la maturité du jeune », dit Lama Farran. Quant à Josiane Cadotte, elle juge que ça peut être plus tôt. « Quand il commence à gagner son propre argent… », dit-elle. Dès huit ans, dans certains cas.
C’est aussi une bonne étape avant la carte de crédit, qu’ils pourront se procurer, de façon autonome, à partir de 18 ans. « Heureusement, avec la carte de débit, le risque de dérapage est moins grand, car l’argent est relié au compte d’épargne », précise Alexis Gagné. Il suggère de ne pas trop encadrer les jeunes dans leurs transactions bancaires. « C’est par leurs erreurs qu’ils vont comprendre les conséquences de leurs gestes », conclut-il.
L’avantage pour les moins de 18 ans, c’est qu’ils peuvent ouvrir, dans la majorité des institutions financières, des comptes jeunesse – avec carte de débit à la clé – sans aucuns frais de gestion, incluant une quantité de transactions Interac gratuites. Les parents sont en mesure de limiter la somme d’argent qui peut en être retirée par jour et par semaine.
L’émission Format familial est diffusée le mercredi, 19 h 30, à Télé-Québec. Une production d’Attraction Images.