Quand on commence à courir (à marcher, à lire, à écrire, à travailler, à faire la cuisine, à aimer…), on reçoit.
Des conseils, de l’aide, du support, du soutien, une main tendue.
Parfois c’est parce qu’on le demande.
Parfois, on ne demande rien, mais on reçoit quand même.
On dit « merci » aux bien intentionnés, et on se sauve en courant de ceux qui nous inondent de conseils non sollicités (pareil comme quand on devient mère).
La plupart des gens sont bien intentionnés. Alors on dit souvent « merci ».
On avance, on évolue, on passe par la crise d’adolescence – « les plans c’est pour les cons, je vais faire à ma tête, moi je ne suis pas comme les autres (ah, ah, ah) » – on frappe le mur d’une course où on s’est entrainé « en rebelle », et à force de devoir travailler trois fois plus fort pour payer la facture, on gagne en maturité
Et puis, un jour, ça y est, on est un coureur « adulte ». Autonome, responsable, capable de tenir ses engagements (« j’ai dit que j’irais à l’entrainement, j’y vais, je me suis inscrite à une course, j’y suis »).
Et alors on est prêts à donner au suivant. On a été un « bébé coureur », maintenant, on « fait » des bébés coureurs…
On répond à des questions qu’on a aussi posées quand on a commencé. Pourquoi j’ai mal ici ? Est-ce qu’il faut prendre des gels ? Comment ça marche, une montre de course ? Quelle sorte de « running » dois-je choisir ? C’est quoi, un « intervalle » ?
C’est à notre tour de ralentir le rythme pour accompagner un débutant dans sa souffrance joie de découvrir la course. À notre tour de dire « on va marcher un peu, d’accord » ?
Ils sont toujours d’accord. Même qu’à ce moment-là, ils nous embrasseraient, tellement ils sont d’accord pour qu’on « marche un peu ».
On ne sait pas toujours qui on influence. Parfois on en a conscience, et c’est volontaire, mais la plupart du temps, c’est tout à fait malgré nous.
On appelle ça, la transmission.
Et ça fait des enfants forts!