Photo : Martine Doyon
Micheline,
Comment écrire ce papier que tu ne liras pas ? Comment concilier ton absence définitive avec ce printemps qui malgré tout éclatera ?
Le printemps que tu as aimé.
La vie que tu as tant aimée, que tu as eu tant de mal à quitter.
En dépit de la douleur des traitements éprouvants, des sombres pronostics, tu t’entêtais ou faisais semblant d’y croire pour ne pas trop nous peiner. Nous, les tiens parmi lesquels j’ose m’inclure. Il y a quelque temps, au téléphone, lors de l’une de nos longues conversations quotidiennes, tu me lançais avec ton humour impitoyable : « tu écriras mon éloge funèbre. »
Sans mots. Je suis restée sans mots, comme je le suis en ce moment où je tente de dire ce que tu étais (l’imparfait te convient si peu). Hyper sensible sous l’armure. Vaillante. Oui, si vaillante jusqu’au bout.
Une femme de convictions, de fidélités, de dignité.
Une femme de parole, de grande élégance morale.
D’autres diront la journaliste engagée dans sa société, l’historienne méticuleuse, l’écrivaine ardente.
Moi, je ne veux ici que me souvenir de ma précieuse amie, lui dire merci d’avoir enrichi ma vie.
Je te sens là, derrière mon épaule à lire ces mots. « Insignifiant ! Tu peux faire mieux ! » Je ne peux pas, Micheline. Je ne peux pas…
Micheline Lachance a été la rédactrice en chef de Châtelaine (de 1989 à 1994) dont elle m’a ouvert tout grand la porte en me confiant la chronique livres. Une chronique que je tiens toujours après plus de 30 ans.
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