À la rescousse d’un symbole
Cette proximité avec le monde sauvage est ce qui m’a le plus émue quand j’ai vu mes premières tortues géantes à la réserve El Chato, sur l’île de Santa Cruz. Aussi imposantes que dans l’encyclopédie de mon enfance. Elles traînaient leurs quelque 150 kilos nooonnnchaaalaaammmment, le nez dans leur buffet de plantes, insensibles à ma présence et au défilement du temps. Tellement pacifiques, ces bêtes. À fendre l’âme. Dire que les humains les ont chassées sans relâche – et pendant des siècles – pour leur viande. C’est sans compter les rats, les cochons et les chèvres débarqués des navires qui ont dévoré leurs œufs et les herbes dont elles se nourrissaient. Dans les années 1970, sur les 250 000 tortues géantes qui peuplaient autrefois l’archipel, il n’en restait plus que 5 000.
Aujourd’hui, leur avenir paraît un peu plus lumineux. Elles sont 15 000 à couler des jours tranquilles sur certaines îles et dans des sanctuaires, où les scientifiques veillent à ce qu’elles se reproduisent en paix. J’étais d’autant plus bouleversée de voir mes chères tortues que j’avais l’impression, en séjournant aux Galápagos, de contribuer à leur fragilité. De 40 000 touristes qui visitaient l’archipel dans les années 1990, nous serons 220 000 environ en 2016. Ça laisse une empreinte, mettons. Il y a aussi celle des 30 000 habitants des îles (deux fois plus nombreux qu’il y a 20 ans), qui ont fui la pauvreté du continent pour venir profiter de la pêche ou du tourisme. Bonjour les conséquences sur les écosystèmes. Il y a 10 ans, l’Unesco ne donnait pas cher des Galápagos, inscrivant l’archipel sur la liste des patrimoines en péril. Mais certains efforts ont été consentis pour juguler, par exemple, l’immigration illégale. Des programmes encouragent les citoyens à recycler, à consommer local et à troquer leurs vieilles minounes contre des autos électriques. Le gouvernement de l’Équateur vient de décréter que 32 % des eaux entourant les îles seraient désormais protégées de la pêche et de toute autre exploitation (par rapport à 1 % auparavant…). Une bien bonne nouvelle.
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