Photo : Radio-Canada
Curieux, intense, loyal, dans toutes les sphères de ma vie. Les membres de ma famille savent qu’ils sont ma priorité. Professionnellement aussi, à Radio-Canada, notamment, je suis très loyal, voire protecteur de la marque.
Une ferme, et tout ce qui est lié à la terre : les animaux, un tracteur… De l’âge de 5 à 17 ans, j’ai grandi dans une ferme de chèvres laitières et je suis marqué à jamais par l’intensité du travail qu’une telle exploitation exige. Même en Afrique, si j’aperçois une chèvre, par exemple, quelque chose de l’ordre de la survie surgit automatiquement en moi.
Un jour, ma sœur [NDLR : Myriam Fehmiu, coanimatrice de l’émission L’épicerie à ICI Télé] m’a parlé de l’importance de croire en l’impermanence des choses. C’est un principe bouddhiste : ce qu’on vit au moment présent va finir par changer. Ça m’aide dans les situations difficiles. Ça pourrait s’appliquer, par exemple, quand tu as une peine d’amour et que tu as l’impression que ton cœur ne va jaaaaamais guérir. Mais ça me sert aussi quand ça va très bien. Ça nourrit la gratitude, parce que ça rappelle la fragilité de la vie.
La bouffe. Même si j’habite seul, je cuisine beaucoup, et des mets plutôt élaborés ! Je vais jusqu’à porter des lunchs à ma fille de 20 ans à son travail. Quand je stresse un peu, je fais à manger. Les bons plats sont, pour moi, ce qu’on peut appeler les petites réussites du quotidien. Je fais les emplettes, la préparation et la livraison des repas. Bref, je partage.
Ma chaudrée de fruits de mer : pas mal la meilleure sur la planète. [Rires] Et la paëlla, pour les anniversaires de mes amis.
Oh wow ! La navigation. Jouir de cette liberté. J’y ai goûté un peu de 17 à 20 ans, quand j’étais dans la marine, où j’ai pu suivre des cours de base sur de petits voiliers. Mais ce n’est pas assez.
J’ai toujours près de moi Bleuets et abricots, de Natasha Kanapé Fontaine, publié chez Mémoire d’encrier en 2016. C’est un petit recueil de poésie que je trouve apaisant et qui me permet de faire un genre de reset de mes émotions. Des mots purs, simples, qui m’aident à faire le ménage dans mes idées lorsqu’elles tendent à s’embrouiller.
Racines [1977], une mini-série américaine inspirée du roman d’Alex Haley, qu’on pourrait qualifier de fresque historique sur l’esclavage étalée sur plusieurs générations. J’avais huit ou neuf ans quand je suis tombé sur ça à la télé. Évidemment, mon père [NDLR : l’historien Paul Fehmiu Brown] m’avait déjà parlé de la traite négrière, mais là, je voyais des images très puissantes et des personnages auxquels je m’attachais. J’ai ressenti une grande injustice. Et c’est aussi à ce moment-là, je crois, que je suis devenu féministe. Je prenais conscience de la notion d’égalité en général, ce qui a tracé le reste de ma vie.
Le 4 mai 2002. On s’était levés aux aurores et ma conjointe de l’époque, Judy, a perdu ses eaux. Je pensais que j’aimais, avant ça, mais là ç’a été un déclenchement de l’amour pour moi. Et cet amour-là, il croît depuis 20 ans. Ma fille, je l’ai aimée bébé, enfant, ado, et encore plus maintenant. J’admire la femme qu’elle devient.
De bonne humeur. Je me sens high on life quand je reviens de faire mon entraînement. Et je ne repars pas de chez moi pour ma journée de travail sans avoir fait ma petite prière de gratitude.
Mes vêtements de sport. Parce qu’ils m’accompagnent dans mon dépassement.
Il me permet d’exprimer mes valeurs, de soutenir et de valoriser ceux qui ont un grand talent. Je suis une courroie de transmission entre les artistes et le public. C’est un immense privilège.
Un sportif. J’ai parfois ce sentiment de rêve inachevé. J’ai joué au handball à un haut niveau. Tout ce qui englobe le sport : l’intensité, le rapport au corps, la discipline… je me sens bien là-dedans ! Je vais au gym quatre fois par semaine à 7 h le matin, et je peux sans hésiter dire que je suis accro aux endorphines. Il y a une chose cependant qui me console de ne pas m’être engagé dans cette voie : je ne suis pas certain que je serais à l’aise entouré d’une majorité de gars dans ma vie. La masculinité toxique s’installe quand il y a trop d’hommes par rapport au nombre de femmes. Imaginez tous les commentaires désobligeants qu’on peut entendre dans un vestiaire ! De ma mère à ma sœur et à ma fille en passant par mes collègues et patronnes, chaque fois que j’ai évolué, c’était grâce à une femme.
Angela Davis et Martin Luther King.
Aimait faire la fête. Il va donc falloir que mes funérailles soient un party. Avec de la musique, un DJ, tout le monde qui rit ! Ça pourrait être exactement et simplement ça, en fait : les gens passent et se souviennent de la fois où je les ai fait rire.
L’animateur Philippe Fehmiu est à la barre de l’émission Vi@Fehmiu sur les ondes d’ICI Musique. Cet été, on pourra également le voir et l’entendre au FestiVoix de Trois-Rivières de même qu’au Festival Nuits d’Afrique, à Montréal.
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