Voyages et escapades

Bon dimanche, my dear

En cet été où toute la planète est un peu londonienne, Lise Ravary s’invente un jour chez Sa Majesté en plein Montréal. Suivez la guide.


 

 

Le Burgundy Lion

À quel groupe appartenez-vous? À celui qui entretient une animosité envers les maudits Anglais de l’histoire – et ceux du West Island? ou à celui pour qui Angleterre rime avec Beatles, James Bond, Mini Cooper, Kate Middleton et Adele?

Le Québec a vécu 152 ans sous domination française. Et 107 sous régime britannique, avant la Confédération. Veux, veux pas, ça laisse des traces. À Montréal, Sherbrooke et Québec, en Gaspésie, à Trois-Rivières ou à Victoriaville, le british est partout. Dans nos paysages, tels les doux vallons des Bois-Francs qui évoquent la campagne anglaise?; dans nos assiettes à l’heure du thé?; dans nos mœurs culturelles et politiques.

«Nous n’avons jamais connu la guillotine et notre culture politique est par­lementaire», dit Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal. L’historien Jacques Lacoursière va plus loin?: «La colonie française vivait sous un ré­gime de blocus et de famine. La Con­quête nous a ouvert les portes de l’Empire et du savoir-vivre anglais.» Ainsi, ce sont les Anglais qui ont fait aimer le bordeaux – qu’ils appellent claret – aux Canadiens.

J’adore l’Angleterre. En cet été où toute la planète est un peu londonienne, je m’invente un jour chez Sa Majesté en plein Montréal. Suivez la guide.


 

 

Le Westmount Lawn Bowling Club,
le refuge des joueurs de boulingrin

Ça commence par un saut à la Maison de la presse pour acheter le Financial Times, le journal rose, édition du week-end. Puis cap sur le pub Burgundy Lion, rue Notre-Dame, près d’Atwater, pour attaquer un full English breakfast, cet énorme petit-déjeuner composé de deux oeufs, saucisse, bacon, jambon, boudin noir, champignons, fèves au lard et pommes de terre. Aussi au menu?: le Yank, le Full Monty, le gruau «Please Sir». Pour faire vrai, il faut tar­tiner ses toasts de marmelade.

Le prochain arrêt, c’est Montréal-Ouest (5 000 habitants), pour y apprécier les rues ombragées, les cottages Queen Anne, la jolie gare et les lampadaires anciens. Première cité-jardin au Canada, Montréal-Ouest jouxte Notre-Dame-de-Grâce par la rue Sherbrooke.

On prend la direction du centre-ville. En cours de route, rue Sherbrooke Ouest, on fait un arrêt au Westmount Lawn Bowling Club, où, avec un peu de chance, on pourra voir une partie de boulingrin, proche parent de la pétanque. Inventé par les Anglais, ce sport de boules n’est pratiqué que dans les pays de l’ex-Empire. Rue Sherbrooke Ouest toujours, se trouve l’immeuble résidentiel le plus prestigieux de la ville, Le Château, en face de Holt Renfrew. Ce magasin appartient à la famille Weston, tout comme Selfridges, le plus trendy des grands magasins de Londres.


 

 

La gare Windsor, intemporelle

Pas faim à l’heure du lunch? C’est l’effet full English. On en profite pour suivre les traces laissées par l’Empire britannique au cœur de Montréal?: le square Dorchester, le cénotaphe de l’Armistice (réplique de celui de Whitehall à Londres), l’Université McGill, l’Hôpital Royal Victoria, le défunt Mount Stephen Club, rue Stanley, et la gare Windsor. Saviez-vous que ce sont les marchands écossais qui ont bâti le Montréal qu’on connaît aujourd’hui? Au centre-ville, il reste une cinquantaine de leurs demeures bour­geoises typiques. Plusieurs (dont les manoirs de style victorien du Mille carré doré) sont cons­truites en grès rouge importé spécialement d’Écosse.

L’heure du thé est bienvenue! À l’hôtel Le Reine Elizabeth, dès 15?h?30, on sert sandwichs au concombre, scones etpetits gâteaux avec un odorant Earl Grey, un exotique Darjeeling ou un Lapsang Souchon fumé, le tout selon la tradition. Ou encore, pour le plaisir de découvrir un lieu plus neuf, pourquoi ne pas se restaurer au Birks Café, dans la bijouterie du même nom?

Une pluie fine se met à tomber et c’est parfait pour notre prochaine promenade, brollie (parapluie) à la main. Direction le Faubourg à m’lasse (ce qui aujourd’hui entoure l’édifice de Radio-Canada), Hochelaga-Maisonneuve puis le carré Saint-Louis et la rue Cherrier. Les demeures victoriennes abondent. Nez en l’air, ouvrez les yeux! Vous serez transportée.


 

 

Besoin de verdure? On court vers le cimetière Mont-Royal, dernier séjour de nombreux Montréalais protestants et le plus beau des cimetières de la montagne.

De retour à la maison, on écoute le World Service de la BBC sur Internet en sirotant un bon porto – cet élixir d’origine portugaise dont la forme actuelle doit beaucoup au marchand anglais Jean Bearsley – et on termine la lecture du journal commencée au petit-déjeuner.

Un creux en soirée? Le sandwich cheddar-­tomate sur pain blanc mou est un classique.

Avant le dodo, un bain mousse à la lavande de Yardley. Puis hop au lit pour clore cette virée british avec quelques pages du dernier polar de P.D. James.

Night night
!

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