Voyages et escapades

Paris après la pluie

Au gré des nuages de mai, la plus belle ville du monde se teinte de gris et de verts. C’est le printemps, promenons-nous !

Trente-trois. C’est le nombre de millimètres de pluie qui tombe en mai sur Paris.

Mais quand la ville sort de la douche, verdures et parfums exaltés, c’est le temps idéal pour s’y promener. Pantalon et veste, chaussures de marche, fourre-tout en bandoulière et dans le fourre-tout, un plan de la ville, l’appareil photo et un cache-col au « cas-z-où ».

On part de bon matin, histoire de prendre le pouls de la journée. Rien de tel pour goûter ses vacances que de croiser des travailleurs pressés ! À midi, on casse la croûte en terrasse ou posée sur un banc de parc, puis on va se perdre dans des boutiques, un musée, une librairie. Vers 16 h, quand la vie retombe dans la lumière oblique, on revient à pied, par d’autres chemins, vers son hôtel. Enfin on sort dîner, au milieu des oiseaux de nuit happés par les halos des réverbères. Ce n’est pas le choix des promenades qui manque ici ! On peut passer des heures dans la nature en pleine ville : Paris compte plus de 400 parcs et jardins publics, sans compter les squares verts et les jardins de poche. Près de 500 000 arbres, des fontaines, partout des fleurs… Et ce n’est pas fini : Paris vit des années fertiles. Son maire, Bertrand Delanoë, poussé par son opposition, le Parti Vert, a plein de projets écolo sur la planche.

De la terrasse du Printemps, le grand magasin, on voit tout Paris à la ronde.

Regardez le photoreportage de Hélène Matteau sur les parcs et jardins de Paris.

Reflété dans la géode d’inox de La cité des sciences, le parc de La Villette, le plus grand de Paris : trois kilomètres de promenade !

Une allée du jardin du Palais Royal ; la célèbre Colette habitait tout près.

Les jardins de Bercy

Voilà un quartier de Paris en pleine effervescence. Au XIXe siècle, Bercy était le plus grand centre de commerce vinicole au monde. Aujourd’hui, sur le site des chais de Saint-Émilion, on a créé, autour des vestiges, Bercy Village, un centre branché et très animé de boutiques, restos et divertissements. Sur les lieux des anciens entrepôts, on a aménagé trois jardins. Le Jardin romantique, autour d’un petit lac où se prélassent des cygnes et des hérons. Les Parterres, qui regroupent neuf espaces parfumés : verger, vignoble, roseraie, potagers… Et la Grande Prairie, larges pelouses ombragées où jouent les enfants. Tout à côté, la Cinémathèque française. On s’apprête à quitter le parc quand, sur une terrasse verdoyante, on fait une rencontre émouvante : Les enfants du monde, 21 statues de bronze et « empreintes de rue » (pavés, grilles d’égout, etc.) colorées et plus grandes que nature. On traverse ensuite la Seine par l’élégante passerelle Simone de Beauvoir, qui mène sur la Rive gauche, à la bibliothèque François-Mitterrand, monumentale et silencieuse sur son esplanade venteuse. À ses pieds, des péniches se dandinent sur l’eau moirée. De là, par le métro, on va partout dans Paris.

Inaugurée en 2006, la passerelle piétonnière Simone de Beauvoir fait 304 mètres et joint le parc de Bercy et l’esplanade de la bibliothèque François-Mitterrand.

Regardez le photoreportage de Hélène Matteau sur les jardins de Paris.

La Maison du lac dans le Jardin romantique. Le parc de Bercy s’étend sur 14 hectares. Très animé – musique, sports, théâtre –, fréquenté par les familles, les amoureux, les promeneurs et les jardiniers amateurs, il a redonné vie au quartier tout entier. C’est l’éden en plein Paris.

La murale en vitrophanie (encre blanche sur vinyle transparent) de la Cinémathèque française reproduit des images des frères Lumière.

La promenade plantée 

On pourrait l’appeler le jardin suspendu. La Promenade plantée traverse, sur 4,5 km, tout le XIIe arrondissement de Paris, du bois de Vincennes à la place de la Bastille, moitié au sol (où circulent bicyclettes et patins) et moitié en hauteur (réservée aux piétons). En fait, c’est une voie ferrée désaffectée qui a changé de vocation. Manque de temps ? On y accède à mi-chemin par les escaliers du  jardin de Reuilly. La voie surplombe le quartier de plus de huit mètres. En contrebas, l’agitation des rues semble muette. À hauteur des yeux, côté sud, le long de l’avenue Daumesnil, les mansardes des immeubles du XIXe siècle, les cariatides géantes du commissariat de police, la tour de la gare de Lyon au loin. Côté nord, tout près, des frontons sculptés, des toits de zinc, des murs de brique, des cours obscures et, soudain, un pan de pierre friable percé de nids piailleurs. Paris dans son intimité. Au fil des pas, on croise des vieillards, des nounous, des écoliers en grappe, quelques amoureux, des joggeurs. Il est 10 heures, on s’arrête sur un banc pour respirer à plein le parfum humide des rosiers. Sur les photos, au retour, il y aura des feuillages, des tonnelles, des bassins, des pergolas, des massifs de fleurs.

Les jardins de roses se succèdent tout au long de la Promenade plantée. Un refuge où goûter le silence, à huit mètres au-dessus des artères agitées. Imaginez ici le murmure d’une brise d’après-pluie mêlée aux gazouillis d’oiseaux…

Incongruité urbaine au milieu de la Promenade ! Le béton laisse le passage au piéton : un étonnant édifice en demi-lune qu’on dirait scié exprès !

Canal Saint-Martin

En bateau, c’est romantique. Mais à pied, dans l’air rafraîchi par les pluies de la nuit, c’est magique. Le canal, vieux de 180 ans, s’allonge entre les platanes sur 4,5 km avec une dénivellation de 25 m – qu’on sent bien si on le remonte à partir de la Seine. Neuf écluses, deux ponts tournants aux jolis noms (Dieu et la Grange aux Belles), des passerelles nombreuses. Le plaisir, c’est de traverser d’une berge, d’une ombre, à l’autre. Ici, rien de bon chic bon genre. Le quartier garde les traces de son passé de couloir industriel. Ici, c’est Paris populaire, métissé, à visage humain. Beaucoup de gens dehors – au dernier recensement, les deux arrondissements que traverse le canal étaient les plus denses de Paris et les deux tiers des logements, bâtis avant 1915, n’avaient que deux pièces en moyenne. Y a du monde dans les bistros de quartier (allez-y, c’est bon), sur les bancs au bord de l’eau ou à vélo entre les voitures. Ne cherchez plus les tentes des sans-abri le long du canal : la Ville les a fait enlever. On peut aussi s’enfoncer dans les rues, chercher, passage Saint-Sébastien, les pochoirs de Mistic, ou visiter des galeries d’art, passage L’Homme. Si les jambes tiennent le coup, on continue jusqu’à La Villette.

Le canal Saint-Martin, ses eaux vertes et ses passerelles légendaires. Il permettait autrefois de transporter des marchandises – eau potable, plâtre, sucre, céréales, vin… Dans les années 1960, on a pensé le remplacer par une autoroute. Le projet ne s’est pas réalisé, ouf !

Regardez le photoreportage de Hélène Matteau sur les jardins de Paris.

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