Voyages et escapades

Terre d’Israël : Terre méconnue

Se baigner dans trois mers, se recueillir dans le désert, sortir jusqu’à s’en étourdir et savourer une cuisine locale tout en fraîcheur. Où ça? à Tel-Aviv, à Jérusalem, à Eilat et au Néguev…

La Méditerranée fait rêver.

Ça y est. Le voyage est peut-être foutu. À la télé, ça brasse. Des échauffourées ont éclaté plus tôt dans la journée aux frontières de la Syrie et du Liban – les Palestiniens commémorent la Nakba, « la catastrophe que représente pour eux la nais­sance d’Israël en mai 1948 et le début de l’exil pour quelque 700 000 réfugiés », rapporte Radio France Internationale.

La nouvelle n’a rien d’un scoop. Mais, vue de sa chambre d’hôtel à Tel-Aviv, métropole d’Israël, elle prend une autre dimension. Pour mieux saisir l’ambiance, je descends sur la Tayelet, promenade qui longe la Méditerranée. Rien à signaler. « Vous voulez jouer?? » me demande un jeune homme en me tendant une raquette de bois. Sur la plage, ils sont des dizaines à jouer au matkot (raquette en hébreu), qui s’apparente au tennis de table et au badminton, mais sans filet ni aire de jeu définie. Je décline l’offre avec un sourire.

Après l’école ou le boulot, des étudiants comme des familles entières se donnent rendez-vous sur le bord de la mer. Pour prendre un verre à l’une des nombreuses terrasses. Pour s’amuser. Pour flâner. D’où cette animation joyeuse. « Si, en Amérique du Nord, le travail est au centre de la vie, à Tel-Aviv, il y a d’abord la vie, ensuite le travail », me glisse un Torontois qui y séjourne à l’occasion. Et le conflit avec les pays voisins?? Oui, bien sûr, mais quand on y est de passage, on ne le sent pas. « La majorité des Israéliens vivent ici et maintenant et ne pensent pas à la politique », me répète-t-on.

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Rien à envier
Ouverte sur la Méditerranée, la ville de 400 000 habitants a un je ne sais quoi de contemporain. Cela ne tient pas à ses quelques gratte-ciel ou à ses complexes hôteliers sur la côte. Fougueuse, Tel-Aviv s’agite. Les jeunes grouillent dans ses rues et sur ses pistes cyclables, en Telofan (le Bixi israélien) ou à pied, le cellulaire toujours collé à l’oreille. « Il faut sortir ce soir?! C’est ici qu’on passe les meilleures nuits au monde », me répète le barman, désolé que je me contente d’un verre de chardonnay au bar de l’hôtel.

La ville ne dort jamais. Lonely ­Planet, chef de file des guides touristiques, l’a qualifiée en 2011 de ville la plus hot de la planète, avec New York et Tanger, au Maroc. « À Tel-Aviv, il y a plus de bars que de synagogues. Dieu est un D.J. et tous les corps sont des temples », est-il écrit dans ce palmarès.

La ville offre tout de même plus que des nuits endiablées. Les Israéliens aiment l’architecture, les arts et la bouffe. Au centre-ville, l’avenue Rothschild se distingue par son architecture Bauhaus aux lignes pures. Les bons restos se multiplient dans le vieux port et dans le quartier Neve ­Tzedek, re­fuge des artistes et des jeunes chefs créatifs. Mais qu’est-ce qu’on y mange?

Les Juifs de la diaspora ont apporté avec eux des recettes de Pologne, de Hongrie, de Russie?: le schnitzel (poulet pané), les boulettes de viande, les latke (galettes de pomme de terre). Les influences du Liban, de la Jordanie, de la Syrie, de l’Égypte se font aussi sentir?: pita, falafel, taboulé, hoummos – et en Israël, le hoummos, c’est du sérieux. Dans les blogues et les magazines, on recense les restaurants, comme le Pinati à Jérusalem, qui font la meilleure purée de pois chiches et de sésame!

Douceur de vivre à Tel-Aviv.

Une banale préparation de tomates, d’oignons et d’œufs se transforme ici en un plat raffiné, le chakchouka, qu’on déguste au petit-déjeuner. Simple, la cuisine israélienne déborde de saveurs. « Ce qui la caractérise, c’est la fraîcheur des fruits et des légumes », dit la guide Paule Kedem-Rakower, née en Belgique et arrivée en Israël à l’adolescence. En fait, les Israéliens sont locavores depuis toujours, bien avant que les Californiens inventent le mot?! Les trois quarts des denrées agricoles du pays sont consommées localement. L’exubérant marché Camel en fait foi avec ses étals remplis d’épices, de fines herbes et de végétaux.

 

Omniprésent, le drapeau israélien.

 

Ville sainte, ville sage
À côté de Tel-Aviv, Jérusalem apparaît comme une ville bien sage. Après le tu­multe, elle apaise. Au souk, les marchands insistent peu?: certains même ne se préoccupent pas des visiteurs. Il faut dire que la foule ne se rue pas dans les échoppes. Les kippas à paillettes et les couronnes d’épines amassent la poussière. Les touristes ne vont pas à Jérusalem pour le shopping…

Des autobus, l’un après l’autre, déversent leur cargaison de Russes, d’Italiens, d’Allemands et d’Américains dans les lieux de culte. Les voilà qui se pressent à l’église du Saint-Sépulcre, bâtie là même où Jésus aurait été crucifié (le rocher de Golgotha) et enterré (la grotte où son tombeau a été trouvé). De fervents chrétiens s’agenouillent en essuyant leurs larmes.

Les magnifiques couleurs du marché Camel,
à Tel Aviv.

Cette dévotion, on la retrouve plus loin, au mur des Lamentations, dernier vestige du Temple de Jérusalem. C’est en quelque sorte une synagogue à ciel ouvert. Mais c’est surtout LE lieu saint des juifs. Ils y viennent de partout en pèlerinage pour prier? : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre récitent des passages des Écritures. De doux murmures montent vers le ciel…

Arpenter ces quartiers juifs, musulmans, chrétiens et arméniens est pur émerveillement. Au petit matin, le quotidien se déploie. Une maman se hâte avec son landau. Des gamins jouent dans les dédales de rues aux noms affichés en hébreu, arabe et anglais. Ce qui étonne, c’est de voir toutes ces familles vivre au cœur même de la vieille ville emmurée. En harmonie, du moins pour ce qu’on en voit. «Ah?! vous savez, j’ai des amis juifs, arméniens, chrétiens, musulmans. Il y a les gens et puis il y a la politique», dit un jeune musulman aux yeux ambre.

Partout, le silence
Mont des Oliviers (qui aujourd’hui abrite le plus grand cimetière juif au monde), fleuve Jourdain, désert de Judée, Massada? : en Israël, le visiteur se sent projeté dans la grande Histoire de l’humanité. Tout semble familier. Du moins, pour ceux et celles qui ont déjà suivi un cours de catéchèse!

Mis à part tous ses lieux mythiques judéo-chrétiens, Israël se prête au recueillement. Même à l’extérieur de Jérusalem. Au sud, s’étend l’immense désert de Néguev. Sur la route, partout une terre tantôt rouge, tantôt ocre. Un paysage presque lunaire. Seuls résistent les acacias, ces arbres que les Bédouins, peuple nomade, surnomment « la bénédiction du désert » pour l’ombre qu’ils offrent à leurs caravanes.

Tolik trouve la quiétude dans le désert du Néguev.

Le silence. Tolik Jaroslavtsev, 26 ans, vient souvent le chercher à Mitzpe Ramon, rare village du Néguev. «J ’aime peindre ici. Il y a un tel panorama », dit l’étudiant en arts. Devant lui, une immense vallée. Aujourd’hui, sous l’effet des vents, on distingue mal la ligne d’horizon?: les bleus et les beiges s’entremêlent.

La région attire les peintres, les sculpteurs, les adeptes de yoga et les amoureux de l’écotourisme. On peut parcourir le désert (et tout le pays?!) à dos de chameau, à vélo ou même à pied. De mars à juin dernier, une centaine de jeunes militants pour la paix israéliens, européens et américains l’ont fait en 100 jours dans le cadre de l’événement Walk About Love. Plus de 1 000 km d’Eilat, à l’extrême sud, jusqu’au mont Hermon, au nord.

On n’improvise pas une telle balade dans le Néguev, désert peu peuplé qui couvre près de la moitié de l’État. D’autant plus que l’armée israélienne fait des exercices de tir dans le coin… Mais il ne faudrait pas se priver pour autant du plaisir de découvrir ce coin du monde.

Pas une mais trois mers!
Peu de destinations en fournissent autant? : la Méditerranée, la mer Morte et la mer Rouge, tout à la fois. Et à moins de 400 km de distance. S’amuser dans la première, se relaxer dans la seconde et nager avec les poissons dans la dernière. On a déjà vu pire comme proposition de vacances…

Évidemment, on ne peut aller en Israël sans faire saucette dans la mer Morte – en fait un lac salé que le pays partage avec la Cisjordanie et la Jordanie. Dès qu’on s’y glisse, on est littéralement propulsée à la surface. On flotte?! Mais on ne peut y rester des heures puisque la forte teneur en sel de l’eau pique la peau.

À l’opposé, on se prélasserait toute la journée dans la mer Rouge. On s’installerait même dans les environs?! Comme Adam, un gars de Seattle arrivé au pays pour des études en commerce international. Il est venu se poser sur les rives de la station balnéaire d’Eilat et profite de ce paradis des plongeurs. « Les récifs sont magnifiques, dit-il. Et l’eau est limpide. »

Adam m’initie à la plongée à Dolphin Reef, un delphinarium naturel. Une fois apprivoisée la respiration avec bonbonne, on s’avance dans l’eau jusqu’à l’immersion totale. Tout autour, des poissons aux couleurs flamboyantes et surtout Neo, Dana, Nikita et les autres, qui vivent ici en semi-liberté. Joueur, l’un des dauphins nous frôlera à quelques reprises.

À la plage publique d’Eilat, la barrière de corail est à portée. Munie d’un masque et d’un tuba, on saute à l’eau pour danser avec les poissons-clowns, les poissons-anges (azur et jaunes) et les sergents-majors (blancs et noirs). Dans un ballet incessant, des centaines de petits poissons gris avancent et font demi-tour au moindre mouvement. Magique.

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