Israël est un pays fascinant. À mille lieues des images-chocs de la télé. Bien sûr, on ne peut le nier, le conflit israélo-palestinien perdure. Et sur ce front-là, ce n’est pas jojo.
Mais derrière ça, il y a les gens. Lors de mon passage en Israël, il y a quelques mois, c’est ce qui m’a le plus touchée. Comment les Israéliens sont affables, généreux, joyeux. Ils ont une folle envie de vivre «ici et maintenant».
Mais y a-t-il moyen d’espérer, un jour, la paix? La question me titillait alors que j’arpentais les dédales du vieux Jérusalem ou encore la magnifique avenue Rothschild, à Tel-Aviv. J’observais les jeunes, cellulaire collé à l’oreille, les vieux qui se reposaient sur les bancs publics, les femmes, tantôt suivies d’une ribambelle d’enfants, tantôt très fashion victims avec leurs bottes cavalières malgré la chaleur suffocante… Et aux terrasses des cafés, toutes ces discussions animées. Comment font-ils pour vivre toujours avec cette épée de Damoclès au-dessus d’eux?
J’ai mieux compris grâce au webdocumentaire Vers où Israël? du réalisateur français Camille Clavel. Allez le voir sur le site de l’hebdo Courrier international. C’est très instructif.
Le pays n’est pas un bloc monolithique. Beaucoup d’Israéliens œuvrent pour la paix. Avec un courage admirable. À preuve cette scène du film : dans la rue, une poignée de militants s’affichent en faveur des droits des Palestiniens. Un type s’arrête pour les insulter en les traitant de… nazis !
Dans la foulée, une jeune Israélienne s’inquiète du déficit démocratique. « 22% des citoyens ne sont pas juifs. Pourtant, l’État se définit comme juif. Il y a un problème », dit-elle. Les Arabes ne jouissent pas des mêmes droits que les juifs – un prof d’histoire n’hésite pas à comparer cela à la ségrégation vécue par les Noirs américains jusque dans les années 1970. Ils n’ont souvent pas accès à la terre, ne peuvent épouser une personne juive et ne fréquentent pas les mêmes écoles. Ce qui, on le devine, entretient l’incompréhension, la haine.
Heureusement, des Israéliens se lèvent pour dénoncer les abus, défendre la cause palestinienne et mener des initiatives de paix – je pense ici aux écoles Hand in Hand où, sur les mêmes bancs, les enfants juifs et arabes peuvent apprendre les uns des autres.
Comme le dit si bien Arik Ascherman, président de Rabbis for Human Rights, « il n’y pas de solution militaire. Nous vivrons ensemble ou nous mourrons ensemble. Toute personne sensée préférera la vie. Il faudra trouver une solution pour que ce ne soit pas “eux ou nous”. »