Voyages et escapades

Un peu plus sur Israël…

Kibboutz, souvenirs et conseils pratiques.

Que sont devenus les kibboutz ?

Mot hébreu entré dans le vocabulaire et même dans Le Petit Robert : « exploitation agricole collective, en Israël ».

Lors de la création de l’État d’Israël, le kibboutz et les kibboutznikim (ses habitants) ont joué un rôle de premier plan dans la colonisation et le développement des terres. « Ils bâtissaient le pays et refaisaient le monde, ils édifiaient une société nouvelle, ils marquaient le paysage et l’histoire de leur empreinte, ils labouraient les champs et plantaient la vigne… », raconte Amos Oz dans Une histoire d’amour et de ténèbres. L’auteur qui a lui-même quitté la maison familiale de Jérusalem à 15 ans vécu au kibboutz Houlda (chaque kibboutz a son nom) pendant 30 ans.

Des gens du monde entier – et pas seulement des juifs – sont venus travailler dans un kibboutz pour y vivre l’expérience communautaire du « retour à la terre ». Dans les années 1970, des Québécois feront de même, dont la politicienne bien connue Lucienne Robillard, qui a dirigé plusieurs ministères autant à Québec qu’à Ottawa. C’est avec une certaine nostalgie qu’elle évoque les trois années passées dans un kibboutz, qui l’ont marquée pour la vie. « J’avais 24 ans, j’étais travailleuse sociale. Ce qui m’intéressait dans le concept de kibboutz, c’était que les enfants étaient séparés de leurs parents et élevés dans des maisons à part. J’étais sceptique. Mais j’ai vu qu’ils devenaient très autonomes, équilibrés et attachés à leur communauté. »

Après avoir été cueilleuse de pamplemousses et d’oranges et avoir appris l’hébreu – qu’elle parle encore –, elle a ainsi eu la charge de s’occuper de cinq bébés. Elle dit, non sans une certaine fierté, qu’elle a alors vécu – et gagné – sa première campagne électorale : « Moi, une catholique, j’ai réussi à devenir membre du kibboutz, malgré une certaine opposition. » Dans ce concept de socialisme collectif, les notions de propriété privée, de hiérarchie et de salaire individuel n’existaient pas. « C’était très original de vivre dans un environnement où l’argent ne circulait pas, se souvient Lucienne Robillard. » C’était le plus grand mouvement communautaire au monde. Était, car les temps ont changé.

Regardez le photoreportage de Jean-Yves Girard et lisez son article Israël en 6 questions !

Au fil des années, la plupart des kibboutz n’ont eu d’autres choix que de privatiser leurs opérations complètement ou en partie, forcés par l’exode des jeunes, le rendement médiocre des terres agricoles, la fin des subventions gouvernementales (les kibboutznikim, regardés d’un mauvais œil par les juifs ultraorthodoxes et considérés par plusieurs Israéliens comme une caste de privilégiés, ne font pas l’unanimité)… Plusieurs kibboutz se sont tournés vers le tourisme. C’est le cas de Ramat Rachel qui, perché sur les hauteurs de Jérusalem, fut démoli plusieurs fois au cours de diverses guerres locales avant de devenir un hôtel de luxe de 164 chambres offrant glissades d’eau, courts de tennis et vue magnifique des collines de Judée.

Heureusement, d’autres kibboutz ont tenu le coup. Grand ranch à l’origine, Sde Boker a ainsi développé de peine et de misère une culture adaptée aux rigueurs des lieux, avec des vignes, des oliviers et des pistachiers. Une production modeste qui fait encore vivre une soixantaine de familles, dont plusieurs membres sont nés ici.

Mais Sde Boker est moins célèbre pour son vin que pour l’un de ses kibboutznikim, David Ben Gourion, considéré par les Israéliens comme un héros, une légende. Fondateur de l’État d’Israël, Ben Gourion a passé de nombreuses années au kibboutz Sde Boker, vivant modestement, rédigeant ses mémoires et tondant les moutons. Il y est d’ailleurs enterré avec sa femme et son mausolée, dressé au bord d’un gigantesque canyon, surplombe ce Néguev inhospitalier qu’il a tant espéré dompter.

Mort en 1973, Ben Gourion laisse un souvenir encore très vivant : avec des rues, des parcs, et l’aéroport international de Tel-Aviv, flambant neuf et conçu par l’architecte israélo-canadien Moshe Safdi (à qui l’on doit Habitat 67) qui portent fièrement son nom.

Que peut-on acheter ?

À Jérusalem, il faut se perdre dans le labyrinthe de la Vieille Ville pour écumer les souks des quartiers musulman et arménien, véritables cavernes d’Ali Baba… Les échoppes croulent sous la multitude d’objets offerts « pas cher, pas cher », qui vont du bidule ultrakitsch à trois shekels (0,75 $ CA) au tapis sublime qu’on ira marchander dans l’arrière-boutique en sirotant un thé à la menthe. Il y a également les souvenirs religieux, vendus un peu partout dans une panoplie ahurissante de styles et pour tous les goûts, mais pour ceux qui cherchent des souvenirs plus originaux, voici quelques valeurs sûres (sans marchandage, cette fois) :

Le vin

Le « nectar des dieux » est fabriqué dans cette partie du monde depuis l’Antiquité. Jésus, pour son premier miracle, transforma d’ailleurs de l’eau en vin à l’occasion d’un mariage à Cana, en Galilée. Malgré tout, la production industrielle est assez récente et elle doit sa croissance au richissime baron Edmond James de Rothschild, qui, à la fin du XIXe siècle, donna aux colons israéliens des plants de ses plus célèbres cépages de bordeaux. Comme la SAQ n’importe qu’une poignée de bouteilles (pas du meilleur cru), il faut profiter de son passage dans le pays pour s’arrêter à un des nombreux vignobles, généralement installés dans des sites enchanteurs (le Domaine Tishbi, par exemple, au pied du mont Carmel).

Les produits de la mer Morte

Situés à plus de 400 mètres sous le niveau de la mer et issus d’une eau huit fois plus salée que celle de l’océan, des sédiments très riches (chlorure de magnésium, calcium, fer, potassium, brome…) constituent la matière première d’une armée de produits. Souvent haut de gamme, ils se déclinent sous différentes marques, dont Ahava, la plus connue, qui possède une usine et une vaste boutique au pied de Massada.

Pour un souvenir « sensoriel », vous serez comblé, car les rives de la mer Morte abritent également des stations thermales et de thalassothérapie. En fait, toute une industrie s’est créée autour de cette mer visqueuse et moins morte qu’on ne le croit (des bactéries réussissent à y survivre). La réputation des vertus thérapeutiques (contre le psoriasis) et esthétiques (contre le vieillissement de la peau) remonte au moins jusqu’à Cléopâtre, qui, dit-on, prenait dans son palais d’Alexandrie des bains de boue importée de la région à dos de chameau. Aujourd’hui, après avoir flotté, les baigneurs imitent la « Reine des reines » en s’enduisant le corps de boue, puis en se laissent sécher au soleil. C’est très salissant, amusant… et gratuit !

Victime de sa popularité, la mer Morte se meurt. Prisonnière d’une vallée où il ne pleut presque jamais, disputée entre Israël et la Jordanie, assoiffée par un Jourdain – son seul affluent – qui afflue de moins en moins (son eau sert à l’agriculture), asséchée pour ses précieux sédiments dans des bassins si grands qu’on peut les voir de l’espace… En fait, le niveau d’eau baisse à un tel rythme que la situation est devenue dramatique. Une solution sérieusement envisagée : creuser un canal qui relierait la mer Morte à la mer Rouge ou à la Méditerranée.

Conseils pratiques

Quand y aller ? Au printemps ou à l’automne, idéalement. À éviter : les fêtes de pèlerinage juif (Pâque juive, Souccot et Chavouot), chrétiennes (Noël, Pâques) et musulmanes (Aïd Al-Adha, Lailat Al Qadr…). Les hôtels gonflent leurs prix, les lieux saints débordent de fidèles, les agents de sécurité sont sur les dents.

À quelles conditions climatiques s’attendre ? À un peu de tout, pour un État aux dimensions aussi réduites, le thermomètre peut faire le grand écart entre deux endroits pourtant rapprochés : s’il fait 27 °C à Tel-Aviv en mai (température idéale pour une ville de bord de mer), le même jour il fera un écrasant 37 °C à Massada. En décembre, il neige parfois sur Jérusalem.

Comment s’y rendre ? Il n’y a pas de vols directs du Québec vers Israël. La compagnie aérienne Swiss offre des liaisons quotidiennes vers Tel-Aviv, avec escale à Zurich. Départ à 17 h, arrivée en Israël le lendemain après-midi à 14 h 25. Tarif pour l’aller-retour : au moins 1 300 $. Swiss a remporté l’an dernier le prix de la « meilleure classe économique mondiale » aux World Travel Awards.

Est-ce mieux d’y aller en groupe ? Il y a des pour et des contre.

Pour : Israël est une terre de pèlerinage et des voyages organisés existent depuis des siècles. Tout est rodé, les sites à voir ne sont jamais très éloignés les uns des autres et les guides israéliens jouissent d’une excellente réputation (et deviennent bien utiles pour résumer en quelques minutes 2 000 ans d’histoire).

Contre : voyager en groupe signifie suivre un itinéraire à la queue leu leu… Malgré tout, il est possible de choisir sur place une des excursions organisées, de louer une auto afin de vivre à son rythme l’extraordinaire traversée du Néguev, de la mer Morte à la mer Rouge (gare aux autochtones, qui ont une réputation de casse-cou au volant) ou de réserver un guide, même pour une seule journée à Jérusalem. Alice Marciano, qui connaît Israël comme si elle y avait vécu à toutes les époques, adore accompagner les Québécois dans leurs pérégrinations : Bernard Landry, son épouse Chantal Renaud, la journaliste Sophie Thibault ont déjà eu recours à ses services.

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