Je suis fascinée par ceux qui savent faire danser un crayon sur une feuille. Surtout quand, d’un trait, ils inventent des univers singuliers et des personnages plus grands que nature. Daniel Sylvestre fait partie de ces artistes.
Je me suis tout de suite attachée à ses héros qui n’en sont pas. Dans Fous, folles, il nous présente sa collection personnelle d’individus qui ont disjoncté. L’auteur-illustrateur le dit d’entrée de jeu: « Tous mes fous sont véridiques. »
Captifs de leurs obsessions, certains sont presque familiers, d’autres sont carrément effrayants −l’œil torve, la bouche hargneuse, le geste anarchique. Mais on les aime tous. Avec leurs traits frénétiques, délirants, transcendants.
Ce petit livre est un peu un ovni. J’ai cherché sans succès le mot précis pour mieux le présenter. Ce n’est pas une bd romanesque comme le suggère le Grand dictionnaire terminologique pour traduire graphic novel. Ce n’est pas non plus un livre-objet qui, pour moi, s’apparente davantage à un bien de luxe. Alors? J’ose dire un « recueil illustré »… qui rappelle que la folie frise le génie.
Fous, folles, par Daniel Sylvestre, maison d’édition La Mèche, 109 pages, 12,95$
Pour découvrir le travail de l’artiste Daniel Sylvestre : Carnets libres. Allez voir son illustration intitulée « La seconde avant 728 » qui fait un clin d’œil à son ami Rudi. C’est l’un des artistes malmenés par la tristement célèbre policière matricule 728. Et aussi, celle-là : Châtelaine ?