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La séparation

Elle est forte, elle est brillante, elle gère une ribambelle d’enfants tout en menant une carrière exigeante. Elle a vécu une séparation, il y a deux ans. Voici son témoignage, touchant, juste, sans détour, comme elle. 

Quand le père de mes trois filles m’a annoncé qu’il me quittait, ma vie s’est écroulée. Mon idéal, mes rêves, mon avenir, tout disparaissait, en un instant.

Le pire, ensuite, c’est que la destruction du monde, tel qu’on le connaît, ne s’arrête pas là, puisqu’on finit par perdre des amis, puis la famille du conjoint et, finalement, on vit l’apogée du désastre : la séparation d’avec les enfants. Quand j’ai accouché, je me réjouissais de vivre chaque instant de leur vie avec eux ; je savais qu’un jour, ils grandiraient et partiraient de la maison, mais je prévoyais ce départ, dans un avenir très lointain. La réalité de la séparation nous place devant l’évidence : je devais leur permettre de voir leur père, figure tout aussi importante, dans leur vie. On m’arrachait mon âme.

Les premiers temps, je n’ai fait que pleurer. Qu’est-ce que c’est que cette vie, qui permet de vivre un tel bonheur, puis qui te le reprend aussitôt? J’avais le cœur en miettes, chaque fois que mes trois enfants partaient. J’errais dans la maison, écrasant ma peine sur les murs. Au moment de leur départ, le corps secoué de sanglots, je me réfugiais dans un coin de leur chambre avec leurs « doudous » et je pleurais, le nez collé sur la douce flanelle de leurs couvertures. Je criais, profanais, hurlais, jusqu’à l’épuisement.

Avec la séparation vient également le regard des autres. Celui qui est voyeur et qui veut tout savoir sur ce qui s’est passé ; l’indifférent, celui qui « t’encourage » en te disant qu’il y a pire que ça, dans la vie ; le sceptique, celui qui se demande ce que tu as fait (ou pas) pour que le père de tes enfants « sacre » son camp, comme ça, en te laissant un bébé de 15 mois, dans les bras. Puis, un jour, tu entends : « Ah! ben, moi, je n’aurais pas réagi de même, à ta place. » Bien oui, toi, me semble.

Je lui en ai voulu longtemps. Je lui en veux encore parfois. En fait, je lui en veux de n’avoir pas su me communiquer clairement sa détresse, d’avoir abandonné le défi que nous nous étions lancé, des années auparavant : celui de fonder une famille unie.

Aujourd’hui, je vous avoue secrètement qu’il n’y a pas que de mauvais côtés à la séparation. En effet, lorsque je retrouve mes enfants, c’est toujours avec énergie et bonheur! Le temps que je passe seule ou avec mon nouveau conjoint, je le consacre à mes besoins, mes envies, mes folies… Quelle maman à temps plein peut se vanter d’avoir la même liberté? De plus, le couple que nous formons, mon nouveau conjoint et moi, a beaucoup plus de chances de durer qu’un couple-parents-à-temps-plein. Encore une fois, le privilège d’être amoureux, la moitié du temps, permet de nourrir la relation de couple et de s’y consacrer pleinement.

Je n’irai pas jusqu’à conseiller de se séparer pour réussir son couple ou être un meilleur parent, mais je serais curieuse de lire les statistiques, dans 20 ans… Peu importe, malgré tout, je crois très fort à ce nouveau bonheur, qui émerge, et aux leçons apprises, lors de cette épreuve : communiquer nos besoins, nos envies, nos déceptions, toujours au « je » et toujours de manière constructive.

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