Je vous lis depuis 40 ans. Et j’avoue que ça ne vous est pas arrivé très souvent. Mais ce matin (Chasse à l’homme), vous êtes dans le champ. Parce que, tout simplement, vous n’avez pas la moindre idée de ce dont vous causez.
Non, tous les hommes ne sont pas des violeurs. Mais toutes les femmes, ou presque, ont vécu au moins un incident qui leur a fait comprendre une chose : elles sont des proies potentielles. Ici à Châtelaine, nous avons fait l’exercice l’autre matin. Ensemble, 19 femmes adultes cumulent 6 agressions sexuelles réelles et 63 incidents vraiment désagréables, 63 fois où on se dit «là, je suis dans la merde. Là, ça va dégénérer.»
Combien de fois dans votre vie, monsieur Foglia, avez-vous eu peur, vraiment peur ? Pas qu’on s’en prenne à votre vélo ou à votre portefeuille. Pas qu’on vous donne une gifle ou un coup de poing mais qu’on vous descende votre pantalon pour vous enculer ?
C’est bien ce que je pensais. Vous ne savez pas de quoi vous causez.
Tous les hommes ne sont pas des violeurs. Mais toutes les femmes, ou presque, ont peur. Pas besoin qu’il y ait 40 000 lions dans la savane pour changer le comportement de la gazelle. C’est ce que vous ne comprenez pas. Les femmes ont l’inconscient d’une biche. Une peur chevillée si profondément qu’elles sont incapables d’imaginer la vie sans elle. La peur comme un sabot de Denver.
Je connais assez votre détestation de la délation. Je la partage. Mais avez-vous remarqué que les femmes qui se sont exprimées via Twitter n’ont, à ma connaissance, dénoncé personne. Elles dénoncent un état de fait. À la limite, elles dénoncent leur propre silence.
«C’était pas faux. Je me suis permis de l’envoyer chier quand même», écrivez-vous ce matin à propos d’une de vos connaissances. Elle ne l’a peut-être pas fait alors je le fais à sa place: je vous rends la politesse, cher Foglia.