Chroniques

Deux pieds, une bottine

Pas bonne en sport? Pas grave.

Photo : Moof/Cultura/Corbis

Photo : Moof/Cultura/Corbis

Les maths ou le dessin ? Le français ou l’éducation physique ? À l’école, chaque enfant a sa bête noire.

Être peu douée pour une activité est le moyen le plus sûr de la détester et de la fuir autant que possible. Et donc de rester poche.

J’étais bonne en français, nulle en récréation. Aucun talent, la vision d’une taupe, la souplesse d’un deux par quatre. Et zéro pour la confiance. Le ballon – chasseur, de basket, de volley – me terrorisait. Une paire de patins, une raquette ? Au secours… Résultat : je suis arrivée à l’âge adulte avec des diplômes plein mes poches et les deux pieds dans la même bottine.

Une bordée de neige a changé ma vie. Elle avait enseveli l’entrée de garage chez un ami d’université pendant que nous, sa joyeuse bande de copains, étions occupés à faire du bruit et du bordel dans la maison de ses parents. Tard dans la nuit, j’ai eu besoin d’air. Je suis sortie. La neige était là. La pelle aussi.

Au petit matin, j’étais en sueur et en manches courtes ; l’entrée était dégagée et moi j’étais heureuse, pour la première fois depuis longtemps. Je venais de découvrir que l’effort physique, c’est très l’fun —  et que c’est un antidépresseur puissant.

Malgré la peur et la « poiritude », j’ai eu envie de pousser l’expérience. Pour le plaisir, simplement. Partie en retard de 20 ans sur tout le monde, je ne serais jamais championne de rien. Pas grave.

J’ai commencé à essayer. À chausser des skis de fond. À tenter ma chance au tennis (une catastrophe…), à faire une folle de moi sur une planche à voile — j’étais nulle mais qu’est-ce que j’ai ri !

Et j’ai eu une révélation : être nulle sur un terrain de basket ne veut pas dire être nulle dans la vie. J’étais poire, mais j’avais mes raisons ; quiconque aurait vécu ma vie aurait été poire aussi.

J’ai pris un abonnement dans un gym. Essayé l’aérobie, la course, la danse, la boxe. Pas bonne ? Pas grave. J’ai continué, me suis amusée, améliorée. Oui, j’ai perdu du poids, oui, j’étais plus en forme et dormais mieux. Mais surtout, ma poire intérieure a fait place à une femme libérée d’un complexe d’enfance, confiante dans sa capacité d’apprendre, plus préoccupée par son bonheur que par le jugement des autres. Quelle libération !

Le boulot, la famille, la Vie la vie… La paresse un peu aussi, j’ai arrêté de faire du sport quelques années. Jusqu’à ce coup de fil de Vélo Québec qui invitait une journaliste de Châtelaine à un de ses voyages. Je n’avais jamais pédalé plus de 20 kilomètres sur mon bécyk-trois-vitesses-avec-un-panier-en-avant mais me suis proposée. Vous pouvez lire le résultat ici.

Je me suis découverte autant que j’ai découvert la Toscane. Et je peux vous le confirmer : si moi j’ai été capable, tout le monde est capable.

Il y a, dans l’équipe de Châtelaine, deux filles qui ont décidé de relever un défi bien plus audacieux que le mien : elles sont membres d’une équipe de huit personnes qui, à relais, courra entre Montréal et New York en mai. Chacune fera 84 kilomètres en une fin de semaine. Et vous savez quoi ? En ce moment, elles sont un peu stressées. Elles se croient fatiguées par l’entraînement. Peut-être bien. Mais ce qu’elles ne semblent pas remarquer, c’est qu’elles sont surtout resplendissantes.

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