J’ai passé les deux dernières semaines loin du tumulte, loin de Twitter, Facebook, des conversations virtuelles; je répondais à mes courriels de façon très spartiate. À la campagne, nous avons installé Internet pour que je puisse travailler, mais le service satellitaire est sujet à de brusques changements d’humeur, selon la météo et la vitesse des vents. Ça relativise tout.
Changer de rythme, de vitesse, me permet de fixer l’écran en attendant qu’un miracle se produise et c’est un retour à la méditation pour moi. Finalement, peut-être que nous n’installerons jamais la haute vitesse qui n’est pas disponible pour l’instant dans notre patelin. Je n’ai jamais été plus calme que nourrie par cette attente (bien involontaire de notre part). L’anxiété qui accompagne le sentiment d’urgence et l’obligation de répondre aux besoins URGENTS de tout un chacun s’est évanouie. Mon pouls a retrouvé sa vitesse normale. J’avais oublié ce que c’était que d’être branchée sur un rythme plus naturel.
Je ne vous ferai pas le coup du murmure du vent dans les arbres et des ti-zoizeaux qui font cui-cui. Non. Je me dis pourtant que ne rien faire, ces deux-trois minutes que prend mon ordi à télécharger une info, me permettent de suspendre le temps, de respirer, de « faire » autre chose, de ne pas accorder autant d’importance à toute cette conversation en continu avec de purs étrangers. Toute la frénésie, toute la mécanique déclenchée par le moindre « bip » est plus futile et dommageable que nous ne le pensons. Et nous sommes les proies fragiles d’une toile d’araignée qui se referme sur nous.
Ne me reste plus qu’à convaincre les enfants (comme disait je ne sais plus quel écrivain), que je travaille lorsque je regarde par la fenêtre…
Et de faire comme le moine Thich Nhat Hanh: j’inspire, je me calme; j’expire, je souris.