La cérémonie d’hier après-midi était touchante. Vous étiez quelques centaines à vous être déplacés pour assister à la « perte des eaux ». Bleu est à l’eau. ET il n’a pas coulé. Maintenant, il va rester le baptême dans trois semaines à Gaspé et le départ dans moins de deux mois à Québec. Deux mois, ce n’est pas beaucoup pour qu’un bébé fasse ses nuits.
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La marraine s’est fendue d’un discours que voici: JE NE SAIS PAS S’IL VOUS EST SOUVENT ARRIVÉS D’ASSISTER À LA NAISSANCE D’UN VOILIER. MOI, C’EST LA PREMIÈRE FOIS. ET C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE JE VOIS DES GARS « PERDRE LEURS EAUX ». ET C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE JE SUIS MARRAINE. À PLUS FORTE RAISON D’UN BATEAU, D’UN BÉBÉ AUX YEUX BLEUS OU D’UN PROJET EN GESTATION DEPUIS DEUX ANS. LES MARINS NE SONT PAS RAPIDES, QUE VOULEZ-VOUS, LEUR PARCOURS EST PLEIN DE NŒUDS ET DE VAGUES. MAIS QUAND ON REGARDE LE RÉSULTAT, ON SE DIT QUE ÇA VALAIT LE COUP DE LES ATTENDRE AU QUAI.
JE CONNAIS ÉRIC TABARDEL DEPUIS L’ÉTÉ DERNIER ET SON « BLEU » NOUS A TOUS DONNÉ ENVIE D’ALLER PLUS LOIN AVEC LUI… JUSQU’À SAINT-MALO, TIENS. Y’A DES GENS, COMME ÇA, QUI RÉUSSISSENT À VOUS EMBARQUER DANS LEUR RÊVE RIEN QU’AVEC UN SOURIRE.
DEPUIS UN AN, JE REÇOIS DES COURRIELS DE SON FIDÈLE COMPLICE, JEAN SYLVESTRE, QUI ME DÉCRIVENT SEMAINE APRÈS SEMAINE LES PROGRÈS DU BÉBÉ. ÇA DONNE DES MISSIVES DÉLICIEUSES, DU GENRE : « On arrive de l’atelier où on a fait une opération délicate au bateau. La tête en bas, dans un trou de un pied par trois, quatre de profond, les pieds en l’air à finir des joints d’époxy et de fibre de verre. J’ai scrapé une paire de bas, une paire de jeans, un chandail et je crois bien que j’ai aussi scrapé ma chevelure. Elle est pleine d’époxy. Je verrai demain, mais ça me prendra probablement un ébéniste pour me la couper avec une égoïne. »
LES MARINS, ÇA NE SE PLAINT JAMAIS, SAUF POUR FAIRE DE L’HUMOUR. JE NE SAIS PLUS COMBIEN DE FOIS JE LES AI CROISÉS, POUSSIÉREUX ET L’AIR HAGARD, À LA PIZZERIA DU MARCHÉ ATWATER, EN COMBIEN D’OCCASIONS J’AI ESSAYÉ DE LES RALENTIR DANS LEUR COURSE ET DE LES PERVERTIR. MÊME LE 31 DÉCEMBRE ET LE 1ER JANVIER, ÉRIC TABARDEL SNIFAIT DE L’EPOXY DANS SON ATELIER FRETTE ET BLANC COMME UN LAVABO. PAS MOYEN DE LE SORTIR DE LÀ, MÊME AVEC DES FORCEPS.
ILS SONT RARES LES MARINS QUI VENDENT LEUR DEMEURE SUR TERRE AFIN DE CONSTRUIRE LEUR MAISON EN MER POUR PARTICIPER À UNE TRANSAT. C’EST PRÉCISÉMENT CE QU’ÉRIC A FAIT AVEC L’AIDE DE SON ÉQUIPE. TOUT LE MONDE A ÉTÉ REMERCIÉ ICI AUJOURD’HUI, SAUF ÉRIC. JE VOUDRAIS LE REMERCIER À MON TOUR D’ÊTRE AUSSI INSPIRANT ET DE VOIR LOIN.
JE SUIS FIÈRE D’ÊTRE LA MARRAINE DE BLEU ET D’UN VOILIER QUI S’EST DONNÉ POUR MISSION D’ATTIRER L’ATTENTION SUR LA PROTECTION DES OCÉANS ET LA BEAUTÉ DE NOTRE FLEUVE SAINT-LAURENT. MAINTENANT QUE LA PATERNITÉ EST ÉTABLIE, NE RESTE PLUS QU’À RETROUVER LA MER. ET ELLE RECONNAÎT TOUJOURS SES ENFANTS LÉGITIMES.
JE VOUS FAIS LA BRISE À TOUS… ET COMME DIRAIT JEAN LEMIRE, LE PARRAIN ABSENT, BON VENT!
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