1) Avez-vous reçu des témoignages de victimes du trafic humain ?
Quand je suis allé en Inde, j’ai rencontré de très jeunes survivantes du trafic humain dans plusieurs maisons de refuge, dont celle qui m’a servi de modèle dans mon livre. Je n’étais pas autorisé à leur parler directement parce qu’elles étaient mineures, mais les gens formidables qui s’occupent d’elles m’ont raconté leurs histoires. J’ai aussi rencontré des rescapées de ce trafic aux États-Unis et lu des dizaines de rapports du monde entier.
2) Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de vos recherches sur le terrain, en Inde, avant d’écrire votre livre ?
Aller incognito dans des bordels de Mumbai a été une expérience que je n’oublierai jamais. J’ai été dégoûté de voir la façon dont les maquereaux traitent les filles. Pour eux, elles leur appartiennent.
Je ne suis pas resté assez longtemps dans ces endroits pour en apprendre davantage sur le passé des jeunes filles. Mais je savais, à cause de mes recherches, que la plupart venaient des campagnes indiennes et népalaises, qu’elles avaient été vendues par leur famille aux trafiquants sous le prétexte qu’ils pouvaient leur trouver un travail « honnête » à Mumbai, et qu’une fois prises dans ces filets elles ne pouvaient plus s’en dépêtrer. J’aurais voulu faire quelque chose pour les aider, mais je savais qu’intervenir les mettrait en danger, et moi aussi. Cette expérience, et d’autres encore, m’ont convaincu qu’il fallait que j’écrive cette histoire.
3) Croyez-vous que le trafic humain existe aussi au Canada ?
Le trafic d’êtres humains existe partout, dans tous les pays. C’est un problème majeur en Amérique du Nord, sauf qu’ici, c’est plus caché, car les lois qui combattent ce « commerce » sont plus efficaces que dans le tiers-monde. Néanmoins, ce trafic a bel et bien lieu au Canada – des médias l’ont démontré –, il réussit à passer sous le radar et à échapper aux forces de l’ordre. Partout où existe une demande de services sexuels rémunérés, on trouve des proxénètes qui contrôlent cette industrie, et la main-d’œuvre la moins coûteuse demeure l’esclave. Ce trafic est un crime, mais c’est une business et, à ce titre, elle fonctionne comme toutes les autres industries selon l’offre et la demande dans un monde sans foi ni loi.
Un extrait du livre du mois, à lire ici.