Club de lecture

4 romans sportifs

Pour prolonger le plaisir des jeux olympiques, on plonge dans la littérature sportive.

Pour prolonger le plaisir des jeux olympiques, on plonge dans la littérature sportive.


 

Le titre : Open

L’auteur : Andre Agassi

L’histoire : La biographie de l’un des plus grands joueurs de tennis de l’histoire. Un des seuls à avoir gagné les quatre tournois du Grand Chelem (Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon, US Open). Le livre s’ouvre sur son dernier match, alors qu’il a trente-six ans; ce qui est vieux pour un joueur de tennis professionnel. Open revisite à la fois son parcours d’athlète exceptionnel et d’être humain.

L’univers : Celui d’un rebelle surnommé le « Kid de Las Vegas » qui détestait tout décorum. Il a d’ailleurs été le premier à transgresser le très strict code vestimentaire de ce sport de raquette. Il portait des boucles d’oreilles, se teignait les cheveux de toutes les couleurs et refusait de s’habiller de blanc au célèbre tournoi de Wimbledon.

La voix : Celle d’un joueur pugnace, réputé pour sa persévérance, mais qui a longtemps entretenu une relation difficile avec le milieu et la pratique de son sport.

Les premières phrases : « J’ouvre les yeux et je ne sais plus où je me trouve, ni qui je suis. Rien d’exceptionnel à cela, j’ai passé la moitié de ma vie dans l’ignorance. Pourtant, cette fois, l’impression est différente. La sensation de trouble est plus angoissante. Plus totale. Je lève les yeux. Je suis étendu par terre à côté du lit. À présent je me souviens. J’ai quitté le lit pour m’allonger sur le sol au milieu de la nuit. Je le fais presque toujours. C’est meilleur pour mon dos. Dormir trop longtemps sur un matelas moelleux me cause des douleurs insupportables. Je compte jusqu’à trois et j’entreprends la manœuvre longue et difficile qui consiste à me mettre debout. Je tousse, je grogne, je me roule sur le côté, puis me recroqueville en position foetale. Je bascule enfin pour m’allonger à plat ventre. Maintenant, j’attends patiemment que mon sang se remette à circuler. Je suis un homme relativement jeune, si l’on peut dire. J’ai trente-six ans. Mais quand je m’éveille, j’ai l’impression d’en avoir quatre-vingt-seize. Après trente années passées à courir, à s’arrêter brutalement, à sauter très haut et à retomber durement au sol, mon corps n’est plus ce qu’il était, surtout le matin. Et mon esprit s’en ressent. Quand j’ouvre les yeux, je me sens étranger à moi-même, et encore une fois, si la sensation n’est pas nouvelle, elle est plus vive le matin. Je passe rapidement sur les éléments de base. Je m’appelle Andre Agassi. Ma femme s’appelle Stefanie Graf. Nous avons deux enfants, un garçon et une fille, âgés de cinq et trois ans. Nous habitons à Las Vegas, dans le Nevada, mais nous occupons actuellement une suite de l’hôtel Four Seasons, à New York, parce que je participe à l’US Open 2006. Mon dernier US Open. En fait, c’est mon tout dernier tournoi. Je suis joueur de tennis professionnel bien que je déteste le tennis, que je lui voue une haine obscure et secrète, et ce, depuis toujours. Tandis que ce dernier trait de mon caractère complète le tableau, je me mets à genoux d’un mouvement glissant et j’attends. »

La raison de le lire : Parce que c’est une histoire incroyable de surpassement. Parce qu’il y décrit plusieurs de ses plus grands matchs. Sur le plan psychologique, notamment.

En un mot : Spectaculaire.  

Éditeur : J’ai lu – 604 pages.


 

Le titre : Un privé à Babylone

L’auteur : Richard Brautigan

L’histoire : Un détective privé sans-le-sou et un brin looser doit trouver des balles pour son revolver afin de décrocher une enquête qui lui permettrait de se sortir enfin de la mouise. Mais comme il passe la majeure partie de son temps à rêver qu’il est une star de baseball à Babylone, en l’an 596 avant Jésus-Christ, il se retrouve toujours dans des situations sans queue ni tête.

L’univers : On baigne ici en plein polar métaphysique et sportif. Un privé à Babylone est un roman à part qui fait rire à haute voix. Un livre rare.

La voix : Surréaliste. Richard Brautigan est à la fois poète onirique et écrivain unique.

Les premières phrases : « Le 2 janvier 1942 m’a apporté de bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles. D’abord les bonnes nouvelles : j’ai appris que j’étais réformé comme caractériel et que je n’allais pas partir à la Seconde Guerre mondiale jouer le petit soldat. Je n’avais pas du tout le sentiment de manquer de patriotisme parce que j’avais fait ma Seconde Guerre mondiale à moi cinq ans plus tôt en Espagne et que j’avais deux trous de balle dans le cul pour le prouver. Je ne comprendrai jamais pourquoi je me suis fait tirer dans le cul. De toute façon, ça ne fait pas une histoire de guerre formidable. Les gens ne vous considèrent pas comme un héros quand vous leur racontez que vous vous êtes fait tirer dans le cul. Ils ne vous prennent pas au sérieux; enfin, moi, je ne m’en faisais plus pour ça. La guerre qui commençait pour le restant de l’Amérique était terminée pour moi.

Les mauvaises nouvelles maintenant : je n’avais pas de balles pour mon pistolet. Je venais de décrocher une affaire pour laquelle il me fallait mon pistolet, mais je n’avais plus une seule balle. Le client que je devais rencontrer plus tard ce jour-là pour la première fois voulait que je vienne au rendez-vous avec un pistolet, et je savais que ça n’était pas un pistolet vide qui ferait l’affaire. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire? Je n’avais pas un sou vaillant, et on ne m’aurait pas fait crédit de vingt-cinq cents dans tout San Francisco. Il avait fallu que j’abandonne mon bureau en septembre, et pourtant, je ne le louais que huit dollars par mois; maintenant, pour mon travail, je me servais du taxiphone qui était dans le vestibule de l’immeuble miteux où je vivais, à Nob Hill, et où j’avais deux mois de loyer en retard. Je n’arrivais même pas à trouver trente dollars par mois. »

La raison de le lire : Parce que c’est une superbe porte d’entrée pour découvrir l’oeuvre de celui que l’on surnommait le dernier des beatniks. Parce que l’écrivain français Philippe Djian ne jure que par lui. Parce que l’auteur québécois Éric Plamondon lui a rendu un vibrant hommage dans Mayonnaise, un livre très brautiganesque.

En un mot : Tordant.

Éditeur :
10/18 – 246 pages.


 

Le titre : Petit éloge de la bicyclette

L’auteur : Eric Fottorino

L’histoire : Quand un passionné d’écriture rend hommage à son sport préféré, il le fait habituellement avec panache et sensibilité. C’est ce que fait l’écrivain et journaliste Eric Fottorino avec Petit éloge de la bicyclette. Un mini-livre qui revisite son enfance et ses passions pour le Tour de France et le monde de la course à vélo.

L’univers : Un voyage dans le temps en douze courts chapitres qui se tiennent par la main. Douze éloges exaltés qui donnent envie de prendre la clef des champs… sur un deux roues.

La voix : Tendre. Juste. Rythmée.

Les premières phrases : « Depuis toute la vie et pour toute la vie, je pédale. Sur les routes et déroutes qui vont de l’enfance à l’âge qu’on croit adulte, avec un petit vélo dans la tête qui n’en finit pas de me faire tourner en rond sur la terre toute ronde, comme si la vocation première de la bicyclette était d’arrondir les angles du monde. Tel Perec jadis dressait l’inventaire des lieux où il avait dormi, je pourrais fournir la liste des routes et chemins sur lesquels j’ai roulé. Routes ventées de Vendée, routes pentues de la Chalosse et plus encore des Pyrénées, routes un peu vagues de l’Atlantique, parfois dans le froid, parfois sous les hachures de la pluie, souvent aussi dans le soleil dont l’aiguille des rayons venait et vient encore se prendre dans le cerceau de mes roues, bien plus brillantes que le coureur que je ne suis plus, sauf en rêve. Mon parcours cycliste est une ligne de vie sur une machine à remonter le temps. Plus je pédale, plus je me souviens. C’est une des magies de la bicyclette que de me ramener en arrière pendant que j’avance, pas toujours très vite, mais avec entrain. Éloge premier, fondateur, éternel : le vélo est un jeu d’enfant qui dure longtemps. Je me revois sur des bécanes trop grandes pour moi, selle trop haute, guidon trop loin m’obligeant à prendre la ridicule position du crapaud sur une boîte d’allumettes. Je me revois essoufflé, mordant l’air de la liberté, le laissant pénétrer jusqu’au fond de mes poumons. Sur le vélo grésille une bien nommée roue libre dont l’apaisante musique ne me quitte pas, même quand je redeviens piéton, sédentaire, immobile et prisonnier du temps des autres. »

La raison de le lire : Parce qu’il fait partie de ces petits livres que l’on retrouve aux caisses de nos libraires préférés et qu’on a toujours envie d’acheter. Parce qu’il est court et ne coûte trois fois rien. Parce que même un néophyte a envie de sauter sur son vélo, une fois le livre refermé.

En un mot : Inédit.

Éditeur : Folio – 136 pages.


 

Le titre : Rafa

Les auteurs : Rafael Nadal et John Carlin

L’histoire : À travers trois grands matchs clefs de son ascension, Rafael Nadal partage ses réflexions et des anecdotes avec la sincérité qu’on lui connaît. C’est l’histoire d’un travailleur acharné doté d’une force mentale incroyable.

L’univers : Celle d’un garçon qui manque de confiance en lui, se sent inadéquat dans tout, mais qui se transforme en superhéros sur le terrain grâce au soutien de son cocon familial.

La voix : La narration est divisée en trois voix. Il y a celle de Nadal, celle de son biographe (plus factuelle) et celles de ses proches (plus fraternelles).

Les premières phrases : « Le silence, c’est ce qui frappe quand on joue sur le court central de Wimbledon. On fait rebondir la balle de haut en bas sur le gazon souple, on la lance pour servir, on la frappe et on entend l’écho de la frappe. Et ainsi de chacune des frappes qui va suivre. Clac, clac; clac, clac. L’herbe bien tondue, le poids de l’histoire, l’ancienneté du stade, les joueurs vêtus de blanc, le public respectueux, la vénérable tradition – pas le moindre panneau publicitaire en vue –, tout concourt à vous éloigner et à vous protéger du monde extérieur. J’aime cette sensation; la cathédrale de silence du court central favorise mon jeu. Car mon principal souci, lors d’un match de tennis, est de faire taire les voix en moi, de ne garder en tête que le point que je suis en train de jouer et rien d’autre, et de concentrer jusqu’à la plus infime parcelle de mon être sur ce point. Si j’ai fait une faute sur le point précédent, il me faut l’oublier; si la moindre pensée concernant une victoire se présente à mon esprit, il me faut la rejeter. Le silence du court central est rompu par une vaste clameur lorsqu’un point est gagné – si toutefois c’est un beau point, car le public de Wimbledon sait faire la différence; applaudissements, acclamations, les gens crient votre nom. Je les entends comme si c’était très loin. Je n’ai pas conscience que quinze mille personnes se pressent autour de l’arène, attentives à chacun de mes mouvements ainsi qu’à ceux de mon adversaire. Je suis tellement concentré que j’oublie complètement les millions de spectateurs du monde entier qui peuvent m’observer, ainsi que cela s’est produit lors du plus grand match de ma vie, la finale de Wimbledon, en 2008, qui m’a opposé à Roger Federer. »

La raison de le lire : Pour sa structure narrative qui fait tourner les pages comme un thriller. Parce qu’il permet de découvrir les racines exceptionnelles d’un champion.

En un mot :
Fascinant.

Éditeur : JC Lattès – 318 pages.

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