L'édito

Cause toujours

L’édito du mois d’Avril 2012.

« Fais ce que je dis, fais pas ce que je fais, ou comment nous en sommes venues à oublier notre rôle de modèles. »

Qu’ils habitent sous notre toit ou à l’adresse d’à côté, « nos » enfants se nourrissent de nos discours, de notre bonne volonté… et de nos nombreuses contradictions! Jour après jour, nous leur transmettons connaissances, valeurs, principes. La portée de nos messages est immense.

« Respecte-toi et respecte ceux qui t’entourent », leur répétons-nous, bien calées dans le canapé, en écoutant la dernière téléréalité. Sous leurs yeux, des concurrents s’affrontent dans la mesquinerie, critiquant le look de l’une et la diction de l’autre. « Encore un effort, t’es capable », ajoutons-nous, nous plaignant du même souffle de la quantité de devoirs à l’agenda cette semaine. Quand l’enseignant de Junior nous interpelle au sujet de la piètre performance de celui-ci au dernier examen, nous répliquons. Les questions devaient être beaucoup trop difficiles, la matière, mal expliquée. « Tu es beau, tu es belle. Prends soin de ton corps », martelons-nous, en scrutant notre postérieur dans le miroir, pour mesurer l’effet de notre nouveau pantalon. Avant de déclarer que les frites, c’est fini, que ça fait engraisser. « Ne parle pas aux inconnus dans la rue », clamons-nous, avec raison, depuis des années. Or, depuis quelque temps, nous répétons ce mantra les yeux rivés sur l’écran de notre portable, en téléchargeant nos dernières photos de famille. Quelques heures plus tard, les amis de nos « amis » admirent Mathilde en maillot de bain et Julien les fesses à l’air. Drôle d’époque…

Nos enfants apprennent par l’exemple. Tout le monde sait ça, me direz-vous. Pourtant, il m’arrive de plus en plus souvent de penser que cette évidence, nous l’avons oubliée quelque part en chemin. En théorie, nous avons tout bon. Nous connaissons les grands principes éducatifs, nous parcourons les plus récents essais des gourous de l’éducation, nous racontons notre vie de famille sur toutes les tribunes, partageant expériences et impressions. On parle, on lit, on échange. Mais nos actions suivent-elles? Ma grand-mère, une femme de gros bon sens, disait : « Faut que les bottines suivent les babines. » Une façon rustique de remettre à leur place les grands parleurs, petits faiseurs.

Certes, nos beaux discours ne peuvent pas nuire mais, sans mise en application, ils ont bien peu de résonance. Brillants, nos enfants auront vite fait de remarquer l’incongruité de nos messages. Et de nous mettre devant nos paradoxes.

Accepter de se faire photographier avec son enfant pour un magazine comme Châtelaine exige mûre réflexion. Montrera, montrera pas? Catherine Trudeau, notre pétillante cover-girl, a jonglé pendant plusieurs jours avec cette question, avant de décider de nous en laisser voir « juste assez ». Juste assez pour qu’on puisse sentir l’amour filial, la tendresse, la douceur de vivre. Mais pas trop, pour préserver son petit loup des regards inquisiteurs. La maman que je suis a adhéré à sa vision. Respect, gros bon sens, intimité, intégrité. Des valeurs qu’on peut revendiquer à tout vent, mais qu’il est bien plus pertinent d’appliquer discrètement.

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